Mondial de handball : le Qatar n’a pas tout perdu


Après avoir brillamment mis en échec le Qatar à domicile, l’équipe de France de handball a remporté dimanche son cinquième titre de champion du monde. En quelques années, les joueurs de Claude Onesta ont tout gagné, mais perdu un homme : Bertrand Roiné. Sacré champion du monde en 2011 avec les Bleus, ce natif du Maine-et-Loire a joué les trouble-fête en bataillant aux côtés des adversaires qataris de la France. Sa carrière tricolore terminée, Roiné a en effet tout bonnement tourné casaque pour se donner au Qatar.

On comprend mieux la difficulté des locaux à s’identifier à l’équipe nationale du Qatar, aussi qatarie que le PSG. Seul le capital est bordeaux et blanc, les couleurs de l’émirat. Le sélectionneur, Valero Rivera, champion du monde en 2013 avec l’Espagne, a fait ses emplettes dans le monde entier: Espagne, Cuba, Bosnie, France, Serbie, Tunisie et même… Qatar. Bref, on ne sait si ce sont les « vamos Qatar » du public, la complaisance de l’arbitrage ou le niveau de l’équipe qui a emmené le pays hôte en finale.

On pensait avoir touché le fond avec ce championnat du monde du fric : supporteurs européens sélectionnés et payés pour remplir les salles vides de Doha, un match d’ouverture où les quelques qataris s’en vont à la mi-temps. Mais notre Judas du hand en a remis une couche en se confiant au journaliste du Monde, Henri Seckel : il avoue timidement ne pas se sentir qatari et simplement se consacrer à la compétition internationale. C’est beau une telle passion du sport ! « Je prends souvent cet exemple, avoue le handballeur sans frontières : vous travaillez dans une usine, l’usine d’en face fabrique exactement les mêmes produits, et on vous dit qu’on va vous donner deux fois votre salaire ; vous restez, ou vous changez d’usine ? » Eh oui, à 100 000 euros la prime de victoire, cela vous fait relativiser votre amour de la Patrie…

Interrogé sur l’hymne national qatari chanté la main sur le cœur à chaque début de rencontre, Bertrand Roiné répond sans rougir: « On nous a dit : « Ce serait bien que vous appreniez l’hymne, pour le pays, pour le cheikh. » Nous, on ne voit pas le mal. C’est bien, on chante tous ensemble, même si on est d’origines différentes. » L’émirat se serait-il converti à la nation civique chère aux républicains français ? Que nenni, « le temps des compétitions, on échange les passeports : je donne mon passeport français, et j’ai un passeport qatari. La nationalité ici, tu ne peux pas l’obtenir comme ça, c’est compliqué », explique Roiné. Bref, la nationalité qatarie ça se mérite. Vous pouvez suer pendant des années  comme n’importe quel ouvrier philippin, ce n’est pour autant qu’on reconnaîtra vos services.

Une équipe faite de bric et de broc, avec des mercenaires du monde entier financés par de l’argent qatari, cela ne vous rappelle rien ? Ne pensez pas à l’Etat islamique, ce ne serait pas très fair-play…



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est responsable des questions internationales à la fondation du Pont neuf.

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