Contre l’islamisme, une seule allégeance: la nation


Contre l’islamisme, une seule allégeance: la nation

daech ecole islam education civique

Après les attentats du 13 novembre, nous avons pris  conscience d’un vide en France. Un manque de communion, l’absence d’un sentiment d’appartenance que nous avons appelé de nos vœux et retrouvé dans le deuil, mais que nous avions perdu au quotidien. C’est ce manque qui a laissé éclore et prospérer le radicalisme religieux. Ecrivons-le tranquillement : notre ennemi s’appelle le radicalisme islamiste. Il est devenu évident que la France s’est montrée trop laïque avec l’Etat, et pas assez avec les religions, et particulièrement la dernière arrivée, à savoir l’islam. Ce faisant, nous n’avons plus fait nation, et plus fait société.

La religion catholique, par la coercition législative, est devenue ce qu’elle doit être : un corpus de croyances et de pratiques compatibles avec le régime républicain, sans statut ni revendication politiques. C’est maintenant à l’islam de faire cette mue, y compris par une coercition identique. Nous pensions disposer d’outils législatifs suffisants. La laïcité est inscrite comme principe constitutionnel depuis 1946 et 1958, mais ne nécessite aucune adhésion active des citoyens pour être appliquée. La loi de 1905 s’avère hélas trop poreuse. Parce que des lois, pour inscrites dans le marbre qu’elles soient, restent largement tributaires des hommes chargés de les faire respecter.
Lors de l’affaire Baby-Loup, la Cour de Cassation avait heureusement servi de supplétif à un personnel politique et à des intellectuels d’une grande lâcheté. Il n’y a guère eu qu’Elisabeth Badinter qui se soit montrée à la hauteur des événements.

En vérité, la France a oublié de faire aimer la patrie et la République telle qu’elle s’incarne dans un territoire.L’école est gratuite, laïque et obligatoire depuis 1882. L’application de la laïcité, qui voulait mettre autant à distance le religieux que l’Etat, n’a fait reculer que le culte de l’Etat, là où on percevait le patriotisme comme aussi obscurantiste que la religion.
Nous avons par exemple remisé au rang de folklore le baptême républicain. Nos pudeurs excessives le font appeler maintenant baptême civil. C’est pourtant une très belle cérémonie dirigée en général par le maire et au cours de laquelle marraine et parrain s’engagent à élever leur filleul dans le culte de la raison.

La nature a horreur du vide et le consumérisme ne nourrit plus son homme. Il existe un besoin qu’Abdennour Bidar nomme « besoin indépassable de spirituel ». Je préfère personnellement mettre en avant la nécessité d’une transcendance qui permette de faire nation. Le vivre-ensemble et son relativisme culturel, chacun de son côté du périphérique, ont assez vécu. Il est urgent de se montrer plus laïc avec l’islam et moins avec l’Etat. Cela demande un effort politique, déjà accompli en 1905 vis-à-vis de l’Eglise catholique. Précisons que la séparation des cultes et de l’Etat, la laïcité, n’aurait jamais du empêcher que les valeurs de la République ne soient promues activement au sein des institutions de l’Etat comme l’école. Une triangulation mortifère s’est faite entre ce vide politique, le prosélytisme religieux d’ambassadeurs des théocraties pétrolières, l’assignation à résidence de populations devenues ethniquement et religieusement homogènes, assignation que les élus des quartiers, droite et gauche confondues, ont favorisée, y voyant le moyen de s’assurer des clientèles captives. Ces élus ont laissé les prédicateurs remplacer les grands frères.

Une solution prétendait être apportée avec la mise en œuvre de l’Enseignement Moral et Civique dès cette rentrée, en lieu et place de l’Education Civique. Dans un paradoxe typiquement socialiste, ce programme s’avère très insuffisant et prétend prendre la place des parents dans la transmission de pratiques élémentaires comme l’hygiène corporelle, tout en se gardant bien de transmettre un commun politique, de nourrir un patriotisme que l’Etat peut en exiger comme élémentaire contrepartie à ce service public gratuit. Un exemple de ce mouvement de balancier : dans le cycle 4 (c’est –à-dire celui qui concerne les niveaux de 5ème, 4ème, 3ème), on trouve les indications suivantes dans la séquence nommée la sensibilité : soi et les autres.

Connaissances, capacités et attitudes visées

Objets d’enseignement

3/a – Comprendre la diversité des sentiments d’appartenance civiques, sociaux, culturels, religieux

– Expressions littéraires et artistiques et connaissance historique de l’aspiration à la liberté.

– La francophonie.

– Sentiment d’appartenance au destin commun de l’humanité

Notons le relativisme qui fait placer le sentiment civique au même niveau que les autres. À aucun moment n’apparaît la nécessité de faire comprendre que le sentiment d’appartenance religieux, pour légitime et fort qu’il soit, est inférieur en droit et en exposition publique au sentiment d’appartenance nationale.

Hélas, le programme  passe de ce morcellement des identités particulières à l’universel. Culpabilité postcoloniale ? Volonté de maintenir la paix sociale ? Quand nos élus et nos élites comprendront-ils que notre neutralité passe pour de la faiblesse, une désertion face aux prédicateurs enrôlant une armée de conquête ? Que la démocratie ne doit pas être un régime faible ?

La structure presbytéro-synodale de l’islam soulève des problèmes, faute de clergé et de hiérarchie capable de chasser les brebis galeuses. L’Etat doit donc intervenir et sa capacité coercition relève de ses missions régaliennes. Car la liberté ne signifie pas faire n’importe quoi, ou laisser faire ces prêcheurs de haine, mais avant tout obéir à la loi qu’on se donne démocratiquement.  Loin du relativisme cultuel, il faut retrouver l’exigence républicaine. Et poser aux habitants la question de l’allégeance. Quel gros mot j’emploie ici, qui fera hurler les gaucho-extrémistes. L’allégeance que le Larousse définit comme l’« obligation de fidélité et d’obéissance qui incombe à une personne envers la nation à laquelle elle appartient et le souverain dont elle est sujette. Manifestation de soutien, voire de soumission envers quelqu’un, un groupe ».

J’ai d’ailleurs pris l’habitude de dire à mes élèves de REP, qui n’ont que le bled à la bouche, qu’ils devaient à tout le moins respecter la France, ou la quitter. Ils sont fils de Français, petits-enfants d’immigrés, et pourtant s’embourbent dans un statut d’extra-territorialité. Ils se sentent prisonniers d’un conflit de loyautés, pensant trahir un pays qui n’est pas le leur s’ils admettaient aimer la France. Puisque ce sentiment naturel n’est pas spontané, il faut l’enseigner. Ce bled qu’ils mythifient, ils ne le connaissent que le mois d’été, en vacances, avec un niveau de vie français. C’est eux qu’il faut réconcilier avec ce qu’ils sont : Français. C’est une question qu’il faut poser aux candidats à la naturalisation, mais aussi à ceux « qui se sont donnés la peine de naître » en France. « Gaulois » ou fils et descendants d’immigrés. La verbalisation de cette allégeance permettra de métaboliser les distances, les rejets et de dédramatiser le fait, si naturel dans d’autres pays, d’aimer sa patrie.

*Photo: pixabay.



Vous venez de lire un article en accès libre.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !

Article précédent Attentats: la jauge des émotions
Article suivant «Alerte anthrax» à la grande mosquée de Bruxelles
est secrétaire nationale du Mouvement républicain et citoyen.

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Le système de commentaires sur Causeur.fr évolue : nous vous invitons à créer ci-dessous un nouveau compte Disqus si vous n'en avez pas encore.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération