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Qu’elle était verte ma Voynet…


Qu’elle était verte ma Voynet…

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On le sait, la ministre écolo du Logement se verrait bien maire de Paris en lieu et place d’Anne Hidalgo, la successeuse adoubée par Bertrand Delanoë. De quoi alimenter la réputation de sale gosse un rien ingrate de Cécile Duflot, puisque c’est uniquement grâce au bon vouloir de Solferino, et contre l’avis des militants locaux du PS, que l’ancienne conseillère municipale de Villeneuve Saint-Georges s’est retrouvée propulsée députée de Paris aux dernières législatives.
Mais depuis cette bonne manière socialiste, beaucoup d’eau phosphatée a coulé sous le pont de l’Hôtel de Ville, et Cécile, à défaut d’annoncer fort et clair sa décision de briguer le fauteuil de Bertrand, n’en finit pas de multiplier les déclarations de non-non-candidature, du genre de celle qu’elle a faite ce week-end au JDD : « Rien n’est exclu », « Je n’ai pas pris de décision », « Quand je ne dis pas que les choses sont exclues, c’est qu’elles ne le sont pas ». Bref, la page de l’écolo chévriculteur ardéchois a beau avoir été tournée au profit du webdesigner éthique d’Oberkampf, la mode verte hiver 2013 reste aux gros sabots.
Alors bien sûr, au PS, on pousse des cris de putois (un animal sympathisant, puisqu’il a été injustement inscrit par un gouvernement de droite rétrograde sur la « Liste nationale d’espèces susceptibles d’être classées nuisibles »). Et curieusement, cette réprobation socialiste des ambitions parisiennes de l’ex-patronne d’EELV vient de recevoir le soutien inattendu d’un autre éléphant vert : Dominique Voynet, interrogée sur cette chicaya en gestation, a fermement pris le parti des légitimistes pro-Hidalgo en tançant sa propre camarade devant les caméras de France 2 : « Je pense qu’il ne faut pas courir trop de lièvres à la fois. Cécile Duflot est jeune, elle a un énorme avenir devant elle parce qu’elle est très bonne et très brillante, elle doit réussir ce qu’elle fait au gouvernement, c’est vital pour nous ».
Cette déclaration appelle plusieurs réflexions de ma part.
Primo, à l’instar d’un artisan vosgien dont je vous causais pour la Saint-Valentin, Dominique Voynet privilégie le développement durable en maniant exclusivement la langue de bois, un hommage sans doute à ses racines jurassiennes – et non jurassiques, comme pourrait le laisser croire cette séniorophobe de Cécile.
Secundo, ce soudain revirement de Voynet à l’esprit de responsabilité qui sied à tout dirigeant d’un parti de la majorité présidentielle n’est peut-être pas totalement étranger à la situation actuelle de la maire de Montreuil : dans sa propre commune, Razzy Hammadi, un député socialiste survolté – et élu l’an dernier contre le sortant PC avec le soutien de Dominique !- rêve tout haut de s’emparer de l’Hôtel de Ville. Bref, le même scénario « Pousse-toi de là que je m’y mette » que dans la capitale, sauf que le PS et les Verts ont interverti leurs rôles de sortants outragés et de challengers affamés. Autre différence notable, à Montreuil, Razzy a beaucoup plus de chances d’emporter la mairie que Duflot à Paris. Et de fait, seul un soutien total de la direction nationale du PS pourrait sauver la tête de Dominique Voynet. Ceci explique peut-être cela…
Ma dernière réflexion est un message perso à Dominique et à ses communicants pour les enjoindre à mieux choisir leurs métaphores : quand on est écolo pur sucre (de canne non raffiné qui ne fond pas, même au bout de trois de heures de remuage, dans la tasse de thé bio issu du commerce équitable), on ne court ni un, ni deux, ni plusieurs lièvres à la fois. On ne chasse pas, point barre. Et ce d’autant plus, chère Cécile, chère Dominique, que chacun sait que qui va à la chasse…

*Photo : philipperouget.



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