Ne pas jeter de l’huile sur le feu…


Quelle ne fut pas ma stupéfaction quand j’entendis au premier étage du Flore un écrivain, par ailleurs aussi un ami pour autant que cela soit compatible, me dire qu’après tout les dessinateurs de Charlie l’avaient sinon mérité, du moins bien cherché.
Sachant qu’il n’apprécie guère plus l’Islam que moi, je cherchais à en savoir plus. Il se déroba. Il avoua finalement que son confort personnel (ce que les artistes nomment pompeusement : leur œuvre) lui importait plus que le destin du monde.
La discussion aurait pu s’arrêter là. Mais quand il ajouta : « Il ne faut surtout pas jeter de l’huile sur le feu » et qu’il me traita de type belliqueux qui jouit sexuellement des conflits qu’il provoque et qu’il mit en cause un mensuel dirigé par Elisabeth Lévy auquel mon nom est parfois associé, je me demandai si ce qu’il fallait déplorer le plus était son aveuglement ou sa lâcheté.

« Ne pas jeter de l’huile sur le feu » : aucune expression ne m’agace plus. Elle signe une forme d’asservissement volontaire qui va de pair avec un pacifisme mou et la fin de toute pensée. Mon ami m’expliqua ensuite, comme si je n’en avais jamais eu la moindre conscience, que tout est plus compliqué qu’on ne l’imagine, qu’il ne faut pas avoir une vision du monde en noir et blanc et que respecter les croyances et les valeurs de chacun est un impératif que je devrais respecter. Je sais par ailleurs qu’il enseigne aussi à Sciences Po. Le Barbare que je suis songe dorénavant à s’y inscrire une seconde fois pour mieux comprendre comment la morale s’est substituée à la politique, le droit-de-l’hommisme à la Realpolitik. Et surtout pourquoi, comme le suggère le rapport Conesa (Pierre Conesa est un ancien haut fonctionnaire au ministère de la Défense) « la France doit désormais assumer qu’elle est un pays musulman et revendiquer un siège à l’Organisation de la Conférence Islamique ».

Peut-être, mais j’en doute fort, en viendrais-je même à ne pas trouver abject le Manifeste des cinéastes et artistes anglais (dont Ken Loach et Mike Leigh) invitant à boycotter Israêl, ainsi que tous les festivals où des films Israéliens seraient présentés. Car il va de soi que s’il y a un pays qui jette de l’huile sur le feu dans le paisible monde arabe en refusant un État palestinien, c’est bien ce surgeon du nazisme implanté au Proche Orient…



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