Accueil Brèves Après Tron, quel avenir pour les fétichistes ?

Après Tron, quel avenir pour les fétichistes ?


Ainsi donc, DSK serait un obsessionnel compulsif et Georges Tron un fétichiste podophile. Ces révélations en cascade ont beau désoler les partisans d’une démocratie décente, elles constituent quand même une magnifique occasion de réviser nos connaissances en sexologie. Qui sait si la liste de tous ces dépravés qui « se vautrent dans le sexe », pour emprunter la phraséologie prudente du professeur Bernard Debré, n’est pas déjà épuisée ? Qui sait si ce grand déballage érotique ne va pas s’arrêter subitement ? Saisissons la balle au bond avant que la France honnête ne reprenne le dessus, et tâchons d’y voir plus clair entre ces différents travers.

Le fétichisme a ceci de pratique qu’il résume à lui seul la désolante insolence de la perversion masculine. Parmi les nombreux attributs d’une femme, le fétichiste ne retient que ce qui lui plaît. Sommé de faire l’amour à la femme tout entière, il préfère de beaucoup s’en tenir à des petits riens, petits riens dont l’insignifiance ne le gêne pas. C’est dire si le fétichiste n’a rien à faire en politique, où l’on ne s’occupe que des choses graves et de l’intérêt général.

Mais puisque l’heure est aux grands procès, précisons qu’une contradiction similaire se dégage entre le Droit, où l’on ne s’adresse jamais qu’à des personnes, et le fétichisme, où l’on ne s’adresse jamais qu’à des parties de ces personnes. C’est bien pourquoi défendre un fétichiste est impossible. L’avocat du fétichiste pourra toujours discréditer l’adversaire, il ne pourra jamais défendre son client positivement. Pourquoi devrait-on restaurer l’intégrité d’un homme au lieu de s’en tenir à la défense raisonnée de ses fixettes ? N’en doutons pas : dans cette bataille où les parties n’auront de cesse que de sauver la réputation du présumé coupable, l’âme de la perversion, elle, sera irrémédiablement perdue. Telle est la vertu bizarre du Droit. On ne peut pas défendre un fétichiste. On ne peut que défendre un homme.



Vous venez de lire un article en accès libre.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !

Article précédent Marvin Martin : Causeur vous avait prévenu !
Article suivant Le PS plombé par le mâle blanc

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Le système de commentaires sur Causeur.fr évolue : nous vous invitons à créer ci-dessous un nouveau compte Disqus si vous n'en avez pas encore.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération