Saint Georges Frêche, priez pour nous


Saint Georges Frêche, priez pour nous

georges freche montpellier

Saint Georges est une figure chrétienne impressionnante. On le représente volontiers en train de terrasser un dragon, symbole du démon ; c’est surtout un martyr du IVème siècle de notre ère, qui est devenu le Saint-Patron de la chevalerie. C’est pour cette raison que d’autres grandes figures religieuses se sont prénommées Georges au fil de la grande histoire de l’humanité : Brassens, Harrison, Bernanos, Marchais, Pompidou ou Simenon. Dans cette droite ligne un monument se dresse : Saint Georges Frêche.

L’ancien président du Conseil régional de Languedoc-Roussillon, né en 1938 (un an avant Claude François, coïncidence ? Je ne crois pas…), et disparu de manière parfaitement inexplicable en 2010, a été canonisé par l’Eglise officieuse de la Septimanie – et n’en finit plus de revenir hanter sa bonne ville de Montpellier. Le professeur de droit romain, baron local, potentat folklorique, ancien maoïste,  figure socialiste hors-format était bien connu pour ses débordements truculents : traitant pêle-mêle des harkis de « sous-hommes« , Jean-Paul II d’ « abruti« , qualifiant Sarkozy de « grand mamamouchi aux talons compensés« , et entreprenant l’érection (on dit comme ça) dans les jardins de Montpellier de statues géantes à l’effigie de ses idoles. De Gaulle, Churchill, Lénine… Mao devait suivre. Après la mort de Frêche, son successeur a préféré commander une statue du grand homme lui-même, en bronze massif.

Péripétie moins connue, dans les années 80, Frêche militait avec le plus grand sérieux du monde pour la construction d’un grand « cosmodrome » en Languedoc-Roussillon en remplacement de Kourou, afin de partir à la conquête de l’espace intersidéral, marcher sur Mars et donner son nom à des étoiles inconnues.

Au printemps, comme chaque année à la Saint Georges (le 23 avril) le petit peuple des fidèles de Georges Frêche s’est réuni pour une parade festive dans les rues de Montpellier… étudiants en droit, jeunes socialistes, militants d’extrême-gauche, comédiens, ont dit – sur la place des Beaux-Arts – leur attachement à la « République frêchiste » sous le grave regard et plein de bienveillance d’un sosie de leur cher leader charismatique (sosie de Georges Frêche, voilà un métier d’avenir). La manifestation s’est dispersée dans le calme. Ils étaient deux millions selon les autorités de la République frêchiste, quelques dizaines suivant les forces de l’ordre.

Espérons que Saint Georges Frêche saura protéger la Septimanie dans le cadre de la réforme territoriale en cours, où le Languedoc-Roussillon n’est plus qu’une portion de super-région, et où Montpellier s’est fait voler la vedette par Toulouse, l’éternelle rivale. Ce n’est pas Georges, avec son franc-parler et sa punk-attitude, qui aurait laissé faire une chose pareille. Amen.

*Photo : wikicommons.



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Il est l’auteur de L’eugénisme de Platon (L’Harmattan, 2002) et a participé à l’écriture du "Dictionnaire Molière" (à paraître - collection Bouquin) ainsi qu’à un ouvrage collectif consacré à Philippe Muray.

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