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RN gagnant

Résolution RN sur les accords de 1968: un vote surprise qui révèle l’évolution de notre paysage politique


RN gagnant
Marine Le Pen à l'Assemblée nationale, hier © NICOLAS MESSYASZ/SIPA

Le mouvement de Marine Le Pen a profité hier de sa niche parlementaire et de l’absence de nombreux députés pour faire adopter une résolution visant à dénoncer les accords migratoires de 1968 avec l’Algérie, révélant à la même occasion l’effritement du fameux «front républicain». Malgré l’inapplicabilité juridique de son initiative, le RN parvient à capitaliser sur l’impuissance perçue de la France face à l’Algérie, et renforce son influence auprès de l’opinion.


Qui ira dire encore que Marine Le Pen, ses députés, son camp ne sont pas en politique de bons manœuvriers ? Voilà qu’ils viennent de s’offrir une jolie petite victoire. Petite parce que sans véritable effet concret sur la donne du moment puisque essentiellement symbolique, mais victoire quand même, d’une part du fait du score et plus encore en considération de l’habileté avec laquelle le piège RN a été ourdi.

185 voix contre 184 en faveur du rejet des accords de 1968 régissant les relations franco-algériennes en matière d’immigration et d’accueil sur le sol de France des ressortissants d’outre-Méditerranée. Voilà pour le score.

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La subtilité du piège RN consistait tout simplement à profiter de la fenêtre de tir de sa niche parlementaire pour, sur ce sujet particulier, acculer quelques dizaines de bonnes âmes de notre représentation nationale à mettre leurs actes en conformité avec leurs paroles. Bonnes âmes qui, depuis des mois, ne cessaient de critiquer lesdits accords, notamment depuis le sort ignoble réservé à notre écrivain Boualem Sansal et au journaliste Christophe Gleizes. Par son initiative parlementaire, Marine Le Pen et ses élus ont contraint ces beaux parleurs tout simplement à passer du blablabla de convenance pour plateaux TV au geste solennel du vote. On imagine assez bien combien certains d’entre eux ne l’ont accompli, ce geste, que de l’extrême bout de la conscience, en se pinçant le nez et en serrant les fesses de trouille dans la perspective des représailles à venir de leurs habituels supplétifs électoraux gauchos-écolos-insoumis lors des prochains scrutins, notamment locaux.

Une voix, une voix seulement, se gaussent les mauvais perdants. Mais c’est aussi à une voix seulement que, le 30 janvier 1875, lors du vote d’un article additionnel présenté par le député Wallon que le mot République a fait son entrée dans notre arsenal constitutionnel, ce qui a fait dire que la République, notre République, doit donc à un seul suffrage, à un cheveu donc, d’avoir vu réellement le jour.

Victoire, indéniablement, pour Marine Le Pen et le RN. Certes, ce n’est pas encore tout à fait l’union des droites que d’aucuns appellent de leurs vœux. Mais c’est bel et bien la désunion du camp des têtes molles, des mous du genou. C’est surtout, qu’on le veuille ou non, une brèche ouverte dans le mur des contres. Un tabou est tombé : l’interdit suprême de mêler son vote à celui du diable et sa voix au chœur des tenants de la peste brune ! Pensez ! Le front du rejet, prétendument républicain, se trouve effrité, entamé. Là est bien un des aspects de la victoire en effet. Elle réside aussi, cette victoire, dans le fait que les lâches ont été forcés en la circonstance de tomber le masque. Ainsi de M. Attal. Excusé, semble-t-il. Faute d’avoir sérieusement enquêté sur la question, je ne saurais dire s’il avait à ce moment-là piscine ou poney. Je penche pour poney car, bien que rêvant de grand bain, l’intéressé, à la piscine comme en politique, ne réussit guère à passer au-delà de la pataugeoire.

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Victoire toujours du RN – et non la moindre de mon point de vue – pour avoir réussi l’exploit qu’un vote de la représentation nationale se révèle enfin conforme à ce que pense et attend la population dans son ensemble. Rappelons-le, elle est à plus de 72% (voire davantage selon certains sondages) favorable au rejet pur et simple des accords en question. Rejet, non renégociation, n’en déplaise à la contrefaçon de gouvernement que nous subissons en ce moment.

Cela dit, il en faudra bien d’autres, des votes de cette nature, en phase avec les aspirations du pays réel, pour que sa classe politique recouvre une once de crédit. Mais ne boudons pas notre plaisir. Et saluons comme il convient cette victoire. Accessoirement, voyons-y un premier pas des plus encourageants…

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Ex-prof de philo, auteur, conférencier, chroniqueur. Dernière parution : « Je suis Solognot mais je me soigne » éditions Héliopoles, 2025

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