L’Apôtre déprogrammé


La résistance, oui, mais pas trop longtemps non plus. La liberté d’expression, oui, mais ça dépend pour qui. Nous sommes tous Charlie, mais nous ne sommes pas tous L’Apôtre. Le film de Cheyenne Carron, que nous avions interviewée il y a quelques mois, vient en effet d’être déprogrammé dans deux salles pour « prévenir des risques d’attentats » : au cinéma Le Village de Neuilly, où il devait être diffusé le 12 janvier, sur demande de la préfecture de police ; à Nantes, où les AFC (Associations familiales catholiques) avaient prévu de le passer le 23 janvier, sur les « vifs conseils » de la DGSI. Le motif invoqué par les services français est on ne peut plus attendu : la communauté musulmane risquerait de « se sentir provoquée » par L’Apôtre, film au demeurant profond et parfaitement équilibré, qui raconte simplement la conversion d’un jeune Français de tradition musulmane au catholicisme. Les fidèles d’ Allah y sont représentés comme généralement bien intégrés et sains d’esprit, fors deux fous qui cognent l’apostat pour lui apprendre à trahir sa religion.

Concluons donc : quand, comme Houellebecq, on raconte une conversion à l’islam, on fait monter l’islamophobie ; quand, comme Cheyenne Carron, on raconte une conversion au catholicisme, par contre on fait monter l’islamophobie.



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est journaliste et essayiste.

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