Accueil Édition Abonné Sandrine Rousseau part en guerre contre le «suprémacisme blanc»

Sandrine Rousseau part en guerre contre le «suprémacisme blanc»

C’est la nouvelle marotte de l’impayable députée écoloféministe. Interdit de rire!


Sandrine Rousseau part en guerre contre le «suprémacisme blanc»
La députée d'extrème gauche Sandrine Rousseau, Paris, janvier 2023 © NICOLAS MESSYASZ/SIPA

Le 19 avril, Sandrine Rousseau (EELV) était l’invitée de Sciences Po, à Reims. La députée a pu y asséner le discours dont nous allons parler sans rencontrer aucune résistance, devant un auditoire apathique, somnolent et résigné. Malheureusement, on sentait le public qui en a entendu d’autres… Pendant ce temps, on ne lui reparle pas de la bousculade imaginaire avec Eric Piolle ni de ses agissements contre Julien Bayou.


La conférence de Sandrine Rousseau se tenait en effet dans un IEP (institut d’études politiques), un de ces lieux dits de savoir dans lequel l’idéologie woke s’est substituée à ce dernier, a pris ses aises et se répand comme une mauvaise maladie.

Discours débilitants

Le wokisme contamine le monde universitaire. Les domaines les plus perméables à cette idéologie sont les sciences sociales, sociologie et sciences politiques en tête. Là où sont formées les futures « élites », universitaires, journalistes, hauts fonctionnaires, consultants, etc., le wokisme a fait son nid et prospère. Il espère ainsi que les différentes branches de son arbre doctrinaire pousseront dans la société tout entière. Sur l’une de ces branches, les adeptes du « racialisme » (cet antiracisme raciste) se targuent de débusquer le « suprémacisme blanc » un peu partout, y compris là où on s’attendrait le moins à le trouver.

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C’est ainsi que, dans le cadre d’un séminaire organisé par Sciences Po Paris et l’Université de Nanterre, une « chercheuse » au CNRS dénommée Mathilde Cohen a pu affirmer que « les habitudes alimentaires sont façonnées par les normes des classes moyennes supérieures blanches » et que la « blanchité alimentaire renforce la blanchité comme identité raciale dominante ». Une autre fois, c’est France Culture qui rapporta le discours débilitant d’un historien de l’art, Philippe Jockey, lequel monta sur ses grands chevaux pour expliquer que les sculptures de l’Antiquité étaient à l’origine polychromes (avant de blanchir sous l’effet du temps) mais que l’Occident avait caché ce fait pour pouvoir « placer le blanc au cœur de ses valeurs et rejeter l’“impur”, le bigarré, le métissage des couleurs ». De son côté, le gouvernement norvégien finance actuellement un projet de recherche dont l’ambition est d’expliquer comment la Norvège a participé à la diffusion de l’idée d’une supériorité blanche à travers le colonialisme et… la peinture blanche, en particulier le “blanc de titane” créé par une entreprise norvégienne. Conceptrice de ce projet, l’historienne de l’art Ingrid Holland a expliqué que la symbolique autour de la « blanchité » (en l’occurrence celle de la peinture) véhiculait « une structure culturelle et visuelle de privilège » – en clair, que la peinture blanche n’est rien d’autre qu’un outil de propagation d’une doctrine raciste et suprémaciste privilégiant les Blancs. À la vitesse où vont les âneries, sans doute apprendrons-nous bientôt que des sociologues polaires s’apprêtent, après avoir exploré la structure visuelle et culturelle de la banquise, à livrer une thèse époustouflante sur le suprémacisme de l’ours blanc et, subséquemment, la disparition programmée de l’ours brun dans ces glaciales et blanches contrées.

En terre bien connue

À l’invitation de Sciences Po, Dame Rousseau a donc donné une conférence à Reims. Se sentant en terrain conquis, elle a lâché la bride à son esprit qui, répondant toujours présent quand il s’agit de pondre les bêtises les plus bêtes, n’en demandait pas tant. La salle semble avoir réagi mollement aux excentricités verbales de la députée. Pourtant, cette dernière n’y est pas allée avec le dos de la cuillère. Accrochez-vous, c’est parti mon kiki : « L’extrême droite aujourd’hui c’est un mouvement suprémaciste blanc. […] La motivation, l’énergie de ce mouvement d’extrême droite, c’est le suprémacisme blanc. […] Moi je suis pour rediaboliser, je suis pour taper comme des sourds dessus. Et je veux responsabiliser les électeurs et les électrices du RN en leur disant :“ce que vous faites là, c’est banaliser une forme de hiérarchie des races” ». Craignant d’offenser les sourds comme un pot, les sourdingues, les durs de la feuille, bref, les « malentendants », Dame Rousseau a tenu à préciser que l’expression « taper comme des sourds » devait être prise « au sens figuré, bien entendu ». D’après elle, les électeurs « d’extrême droite », ces bouffeurs d’entrecôtes sans aucune morale, sont des racistes éhontés et les membres d’une sorte de Ku Klux Klan à la française, et le RN ou « Reconquête ! » sont des repaires de nazis obnubilés par la différence des races et voulant prendre le pouvoir au nom, non pas d’un projet politique concernant tous les Français, mais d’une politique raciale fondée sur une idéologie raciste – puisque c’est ce qu’est, stricto sensu, le « suprémacisme blanc ».

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Le matin même, sur France Info, la députée EELV affirmait que « l’écologie ne peut pas être d’extrême droite » à cause des « enjeux de migration autour des effets du réchauffement climatique » et que le RN et « Reconquête ! » sont des « mouvements suprémacistes blancs ». Si Sandrine Rousseau reconnaît que les prochaines migrations Sud/Nord seront très importantes, elle préfère se refaire une beauté antiraciste en montrant du doigt les soi-disant « xénophobes » désirant « fermer les frontières » plutôt que d’envisager le moindre empêchement à cette déferlante migratoire. D’ailleurs, conclut-elle, « l’immigration est un sujet trop important pour le discuter avec le RN en réalité, voilà ! » La chanson est connue et fut dénoncée en son temps par Paul Yonnet dans son essai récemment réédité : « Être “antiraciste”, pour ceux qui en font bruyante profession publique et les organisations classées sous cette étiquette, ce n’est plus lutter contre la décolonisation, contre une pratique de ségrégation ou une théorie de domination raciale expansive, c’est tenter de faire échec à toute mesure visant à prévenir l’arrivée massive et incontrôlée d’étrangers en France. [1] » Par exemple, après avoir lu le tweet de Jean-Paul Garraud (député européen RN) dénonçant le laxisme d’une contrôleuse SNCF laissant des migrants sans papiers et sans billets s’installer en 1ère classe dans un train, Sandrine Rousseau n’a pas hésité à montrer sa moraline antiraciste à tous les passants : « Gloire à la contrôleuse ! » a-t-elle twitté à son tour, la conscience soulagée d’avoir pu moucher un « suprémaciste blanc ».

Quand on mettra les c*** sur orbite…

Pourtant, de récentes révélations laissent à penser que Mme Rousseau a une morale que nous pourrions qualifier de variable ou, disons, de capricieuse. Ainsi, tandis qu’elle tançait vertement les représentants du RN et de « Reconquête ! » ou Julien Bayou et Adrien Quatennens, oubliait-elle de rectifier quelques-uns de ses mensonges, à propos d’une bousculade imaginaire avec son collègue Éric Piolle ou d’une intervention fantasmée de M. Darmanin pour l’empêcher d’obtenir la direction de Sciences Po Lille, par exemple… Plus embêtant, elle semble avoir également oublié l’utilisation d’une fausse déclaration de domicile lui permettant de voter au premier tour des présidentielles dans le XIIIe arrondissement de Paris qu’elle n’habitait pas à ce moment-là – ce qui relève du délit d’usage de faux. Ces égarements ont été révélés dans l’émission “Complément d’enquête” sur France 2. On y voit une Sandrine Rousseau gênée aux entournures, le nez pincé, agacée de devoir paraître à son tour devant le tribunal médiatique. La députée n’est pas contente, mais pas contente du tout. Elle l’a fait savoir, après l’émission: désormais, elle ne répondra plus qu’à des journalistes abordant sa « stratégie politique ». Si cette stratégie politique consiste à continuer de sortir systématiquement des imbécillités du genre de celles décrites ci-dessus, on n’a pas fini de se marrer.

[1] Paul Yonnet, Voyage au centre du malaise français, p. 43, Éditions de L’Artilleur.

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Amateur de livres et de musique. Dernier ouvrage paru : Les Gobeurs ne se reposent jamais (éditions Ovadia, avril 2022).

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