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Olivier qui pleure, Gabriel qui rit: l’habit fait le ministre…

La nature, les apparences et le talent sont injustes et se moquent des répartitions équitables


Olivier qui pleure, Gabriel qui rit: l’habit fait le ministre…
Olivier Dussopt et Gabriel Attal à l'Assemblée nationale, le 6 février 2023 © Jacques Witt/SIPA

C’est injuste mais c’est ainsi: il arrive, dans la vie, que le hasard de la distribution offre tout à l’un en privant l’autre. Le spolié aura beau faire, il ne pourra jamais revenir sur ce handicap de départ…


Le titre est évidemment un peu provocateur, mais on a tous les droits pour attirer les lecteurs. On aura compris qu’il fait allusion à Olivier Dussopt et à Gabriel Attal, deux ministres dont le comportement, les tempéraments et les attitudes publiques sont différents et qui sont dans la lumière politique et médiatique avec le projet de loi sur les retraites. Il est presque reposant de quitter le désordre et les violences verbales de l’Assemblée nationale pour s’attacher à un conflit plus urbain, à un antagonisme plus feutré et à des dispositions psychologiques distinguant nettement l’un et l’autre ministre.

Gabriel vole la vedette à Olivier

On avait relevé, face aux oppositions, le contraste des styles d’Olivier Dussopt et de Gabriel Attal. Il suffit de les considérer pour s’en apercevoir et j’étais persuadé que cet écart entre eux n’allait pas manquer de susciter une hostilité de la part de la personnalité la moins éclatante, la moins assurée à l’égard de l’autre. Donc d’Olivier Dussopt envers Gabriel Attal.

Cette intuition élémentaire semble confirmée puisque le ministre du Travail serait « exaspéré » par le ministre des Comptes publics qui lui « volerait la vedette » en multipliant les interventions dans les médias sur les retraites. D’autant plus que le premier se serait livré aux négociations difficiles et discrètes avec les syndicats tandis que le second « ne demande pas mais prend » selon un conseiller, et bénéficie d’une aura que l’autre n’a pas (Paris Match).

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C’est choquant mais c’est comme cela: la nature, les apparences et le talent sont injustes et se moquent des répartitions équitables. Il arrive qu’entre deux ministres comme entre deux amis, entre un homme et une femme, le hasard de la distribution a tout offert à l’un en privant l’autre et que le spolié a beau faire, il ne pourra jamais revenir sur ce handicap de départ. C’est sans doute la conscience de cette injustice à la fois structurelle et naturelle, contre laquelle aucune politique ne vaut, qui me rend sinon indifférent, du moins pas assez attentif aux disparités économiques et sociales.

Ces derniers jours, au risque d’en étonner plus d’un, j’ai fini par m’apitoyer sur Olivier Dussopt chargé de la part la plus lourde dans le débat parlementaire et supportant de plus en plus mal l’honneur qui lui était fait. De surcroît, une enquête pour favoritisme a été diligentée contre lui et, selon Mediapart qui se fonde sur certains documents, sa cause n’est pas aussi limpide qu’il l’affirme en dépit de la « confiance » que lui a renouvelée sans attendre la Première ministre.

Fureur parlementaire

Olivier Dussopt, est, à l’évidence, un gros travailleur qu’on n’hésite plus à plaindre tant les interruptions intempestives, les assauts personnels, les accusations de trahison, son peu d’aptitude pour des répliques autres que technocratiques, son malaise de plus en plus visible, lui composent un personnage qui, alors qu’il maîtrise pourtant le sujet, paraît dépassé par la fureur parlementaire. Il « en prend plein la tête » et le pire est que cela se remarque et qu’il dégrade le moral de ceux qui seraient prêts à l’applaudir avec son air d’ »épagneul triste ».

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Tandis que Gabriel Attal, assis au banc du gouvernement, écoute, attend, piaffe, a certainement des répliques, des ripostes plein l’esprit. Je le perçois tel « un lévrier fringant » qui a des fourmis dans les jambes et dans l’ambition, comme un ministre dont le talent vient éclipser les logiques tristounettes de certains collègues et qui jouit des empoignades dont aucune ne lui fait peur, s’il ne les désire pas, puisqu’il y trouve son carburant. Mon bestiaire n’a rien d’offensant ni de méprisant. Parfois, il faut en passer par là pour mettre en lumière les diversités de l’humain. Comment Olivier Dussopt et Gabriel Attal pourraient-ils s’apprécier, une fois la solidarité gouvernementale présumée, puisque l’un pleure et que l’autre rit, que le premier a la rançon et le second la gloire, que l’habit fait le ministre et qu’un seul sur deux donne l’apparence de le porter ?



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Magistrat honoraire, président de l'Institut de la parole, chroniqueur à CNews et à Sud Radio.

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