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Vanessa Paradis, star verte et vertueuse


Obsession, le supplément « mode, tendances et culture » (les trois étant probablement synonymes) du Nouvel Obs se plait à dégoter de petites initiatives citoyennes pas trop coûteuses pour les femmes libérées CSP+. Logique qu’on s’y soit cru obligé d’y diligenter une enquête sans concessions  sur Vanessa Paradis, « égérie engagée d’H&M conscious ».
Les faits ? La star sert de porte-manteau à la nouvelle collection « green-conscious » (conscience verte : comprend qui peut) du groupe H&M, qui tente de combiner dans des T-shirt en coton biologique « tendance et matières recyclées », consumérisme et éco-citoyenneté, mode et responsabilité. Bref, de surfer sur la vague éthique et verte, car la bonne conscience s’affiche comme autrefois les bonnes mœurs. Le bonheur des dames comme il faut passe désormais dans un shopping « eco-responsable », qui permet de s’acheter à bas prix une âme en polyester recyclé.
« L’ambassadrice de charme »  se dit « très concernée » par le développement durable, et ravie de joindre l’utile à l’agréable en conciliant son « goût pour le vintage » avec  un engagement citoyen. Elle avoue son enthousiasme dans Elle : « Ça me plaît de représenter une marque populaire, accessible, et une collection qui tente d’éveiller les consciences à l’avenir de notre planète »
Sans douter de la bonne foi de la chanteuse engagée, on peut raisonnablement regretter qu’elle ne se soit pas un peu renseignée avant de nous donner des leçons de morale : en servant de femme-sandwich à l’entreprise suédoise, elle devient la caution éthiquable du système d’exploitation (oui-oui) dont se sert l’industrie de la mode sous la forme du doux euphémisme de « division internationale du travail ».
En effet, si on se penche de plus près sur l’étiquette, on s’aperçoit souvent que le 100% coton est  « made in Cambodia » (ou autres pays anciennement tiers-mondistes et désormais « en développement »). On apprend sur le site de peuples-solidaires que H&M, avec d’autres gentilles entreprises comme Zara et Gap, fait fabriquer sa gamme green conscious au Cambodge, où l’on recense près de 2900 cas d’évanouissements par épuisements dans les usines textiles depuis 2011, et où le salaire est passé récemment de 47 à 57 euros par mois (soit le prix de trois t-shirts « conscients » en jersey).
La moderne dame patronnesse vend les nouvelles indulgences du capitalisme mondialisé. Le Paradis est plus que jamais un truc de riches.



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Journaliste au Figaro, elle participe au lancement de la revue Limite et intervient régulièrement comme chroniqueuse éditorialiste sur CNews.

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