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XV de France: les déménageurs virtuoses

Vivement la Coupe du monde dans un an!


XV de France: les déménageurs virtuoses
Le demi de mêlée Antoine Dupont brandit la coupe après la victoire de l'équipe de France au Tournoi des VI Nations en finale contre les Anglais, Stade de France, 19 mars 2022 © Thibault Camus/AP/SIPA

Vainqueur des Anglais, le XV de France remporte le Tournoi des VI Nations et décroche le Grand Chelem !


C’est long 12 ans, très long, en particulier dans le sport. Pour les footeux, c’est le laps de temps qu’il avait fallu attendre pour revoir une équipe de France disputer une Coupe du Monde entre la génération Platini, perdante magnifique au Mexique en 1986 et la génération Zidane triomphante à la maison en 1998.

12 ans, c’est depuis ce weekend le temps qu’il aura fallu attendre pour revoir notre équipe de rugby gagner à nouveau un Tournoi des VI Nations avec, comme en 2010, un Grand Chelem à la clef, entre la génération Dusautoir et la génération Dupont, deux capitaines magnifiques auréolés du titre de meilleur joueur du monde de World Rugby, le premier en 2011, le second en 2021, le troisième Français ayant remporté ce prestigieux trophée étant Fabien Galthié, le sélectionneur actuel, en 2002.

Une décennie de défaites parfois humiliantes prend fin

Et entre temps dix années de vide, de défaites parfois humiliantes comme lorsque les All Blacks nous plantèrent 62 grains en ¼ de finale de la Coupe du Monde 2015 lors d’un match de sinistre mémoire disputé à Cardiff. Plus une victoire dans le Tournoi, rien…

L’espoir est revenu fébrilement en 2019 lorsque l’équipe de France, déjà emmenée par le génial Antoine Dupont, perdit d’un point le ¼ de finale contre les Gallois après un carton rouge justifié pour un coup de coude dans le visage de Wainwright par Vahaamahina. Le coup était passé près mais à côté.

Rebelote en 2020 et 2021 où nos Bleus finirent deuxièmes du tournoi à très peu de choses. La première année en perdant à la différence de points face aux Anglais, la seconde avec deux défaites en toute fin de match en Angleterre et face à l’Ecosse. L’espoir renaissait.

Il renaquit encore plus lors de la seconde partie de l’année 2021 quand une équipe faîte de bric et de broc partit en tournée en Australie en perdant deux test-matches de très peu et en remportant une première victoire chez les Wallabies depuis… 31 ans. Une tournée qui permit au monde de l’ovalie de découvrir Melvyn Jaminet qui montra des qualités exceptionnelles au pied et dans le jeu alors qu’il n’avait jamais disputé le moindre de match de Top 14, son club, l’USAP, venant de sceller sa montée de Pro D2. Des espoirs confirmés lors d’un match d’anthologie remporté face aux mythiques All Blacks au stade de France, une première depuis 12 ans… déjà ! Un match à la fin duquel on se disait tous qu’après 2020 et 2021, la troisième tentative de regagner le Tournoi allait être la bonne.

Tous déménageurs et tous virtuoses !

Et effectivement, ce fût la bonne. Après une entrée en lice facile contre l’Italie, il fallut batailler jusqu’à la dernière seconde contre les Irlandais, brillants seconds cette année. Puis une démonstration en Ecosse où les Bleus avaient vu leurs espoirs de victoire en 2020 s’effondrer et une victoire à Cardiff après avoir mis les barbelés pendant toute la seconde mi-temps. Et enfin l’apothéose samedi soir contre le XV de la Rose pour une belle revanche après la très cruelle défaite de l’an dernier à Twickenham. Une apothéose en forme de communion avec le public tant pour les spectateurs présents au Stade de France que pour ceux restés devant leur poste de télévision ou de radio.

Car cette équipe est populaire et elle le mérite. Pierre Danos, le demi de melee bitterois qui faisait partie du XV qui avait pour la première fois battu les Boks en 1958, disait : « Au rugby, il y a les déménageurs de piano… et ceux qui en jouent ». 

Et dans cette équipe ils sont tous déménageurs et tous virtuoses. Quand on voit des petits gabarits comme Dupont ou Villière coffrer des piliers ou des secondes lignes, c’est Mozart ou Beethoven se lançant dans la lutte gréco-romaine. Et quand on voit Baille, Woki ou Alldritt, joueurs du pack au gabarit de déménageurs, partir balle en main, c’est Hercule qui se transforme en Chopin, en Liszt ou en Berlioz. Car cette équipe sait faire « chanter la béchigue » tout en défendant avec abnégation et en faisant preuve d’un esprit de corps et de solidarité exceptionnel. De très bon augure avant 2023. 

Putain, un an c’est long…

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est journaliste et auteur de "Virons Dieu du débat politique !" (Ed. Fauves). On l'entend sur Sud Radio.

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