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Belmondo, un hommage à la solennité écrasante

… et non dénué de récupération politique!


Belmondo, un hommage à la solennité écrasante
Hôtel des Invalides, hommage à Jean-Paul Belmondo, 9 septembre 2021 © Jacques WITT/SIPA Numéro de reportage : 01037250_000064

… et non dénué de récupération politique!


Non, ce n’est pas parce que nous partagions les mêmes initiales que j’aimais Belmondo !

Ni parce qu’il a accompagné ma jeunesse en particulier et ma vie en général. 

Mais parce qu’il était l’un de ces acteurs totalement immergés dans un personnage, toujours le même, toujours bondissant, toujours vivant. Comme le furent, en même temps que lui, avec lui souvent, Gabin ou Ventura. Il était l’As des as, il était le Magnifique, il était l’Homme de Rio ou Cartouche — et toujours le Professionnel.

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Qu’est-ce qu’un Emmanuel Macron, qui n’était pas né quand Bébel caracolait devant la caméra, peut comprendre à Belmondo ? Qu’est-ce que les acteurs d’aujourd’hui, qui se pavanent à la télévision en essayant de faire croire qu’ils ont du talent, peuvent apprécier dans un acteur d’instinct — et de travail ?

L’hommage aux Invalides, avec sa solennité écrasante, me fait penser à la protestation de Mallarmé apprenant qu’on avait déposé un monolithe pesant sur la tombe d’Edgar Poe, « calme bloc ici-bas chu d’un désastre obscur » — pour être sûr que ce mort turbulent ne jaillirait pas de sa sépulture. 

Gabin avait choisi de faire disperser ses cendres en mer. On aurait pu trouver pour Belmondo une sépulture à sa taille et à sa démesure — vaporisé sur les toits de Paris où il a si souvent exécuté d’impeccables cascades…

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Et la Garde républicaine enchaînant la Marseillaise et Ennio Morricone ! J’aurai tout entendu, dans le genre obscène. Ces gens-là pensent que ça leur rapportera une voix, une seule voix, aux prochaines échéances ? 

C’est le problème de toute récupération. Tout hommage à un vrai cador accentue la différence, et on s’aperçoit, en pensant aux grands disparus, que ceux qui restent sont le degré zéro de la vie sur terre.


Le regard d’Elisabeth Lévy
La directrice de la rédaction de Causeur donnait son avis sur la commémoration et le choix des Invalides hier matin à la radio. Nous vous proposons d’écouter sa chronique ci-dessous.

Retrouvez la chronique d’Elisabeth Lévy chaque matin à 8h15 dans la matinale de Sud Radio.




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Normalien et agrégé de lettres, Jean-Paul Brighelli a parcouru l'essentiel du paysage éducatif français, du collège à l'université. Il anime le blog "Bonnet d'âne" hébergé par Causeur.

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