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À double titre


À double titre
John Cleese.
John Cleese Basile de Koch
John Cleese.

DONALD ET LES MICKEYS

Lundi 9 novembre

7h 47. Putain, il est élu, le con ! Ça je l’aurais jamais cru, comme disait Edith Piaf. Depuis quatre heures déjà, les chaines info envisageaient l’hypothèse catastrophe. Mais comme on nous avait seriné le contraire pendant deux ans, faut le temps de s’habituer.

Surtout qu’à mes yeux, pendant toute la campagne, Trump avait accumulé consciencieusement les énormités et les mauvaises blagues, quitte à être pris à plusieurs reprises en flagrant délit de racisme, de sexisme, de vulgarité et de méconnaissance des dossiers.

Avec tout ça, comme tout le monde, je le voyais cuit de chez cuit. Eh bien j’avais tout faux, les chiffres le prouvent : Donald est président et pas moi.

DEPENDANCE DAY

Mercredi 16 novembre

Depuis l’élection de Donald Trump, une « Lettre ouverte aux Américains » signée John Cleese circule sur internet. Le cofondateur des Monty Python y annonce la révocation de l’indépendance des Etats-Unis – « étant donné leur incapacité à élire un président compétent, et donc à se gouverner » – et leur rattachement à la Couronne britannique, « à l’exception de l’Utah, que la reine n’apprécie guère ».[access capability= »lire_inedits »]

Suit une liste de quatorze règles édictées, précise Cleese aux destinataires de sa Lettre, « pour vous aider à réintégrer le Royaume-Uni. » Parmi ces règles,

– « Abandonner le football américain. Il n’y a qu’un genre de football. »

– « Prononcer correctement le mot « aluminium » ».

– « Apprendre à résoudre vos problèmes personnels sans armes à feu, avocats ni thérapeutes. »

– « Nous dire enfin qui a tué Kennedy, ça nous rend dingues ! »

Bien sûr, l’affaire m’a profondément réjoui. Hélas, deux jours plus tard, patatras !

J’apprends, toujours sur le net, qu’il s’agit d’un « faux Cleese » dont la première version, apparue en 2000, visait l’élection de George W. Bush.

À la réflexion, ce démenti ne me surprend guère ; je voyais mal ce dandy de Cleese hurlant avec la meute. Je crois même qu’à tout prendre, il préfère encore le père Trump à la mère Clinton, et qu’il est attaché à la liberté de choix des Américains autant qu’à celle des Anglais.

Toute la vie de John Cleese est une déclaration d’indépendance. Au printemps dernier encore, il fut l’un des très rares artistes anglais à soutenir le Brexit, quand toute la profession voyait dans le vote « Remain » la seule option possible pour les gens de qualité – un peu comme Hollywood avec Hillary.

AND THE LOSER WINS

Dimanche 27 novembre

Sarkozy éliminé dès le premier tour, Juppé balayé au second et Fillon, l’outsider absolu, consacré « candidat de la droite et du centre » à la majorité des deux tiers ! Contre vents médiatiques et marées sondagières, le peuple de droite a fini par imposer son candidat, bousculant au passage les scénarios préétablis et les duels annoncés.

Le plus étonnant, c’est qu’il est le seul à ne pas avoir l’air surpris. Sa victoire, il n’en a jamais douté, depuis trois ans qu’il a annoncé sa candidature. Même pas quand il plafonnait désespérément à 9 % et que ses « soutiens » le lâchaient un à un, avec un seul objectif : finir la course dans une écurie gagnante.

Pauvre « Valérie Traîtresse », comme il l’appelle maintenant ! Elle doit s’en mordre les doigts jusqu’à l’œil aujourd’hui, de sa désertion de dernière minute. Non pas pour d’obscures raisons éthiques, mais tout simplement parce que c’est trop con ! Échanger comme ça au dernier moment son ticket gagnant, fallait y penser. Et maintenant, pour une petite erreur de timing, voilà la carrière de Valérie bloquée pour cinq ans, voire dix.

D’autant plus rageant qu’au moment même où elle trahissait Fillon pour Juppé, l’un amorçait son ascension et l’autre son déclin. Pécresse, ou l’art de la fugue et du contretemps.

OH LE BEAU JOUR !

Lundi 28 novembre

C’est beau, ça change, c’est beau comme ça change de voir enfin à la tête de la droite un homme de droite, et sincère avec ça, sérieux et honnête pour le même prix. Vous je ne sais pas, mais moi je n’avais jamais connu ça depuis Georges Pompidou, que j’ai lui-même peu connu.

Comment ça, je me monte le bourrichon ? Mais pas du tout, je carpe le diem en attendant le prochain. Cette soirée électorale m’a bien plu et j’essaie de vous en faire profiter, voilà tout. À part ça j’ignore comme tout le monde, sauf bien sûr les Reptiliens illuminés, si Fillon sera élu président et ce qu’il fera de son éventuelle victoire.

Son intégrité politique et humaine résistera-t-elle à l’épreuve du pouvoir suprême ? D’ordinaire, les hommes politiques de son espèce n’ont pas à se poser ce genre de questions, vu qu’ils se font bouffer bien avant par plus goulu qu’eux. Comment François a-t-il bien pu survivre trente-cinq ans dans un tel marigot ? Miracle ?? Toujours est-il qu’on le retrouve transfiguré dans ses nouveaux habits de chef de la droite, et bientôt peut-être de l’Etat.

Sa mission, s’il l’accepte, consistera alors à faire prévaloir le bien commun, c’est à dire l’intérêt de la France et des Français sur toute autre considération – à commencer par celle de ses propres intérêts. Le genre d’exigence qu’un président normal, ou moyen, a trop souvent tendance à oublier quand il est dans ses meubles à l’Élysée, et qu’il s‘y trouve bien.[/access]



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