On n’est pas couché: et si on appelait un exorciste?


J’ai été saisi d’hallucinations en regardant, comme d’habitude le samedi soir, « On n’est pas couché ». Laurent Ruquier sautillait de plus en plus en plus, Léa Salamé semblait possédée par Aymeric Caron, son ancien partenaire. Elle soutenait avec une ferveur hystérique le bilan de François Hollande face à Virginie Calmels, adjointe d’Alain Juppé, qui, elle aussi, portait une voix qui n’était pas la sienne : celle d’une France en souffrance qu’elle veut sauver par une gestion efficace, comme elle l’a fait (ou pas, je n’en sais rien) à Endemol, à Canal et à Eurodisney. Je ne me permettrai évidemment pas de mettre en doute ses capacités de femme d’affaires, mais quand elle juge Juppé si moderne, si efficace, si chaleureux un doute me vient : et si, elle aussi, souffrait d’une identification hystérique à son boss ? Vivement un exorciste ou un psychanalyste, me suis-je dit. Au moins, nous aurions droit avec l’exorciste à des scènes moins convenues et avec le psychanalyste à un silence plus reposant que les invectives de ces deux dames. Je précise que l’une d’elles, Virginie Calmels, a retrouvé ses racines – mot-clé – à Bordeaux et qu’elle aspire à diriger la région Aquitaine tout en conservant ses émoluments d’Eurodisney, ce qui a occupé une large part du débat. Entre possession et mesquinerie, c’est toujours la mesquinerie qui finit par l’emporter.

On avait sans doute prié Yann Moix de donner dans la sobriété, ce qu’il a fait. Il a trouvé « bouleversant » le témoignage d’une animatrice de télévision  dont l’enfant est polyhandicapé et dont le père, bien sûr, comme 80% des pères dans cette situation, a pris la fuite. Églantine Éméyé, dont le livre s’intitule Le Voleur de brosse à dents, est restée très digne, confirmant ce que j’ai cru comprendre quand j’étais enfant : les grandes douleurs sont muettes et donnent à celui qui les affronte une force intérieure qui impose le respect.

En revanche, celui qui n’impose ni respect, ni empathie, c’est Laurent Baffie possédé lui, par une forme d’autosatisfaction qui l’a conduit à traiter Yann Moix de « merde » et, surtout, par un logiciel d’anagrammes – un anagrammeur – qui lui a permis de concocter un Dictionnaire des noms propres que je ne conseillerai à personne et surtout pas à ceux, linguistes, psychanalystes, poètes, qui ont pour la langue un véritable amour.

Heureusement, Arielle Dombasle était présente pour sauver ce qui pouvait l’être de cette lugubre soirée. Délicieuse comme toujours, elle est possédée par le rockabilly qu’elle renouvelle avec le groupe suisse : The Hillbilly Moon Explosion. Du Superoldie, oui. Mais avec Tarantino en plus et des clips à tomber en extase. Tout le monde pour une fois était sincèrement d’accord sur le plaisir que provoque ce nouvel album d’Arielle Dombasle, à l’exception de Léa Salamé, qui, se prenant pour la jeune de service, le trouve daté et ringard. Pour la ringardise, elle repassera après s’être faite exorcisée. Arielle, elle, n’en a nul besoin. Elle plane – et nous avec elle.



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