Accueil Brèves Moralisateur de la chose publique, un emploi fictif ?

Moralisateur de la chose publique, un emploi fictif ?


Nous, socialistes de pouvoir, avons été trahis. Et par qui ? Par l’un des nôtres ? Non ! Par un homme qui se prétendait des nôtres, mais qui, fondamentalement, ne l’était pas. La preuve : il a fini par avouer sa faute. Nous autres, socialistes de pouvoir, nous n’avouons jamais ! Nous sommes toujours trahis par de prétendus socialistes. Nous avons contre nous l’héritage calamiteux de la droite, la hargne de la finance, la méchanceté de l’univers, et la fausseté de ceux qui se glissent dans nos rangs, revêtent notre apparence, empruntent notre vocabulaire, pour vous tromper et nous nuire.
La gloire et la chute de Cahuzac ont la même origine : d’éclatantes qualités mises au service de bas instincts. Dans un gouvernement de droite, il eut assurément donné le change ; ministre d’un cabinet socialiste, il n’a pu durablement tromper son monde. L’organisme très sain du pouvoir socialiste a produit des anticorps, qui ont rejeté le virus de la concussion. Quand un homme de gauche commet une faute de droite, il ne représente que lui-même. Quand un homme de droite commet la même faute, il entraîne avec lui dans la honte toute la droite. Devant les dégâts que cause, dans les rangs socialistes, un individu affecté de ses tares, la droite devrait connaître le remords. Il n’en est rien, au contraire, elle triomphe ! Pourtant, la gauche ne saurait être coupable d’être de droite, alors que la droite est responsable des maladies de la gauche.
Nous sommes favorables à la mutualisation des fautes de droite, alors que nous défendons le principe de l’individualisation des peines pour la gauche. Voilà pourquoi votre fille est muette, et pourquoi, aussi, nous avons décidé de moraliser la vie politique.
Amis de la vérité, du progrès en marche et des patrimoines révélés, les socialistes de pouvoir ont formé à votre intention ce sociallogisme à trois prémisses dit sociallogisme Cahuzac, car il est tiré par les implants capillaires :
Tous les hommes sont mauvais
Tous les socialistes sont bons
Tous les socialistes sont des hommes
Tous les hommes ne sont donc pas socialistes
C’est en vertu de cette imparable conclusion que nous affirmons haut et fort la nécessité de bâtir le socialisme ici et maintenant !



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Né à Paris, il n’est pas pressé d’y mourir, mais se livre tout de même à des repérages dans les cimetières (sa préférence va à Charonne). Feint souvent de comprendre, mais n’en tire aucune conclusion. Par ailleurs éditeur-paquageur, traducteur, auteur, amateur, élémenteur.

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