Le directeur du Studio Galande (Paris 5e), seule salle présentant à Paris The Palace, le dernier film de Roman Polanski, a d’abord expliqué hier soir «avoir été piégé» par le distributeur, et a annoncé le déprogrammer. La projection a finalement eu lieu, avec un cortège furibard de manifestantes MeToo en keffieh devant la salle.
« Piégé par le distributeur », voyez-vous ça, pleurniche au micro remarquablement complaisant du Figaro le directeur du studio Galande, qui avait programmé le dernier film en date de Roman Polanski, The Palace, assassiné lors de sa présentation au festival de Venise par une profession de dévots apeurés désormais soumis aux « femmes puissantes » – comprendre : les haineuses chouineuses professionnelles en nombre qui, sous la houlette d’une fausse toute petite fille en pulls Babar, régentent aujourd’hui le marché truqué du cinéma en régime #MeToo.
Terrorisé par une maigre et fort grotesque escouade de furies à pancartes protestant contre la diffusion d’un film de « Polanski-Violanski », il se repent, et déprogramme. Le malheureux « regrette sa faute professionnelle ». Laquelle ? Avoir fait son métier. Mais au fait, pourquoi si craintivement ? Quatre séances dans la semaine pour un nouveau film ? Passons.
Il bat sa coulpe. C’est-y pas beau, l’autocritique à la chinoise ? Ça vous tire des larmes au moins ! À moins que plutôt vous ne vous bouchiez le nez devant certain accident qui semble être hélas arrivé au sieur pénitent – la frousse a de ces effets parfois…
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« Je n’étais pas au courant de ces histoires autour de Polanski » argue-t-il sans rire. Ah oui ? Vraiment ? « Pétochard, on te croit ! ». Le slogan du jour. Plus c’est gros, plus ça passe. Très tendance, ça : accorder religieusement crédit à n’importe quelle baliverne. Le modèle de cette véridicité nouvelle manière ? Les cent #MeToo girls (d’innocentes fillettes, hein) escortées par quelques messieurs dument déconstruits (sortes de chapons #MeToo) qui espèrent sans doute sauver leur tête (à défaut d’une autre partie de leur anatomie maudite. Il est né le divin #MeToo boy, alléluia !). Jouissance sororale de l’accusation et de l’exécution publique – on a les orgasmes qu’on peut, voyez-vous.
Parmi les héroïnes immortalisées par cette « photo historique » (dixit Le Monde), qui exigent une « loi intégrale » (comme le voile du même nom) sur les « violences sexuelles », Charlotte Lewis.
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Damned ! Le même jour, un tribunal prononçait la relaxe de Roman Polanski, dans le procès en diffamation que lui avait intenté celle-ci, au motif que pour se défendre des infâmantes accusations de viol portées à son encontre par l’ex-actrice, il avait démontré la mécanique (mal) huilée de ses mensonges. Le tribunal (pas encore soumis à la « loi intégrale » du meilleur des mondes féministe) avait reconnu et consacré le droit de dire : « Charlotte Lewis, on ne te croit pas. Et voici sur quelles preuves ». Des preuves que le tribunal a jugées recevables.
Monsieur le pénitent, chevalier (parmi tant d’autres, qui se pressent au portillon) de l’ordre de la Pleutrerie, apprenez, puisque, dites-vous, vous ne savez rien. Si ce n’est courber l’échine, encore, et encore, et plus encore, devant de misérables hurleuses de slogans mensongers. Tels ces collaborateurs diligents qui déployaient leur zèle au-delà même des exigences éradicatrices des maîtres du pays. Lors de l’unique séance maintenue le 15 au soir, le public était au rendez-vous et, indifférent aux ukases de censure des petits marquis de la critique dressés par #MeToo, a apprécié le film insolent de Roman Polanski.
Un premier article (dont ce billet commente le contenu) a été publié à 19H21 hier soir, avant la projection prévue à 20h. À 00h53, l’article est mis à jour en signalant la protestation du distributeur, qui a saisi la médiatrice du cinéma pour obtenir le maintien des séances. À suivre… • SP |
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