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Quincy Jones, touche-à-tout de génie

La disparition d’un géant du jazz


Trompettiste américain, compositeur, producteur de jazz, Quincy Jones vient de mourir le 3 novembre, à l’âge de quatre-vingt-onze ans. Cette disparition a suscité une émotion dans le monde entier et un hommage unanime, par-delà les styles et les tendances – fait assez rare pour être souligné. Chez nous, une chaîne de radio comme France-Musique a bouleversé ses programmes pour lui rendre un hommage mérité. Semblable réflexe à la télévision où la chaîne C8 a ressorti des documents inédits, parmi lesquels une rencontre historique avec Charles Aznavour.

28 Grammy Awards !

Une telle mobilisation médiatique s’explique par le fait que la renommée de ce Chicagoan excède largement le seul domaine du jazz. Son talent, qui lui valut quelque quatre-vingt nominations dont vingt-huit victoires aux Grammy Awards, sans compter un Grammy Legend Award en 1992, était assez étendu pour rallier les suffrages les plus divers. Ancien élève du fameux Berklee College of Music de Boston, il se révèlera un trompettiste des plus honorables. C’est, toutefois, outre sa capacité d’adaptation aux courants novateurs du jazz, tels la bossa nova, ses dons d’arrangeur et de compositeur qui le propulseront vers les sommets. Sa collaboration, dans les années 80, avec l’ingénieur du son Bruce Swedien et Michaël Jackson déboucha sur des albums qui restent dans toutes les mémoires.

Sans retracer dans le détail une carrière entamée comme trompettiste dans l’orchestre de Lionel Hampton, poursuivie comme arrangeur auprès de musiciens les plus divers, de Sarah Vaughan à Dizzy Gillespie en passant par Count Basie ou Miles Davis, on retiendra, outre ses tournées dans le monde entier au sein de diverses formations, son séjour à Paris, à la fin des années 50. Il y poursuivra des études auprès de Nadia Boulanger, alors directrice du conservatoire américain de Fontainebleau. Il sera ainsi conduit à travailler avec Jacques Brel, Henri Salvador et Charles Aznavour, tandis que Les Double Six enregistreront un album consacré à ses compositions. Depuis cette période, il gardera toujours une certaine affection pour notre pays.

Son sens des affaires conduisit enfin Quincy Jones à fonder plusieurs sociétés productrices de films de cinéma et de télévision, de pièces de théâtre, tout cela aboutissant à la création de son propre label, Qwest records, en 2017.

Une activité à donner le tournis

La première leçon à tirer d’une telle carrière, c’est que l’art ignore les frontières et se joue des tabous. Si la société des Etats-Unis, voire l’Occident tout entier, avaient été, au XXe siècle, aussi ségrégationnistes, aussi racistes que le prétendent leurs actuels dénonciateurs, jamais un tel parcours, une telle réussite n’eussent été envisageables.

Le second enseignement, et là réside sans doute une clé essentielle, c’est l’ouverture d’esprit qui a permis à Quincy Jones de franchir toutes les barrières de genre et de style. Mieux encore, d’anticiper les évolutions d’une musique qu’il aura largement contribué à enrichir. Son génie des affaires a fait le reste. Qui pourrait le lui reprocher ?

À Valence, la crise politique aggrave la catastrophe climatique

La catastrophe naturelle valencienne met à nu pour la énième fois la jungle institutionnelle et administrative espagnole, où le système des communautés autonomes (issu d’un processus de décentralisation débuté à la fin des années 70) est tellement flou que plus personne ne sait très bien ce qui est du ressort des uns et des autres.


Les images du dimanche 3 novembre 2024 à Paiporta, bourgade de 27 000 habitants située dans la banlieue de Valence (Est de l’Espagne), ont fait le tour des médias internationaux. Dévastée par les pluies torrentielles qui sont tombées sur la région quelques jours auparavant, la commune accueille ce jour-là une délégation composée du président du gouvernement espagnol, le socialiste Pedro Sánchez, et du président régional valencien, le conservateur Carlos Mazón. Ils accompagnent tous deux le couple royal, Philippe vi et Letizia, qui se rend pour la première fois sur les lieux. Cette ville est un des épicentres de la « goutte froide » qui a aussi ravagé Picaña, Sedaví, Alfafar, Benetúser, Masanasa et Catarroja, dans la comarque de la Huerta Sur.

Un cortège pris à partie

À son arrivée, le cortège est la cible d’insultes ainsi que de jets de boue et d’objets divers de la part des habitants. Excédés, épuisés, s’estimant abandonnés par les autorités, pleurant leurs morts, cherchant désespérément les disparus, déblayant les rues avec l’aide de dizaines de bénévoles, les locaux voient rouge. La tension monte à Paiporta et Pedro Sánchez prend le large, craignant pour son intégrité physique. Pour leur part, le roi et la reine décident de rompre le cordon policier et de se rendre au contact des paiportinos, qui vident leur sac, s’énervent, supplient, exigent la démission de Sánchez et Mazón, expliquent qu’ils ont tout perdu (logement, véhicule, entreprise ou commerce). Letizia, qui a reçu de la boue sur le visage, serre des femmes dans ses bras et s’effondre en larmes avec elles. Plusieurs habitants s’excusent : « Ce n’était pas pour vous, ce n’était pas pour vous ! ». La plupart des gens présents, indignés et à bout de nerfs, ont voulu manifester leur profonde colère alors que plus de 200 morts et des centaines (voire des milliers) de personnes manquant à l’appel nourrissent leur chagrin.

Contrairement à ce que les journaux télévisés et quotidiens de nombreux pays ont laissé entendre, ni Philippe vi, ni Letizia n’étaient réellement la cible des manifestants. Ces derniers ont pu perdre leur calme face au couple royal mais ils avaient avant tout besoin d’être écoutés. Ils ont vécu une journée d’enfer, puis des heures d’incertitude et de travail harassant pour nettoyer maisons, appartements et rues. Le chef d’État et son épouse restent un certain temps sur place et, bien qu’ils doivent remettre à plus tard leur visite à Chiva, ils repartent grandis de ce douloureux épisode. C’est bien davantage le monde politique espagnol qui est dans le collimateur des paiportinos.

L’AEMET dans la tourmente

Même si elle est localisée, la tragédie de la Huerta Sur a une résonance nationale en raison du nombre de victimes et des discussions qu’elle entraîne. D’un côté, le réchauffement climatique a très certainement joué un rôle car la chaleur toujours plus élevée de la mer Méditerranée déclenche des gouttes froides d’une rare violence. De l’autre, le phénomène n’est pas nouveau, loin de là. La ville même de Valence, épargnée en octobre 2024, avait été submergée sensiblement à la même période en 1957, lorsque le Turia avait débordé de son lit.

Cette fois-ci, cependant, les autorités sont en cause. Beaucoup accusent Carlos Mazón et le gouvernement régional d’avoir réagi tardivement et d’avoir transmis les avertissements automatiques par SMS alors même que l’eau engloutissait déjà les villes. Bien d’autres pointent du doigt l’AEMET (équivalent espagnol de Météo France), qui avait annoncé l’événement pluvieux tout en n’anticipant pas suffisamment sa gravité. Nombreux sont aussi ceux qui reprochent à Pedro Sánchez d’avoir laissé les dirigeants valenciens se débrouiller seuls pendant plusieurs jours avant d’envoyer des effectifs militaires… un peu tard. Au milieu, les habitants de la Huerta Sur ont été privés d’électricité et d’eau pendant plusieurs jours, constatant le chaos qui s’était emparé de leurs communes.

Pendant une semaine au moins, droite et gauche espagnoles confondues ont rejeté la faute l’une sur l’autre. Chaque échelon administratif a juré qu’il ne pouvait agir qu’avec l’aide ou l’accord d’autres responsables, que ce soit à Madrid ou à Valence. Si la scène est bien connue dans d’autres pays (dont la France), elle prend une tournure particulièrement dramatique au vu des conséquences. Plus encore, elle met à nu pour la énième fois la jungle institutionnelle et administrative espagnole, où le système des communautés autonomes (issu d’un processus de décentralisation débuté à la fin des années 70) est tellement flou que plus personne ne sait très bien ce qui est du ressort des uns et des autres. Le dôme froid de l’automne 2024 (qui a aussi touché une partie de la Castille, de la Catalogne, des Baléares et de l’Andalousie) n’est qu’un exemple supplémentaire d’une situation tantôt ubuesque, tantôt alarmante.

La crise séparatiste catalane avait déjà porté un énorme coup à la crédibilité de l’organisation institutionnelle espagnole. Dans un autre registre, la catastrophe valencienne de cette année enfonce le clou, alors que la polarisation idéologique est à son comble.

La détestation que suscite Pedro Sánchez dans une large frange de la société est renforcée par ses manières, que certains trouvent méprisantes et autoritaires. Ses alliances controversées avec les sécessionnistes catalans et basques achèvent de dresser le portrait d’un homme qui semble n’avoir aucune limite à partir du moment où sa survie politique est en jeu. Il a pourtant ses partisans, qui voient en lui le seul rempart contre une droite qu’ils jugent fascisante (pour ce qui est de Vox, troisième formation du pays) ou vendue aux forces réactionnaires (dans le cas du Parti populaire, présidé par le très compassé Alberto Núñez Feijóo, chef de l’opposition).

Ainsi donc, si la reprise économique post-pandémie semble vigoureuse et place notre voisin ibérique dans le peloton de tête des puissances dynamiques de l’UE, le débat public s’avère éminemment crispé.

La politique écologique en ligne de mire

La goutte froide de Paiporta, Chiva et autres communes adjacentes relance aussi les débats sur les mesures qu’il conviendrait de prendre face au réchauffement planétaire. Socialistes et gauche « radicale » se positionnent en pionniers dans le domaine. Ils défendent ainsi davantage de taxes sur les grandes entreprises (notamment celles du secteur de l’énergie) ou encore la mise en place des zones à faibles émissions dans toutes les communes de plus de 50 000 habitants.

Ils promeuvent également la destruction de bon nombre de retenues d’eau, souvent modestes en taille mais que les milieux ruraux estiment indispensables à leur approvisionnement et leur production agricole. Pour cette partie du spectre idéologique espagnol, il faut rompre avec les politiques hydriques du passé, menées à bien tant par la Restauration (1874-1931) que par la Seconde République (1931-1939) et la dictature franquiste (1939-1975). En d’autres termes, les représentants de la gauche veulent réduire la consommation d’eau du pays (notamment dans le secteur primaire et le monde du tourisme), laisser les cours d’eau vaquer à leur « vie naturelle » et cesser les transferts d’« or bleu » entre régions. Ils critiquent dans le même mouvement la politique d’urbanisme pratiquée depuis des décennies outre-Pyrénées, alors que 700 000 citoyens vivent dans des zones menacées par les crues.

La droite, de son côté, s’insurge contre un programme qu’elle estime mortel pour les intérêts du pays et pour sa souveraineté alimentaire. Elle cite en exemple le Plan Sud (1958-1973), organisé par le franquisme après la gran riada de 1957 à Valence. Entre Cuart de Poblet et la mer Méditerranée, le cours du Turia prend un détour artificiel afin de protéger la troisième ville la plus peuplée d’Espagne. Parti populaire et Vox rappellent dans la foulée que le barrage de Forata, inauguré en 1969 sur le Magro (affluent du fleuve Júcar, qui passe au sud de l’agglomération valencienne), a évité des dégâts plus massifs au mois d’octobre en retenant 37 millions de litres d’eau tombée du ciel. Les deux grands partis de droite exigent enfin que la loi interdisant le nettoyage des sous-bois et des vallées, soutenue par la gauche, soit abrogée. Les troncs, branches et débris accumulés dans le sillage de plusieurs cours d’eau et charriés par la crue ont effectivement constitué autant de pièges mortels pour la Huerta Sur.

Alors que la polémique fait rage, la Cour des Comptes espagnole semble aller dans le sens d’Alberto Núñez Feijóo et Santiago Abascal (président de Vox). De fait, elle n’a cessé de rappeler ces dernières années que les investissements manquaient pour entretenir les infrastructures gérées par la Confédération hydrographique du Júcar (mais aussi par celle du Guadalquivir, en Andalousie, et celle du Segura, dans la Région de Murcie et le sud de la Communauté de Valence).

Alors que les secours s’attaquent désormais aux recherches dans les garages privés et les parkings publics de l’agglomération de Valence (en particulier celui de Bonaire, dont on craint qu’il ne soit plus qu’un immense cimetière sous l’eau), la controverse n’est pas près de s’éteindre.

Rendez la Monnaie!

L’éditorial de novembre d’Elisabeth Lévy


Il paraît qu’Emmanuel Macron est très soucieux de la trace qu’il laissera dans l’Histoire. Des esprits chagrins insinueront qu’il y restera comme le président qui a battu les records d’endettement ou celui qui a réussi à enfermer les Français chez eux – cela expliquant ceci car il a bien fallu sortir le chéquier pour que nous acceptions de passer nos jours devant Netflix. D’autres, taquins, se demanderont s’il ne sera pas éternellement le prédécesseur de Marine Le Pen (ou d’un autre méchant). C’est injuste. Le président a aussi de grands projets culturels. L’ultime legs de son décennat sera certainement la « Maison des mondes africains » – dans le jargon de l’inclusivité, tout est au pluriel : les cultures, les Afrique, les France, seul le racisme n’a qu’une adresse. Je me demande quel crâne d’œuf a trouvé judicieux de baptiser ce projet MansA, nom dont la presse explique avec ravissement qu’il résulte d’une « hybridation entre mansio, “habitation” en latin, et Mansa Moussa, souverain malien du xive siècle ». Mansio et Moussa, ça parlera certainement au cœur des Africains.

Le MansA n’a pas vocation à émerveiller mais à faire penser et bien penser. Ce projet, apprend-on dans Libération, est « porté par le président dans un esprit de réparation coloniale ». Nous y voilà. Sa future directrice, la journaliste franco-sénégalaise Élisabeth Gomis promet de « bâtir un lieu d’échange autour de la question des répercussions de l’histoire coloniale dans la société contemporaine ». Le MansA « va décloisonner, faire de la culture pour tous, parler de colonial et de décolonial dans un lieu hybride. » Il était temps vu que, dans notre pays, personne n’ose jamais parler de colonial et de décolonial. Certes, ce galimatias, omniprésent dans les universités et les médias, est aussi le credo du Musée national de l’histoire de l’immigration, dont l’imam caché, Patrick Boucheron, veut défranciser l’histoire de France. Rappelons que, pour sa réouverture, ce musée s’était offert une campagne avec Louis XIV comme symbole des étrangers qui ont fait la France – sans rire. Si j’étais réac, je vous dirais que, la repentance, il y a déjà une maison pour ça.

Nous n’avons pas dû assez expier, car il nous en faut une deuxième. Mais ce n’est pas tout. Comme il n’a pas les moyens de s’offrir sa pyramide du Louvre, Emmanuel Macron a accepté la proposition de Rachida Dati de loger son bidule africain dans une aile de l’hôtel de la Monnaie à Paris, qui bénéficiera pour cela de réaménagements et, ce qui est plus inquiétant, d’un « geste architectural ajouté en façade ». Créée en 864 la Monnaie de Paris est la plus vieille institution française encore en activité et sans doute la plus vieille entreprise du monde. Le bâtiment, sis sur la rive gauche de la Seine, a été inauguré en 1775, aussi une journaliste de Beaux Arts observe-t-elle avec ravissement qu’on « parlera de décolonisation au sein d’un riche symbole de pouvoir né à l’époque coloniale ». Le message est limpide. Pour se faire pardonner son passé criminel, la vieille France raciste et colonialiste doit cesser d’exister et même faire oublier qu’elle a existé pour se vouer tout entière à l’Autre. D’ailleurs, c’est peut-être la seule cohérence d’Emmanuel Macron, sa véritable colonne vertébrale : pour lui, les nations ont fait leur temps. Place à la partouze des cultures !

Le plus rigolo, c’est que c’est la dissolution qui a sauvé cette belle initiative. Le ministère de la Culture avait lâché l’affaire, mais s’est de nouveau engagé face à la menace d’une arrivée au pouvoir du RN. S’il s’agit de lutter contre le fascisme, on s’incline. Du reste, pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? S’il veut frapper un grand coup et montrer au monde entier que la France est prête à abjurer son passé, Emmanuel Macron doit frapper un grand coup et lancer la transformation de Notre-Dame en mosquée. Après tout, on pourra quand même faire payer l’entrée.

Trump, champion du politiquement incorrect

La victoire de Trump serait révolutionnaire, selon notre chroniqueur. Si la personnalité extravagante du candidat républicain heurte une majorité de Français, beaucoup de citoyens engagés dans la « guerre culturelle » contre le wokisme, ou simplement inquiets de la disparition des peuples, ne sont pas insensibles aux propos du milliardaire américain. Voici pourquoi.


La gauche ? C’est le refuge des puissants et l’obstacle à la révolte des opprimés. Cette inversion des rôles, qui rend la droite dépositaire de la question sociale, se lit aux Etats-Unis comme en France. C’est pourquoi la perspective d’une réélection de Donald Trump, à l’issue du scrutin de mardi, est déjà un désaveu pour les « progressistes », confrontés à leur trahison des faibles. Des deux côtés de l’Atlantique, les maîtres de ballet crachent les mêmes insultes sur le peuple qui refuse d’obéir. Quand L’Humanité titre : « Le péril fasciste » sous la photo de Trump, Kamala Harris soutient semblablement : « Oui, nous pouvons le dire, la vision de Donald Trump est celle du fascisme ». Quand Joe Biden laisse échapper son mépris pour les électeurs républicains en les comparant à des « ordures », Alain Minc les qualifie de « sous-développés ». Ce même promoteur de la « mondialisation heureuse » avait dit en 2016, parlant du référendum britannique approuvant le Brexit : « Ce référendum n’est pas la victoire d’un peuple sur les élites mais celle de gens peu formés sur des gens éduqués ». La gauche américaine partage avec la gauche française une même répulsion pour les « ploucs », ces damnés qui n’entendent rien aux certitudes des experts en chaises longues. Ces prétendus humanistes n’ont aucune empathie pour la classe moyenne. D’ailleurs, l’électorat de Trump ne se réduit pas à la seule sociologie des « petits blancs » déclassés. Non content d’avoir été rejoint par d’anciens démocrates comme Robert Kennedy et Elon Musk, Trump attire davantage parmi les minorités, hispaniques et noires. Certes, ces électeurs votent encore majoritairement démocrate. Mais beaucoup n’en peuvent plus d’un système bureaucratique et oligarchique qui se paye de mots et oublie de regarder comment vivent les pauvres. Bref, une victoire de Trump serait une heureuse sanction contre ceux qui se disent démocrates mais hurlent au populisme – voire au fascisme – quand les gens leur tournent le dos.

La délivrance idéologique est à portée de mains. Le politiquement correct, déjà ébranlé par le trumpisme d’atmosphère qui imprègne les États-Unis depuis 2016 et la première élection surprise, peut s’effondrer. Ce système étouffant de la pensée autorisée est aussi oppressif aux États-Unis qu’en France. En ce sens, la victoire de Trump serait révolutionnaire. La personnalité extravagante du candidat, qui heurte en France, n’est plus un obstacle pour l’écarter du pouvoir. Une partie de la Silicon Valley et de Wall Street s’est laissée convaincre par le pragmatisme trumpien, sa culture de la transaction, son rejet du wokisme totalitaire, sa défense de la liberté d’expression, son opposition aux guerres attisées par le complexe militaro-industriel, sa défiance vis-à-vis de Big Pharma et de son scientisme rémunérateur.

Trump ne brille pas par ses analyses ni par sa subtilité. Cependant, il est le symptôme plus complexe d’une rupture avec le mondialisme. Or, en France comme aux États-Unis, la gauche se montre incapable de penser la nouvelle vague politique autrement qu’un invectivant ceux qui prônent le retour aux frontières et aux protections. Pour avoir caricaturé les alertes contre le « péril migratoire », le camp du Bien ne peut, en France, aligner que des banalités pour commenter l’envolée des « narco-racailles » (Bruno Retailleau) et des violences urbaines claniques, qui se sont multipliées ce week-end. Samedi, Libération tirait sur « Les morts évitables » en accusant les autorités espagnoles dans les inondations de Valence. Mais combien de morts évitables la gauche a-t-elle sur la conscience pour avoir menti sur le « vivre ensemble » ? Pour ces raisons, une victoire de Kamala Harris serait une mauvaise nouvelle pour les peuples qui ne veulent pas disparaître.

« Houris » et Kamel Daoud Prix Goncourt !

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Notre chroniqueur, qui dès le 6 septembre pronostiquait Kamel Daoud comme futur Prix Goncourt exulte : les jurés du plus beau Prix français, malgré les menaces du gouvernement algérien, ont couronné le très beau roman de l’écrivain français né dans la wilaya de Mostaganem, qui raconte les années de fer et de sang de la « décennie noire » (1990-2000), une évocation interdite au pays des militaires et des imams.


« Les jurés du Goncourt, qui ont sélectionné Houris dans leur première sélection, seraient bien avisés de donner à Kamel Daoud, couronné jadis pour le Goncourt du meilleur premier roman, un prix qui mettra en lumière ce que l’histoire officielle — celle qu’enseignent les manuels scolaires et, chez nous, les pédagogues qui refusent de parler de la traite saharienne ou des razzias opérées sur les côtes européennes — tente en vain de glisser sous le tapis de prière. »

Monsieur Brighelli ou Madame Irma ?

Ainsi concluais-je, début septembre, mon article sur le roman de Kamel Daoud, Houris. Je ne me donne pas une importance que je n’ai pas. Mais l’année dernière, j’avais contribué, autant que possible, à écarter cette buse d’Eric Reinhardt, auquel on promettait le Prix et qui est reparti avec son livre entre les jambes. Et cette année, j’ai pronostiqué la victoire de Kamel Daoud, qui est l’heureux élu. Gloire à lui !

Daoud avait eu, fin 2014, la consécration plus douteuse d’une fatwa émise par un imam salafiste : « Nous appelons le régime algérien à le condamner à mort publiquement, à cause de sa guerre contre Dieu, son Prophète, son livre, les musulmans et leurs pays. » À la suite de quoi, après que l’écrivain eut déposé plainte, ledit imam fut condamné à trois mois de prison et l’équivalent de 450€ d’amende — condamnation annulée en appel sous prétexte d’incompétence territoriale du tribunal. L’Algérie a avec la justice des relations difficiles.

Il est plus que temps que la France, au lieu de reconnaître les horreurs du colonialisme (pensez, nous avons inventé un pays qui n’existait pas, mis fin aux affrontements entre tribus, assaini un territoire dévoré de fièvres, définitivement renvoyé chez eux les Ottomans qui s’y étaient installé quelques siècles auparavant, construit des routes, des chemins de fer, des entreprises, labouré la terre, planté des vignes et des arbres fruitiers — que de crimes impardonnables…) mette fin à l’assistanat d’un pays qui nous coûte cher et qui nous abreuve d’injures. Qu’ils aillent se faire voir — et offrons-leur Benjamin Stora pour écrire leur guerre à leur manière, ils ne sont plus à quelques mensonges près.

Une belle leçon d’écriture

Pourtant, la France continue à s’humilier devant quelques poignées d’imams et de généraux nonagénaires et chamarrés comme des arbres de Noël. Elle s’excuse pour ceci, s’agenouille pour cela, promet de rendre les artefacts des uns, et de rembourser les autres pour les crimes commis contre les harkis. Le président de la République se rapproche du Maroc, c’est une bonne idée ; il aurait dû en profiter pour tirer un trait sur l’Algérie, et cesser de payer les retraites de gens morts depuis des lustres.

Lisez le roman de Kamel Daoud, il vous permettra de comprendre — je m’adresse ici à ceux qui n’étaient pas nés pendant la guerre dite d’indépendance — comment fonctionnent des islamistes dès qu’on leur tend les clefs du pouvoir. Et il vous donnera une très belle leçon d’écriture.

Le gouvernement algérien avait menacé par avance. Comme dit un journaliste bien informé : « À la veille de cette annonce, nos sources nous ont informé que les services d’Alger s’activent dans l’ombre en exerçant des pressions et des intimidations sournoises, directement sur les membres jury du Prix Goncourt et sur Kamel Daoud lui-même à l’heure où nous écrivons, dans le but de torpiller cette récompense. Nos sources nous ont signalé des intimidations et menaces qui vont des menaces diplomatiques discrètes à des messages anonymes, accusant l’auteur de trahison, de calomnie, et allant jusqu’à déterrer son passé supposé d’islamiste ou des allégations de violence conjugale. La machine à salir tourne à plein régime. » Ces gens-là croient qu’ils peuvent imposer à la France la censure qu’ils font régner chez eux. Eh bien, qu’ils gardent leur censure, leurs sables, leurs rues jonchées d’ordures et leurs revendications d’indemnités pour les crimes terroristes qu’ils ont perpétrés pendant des décennies.

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Purple Reine

Une femme, un parti, une révolution ? Kemi Badenoch récupère un Parti conservateur en piteux état. Les premiers pas de cette femme d’origine nigériane à la tête de l’opposition sont scrutés de près outre-Manche. Portrait.


L’ascension de Kemi Badenoch à la tête des conservateurs britanniques constitue une étape marquante et historique dans le paysage politique du Royaume-Uni. À seulement 44 ans, elle devient la première femme noire à diriger un grand parti politique britannique, remportant un vote décisif contre Robert Jenrick lors d’une élection interne. Cette victoire ne se limite pas à briser des barrières ; elle s’inscrit dans un mouvement plus vaste, celui de l’émergence de députés conservateurs noirs et asiatiques qui ont récemment occupé des postes de responsabilité, tels que James Cleverly, Suella Braverman, Priti Patel et Sajid Javid. Rishi Sunak, battu aux élections de juillet, ne manquait pas de faire valoir sa fierté d’être le premier Premier ministre britannique d’origine asiatique. En 2023, Kemi Badenoch a osé déclarer la Grande-Bretagne comme « le meilleur pays au monde pour être noir », une affirmation qui a suscité l’enthousiasme des journaux de droite tout en déclenchant une avalanche de critiques de la part des experts progressistes. Pour les conservateurs, encore secoués par une défaite électorale majeure en juillet, cette élection revêt une importance particulière : ils viennent d’élire leur deuxième chef consécutif issu d’une minorité ethnique et leur quatrième femme à la tête du parti. Benjamin Disraeli, d’origine juive, devenu Premier ministre en 1868, représentait le premier dirigeant de minorité ethnique dans l’histoire du parti.

Aujourd’hui, Mme Badenoch ouvre une nouvelle voie, porteuse d’espoir et de diversité, inscrivant son nom dans les annales de l’histoire politique britannique.

Retour en arrière : la montée de Kemi Badenoch

En 2022, alors que le Parti conservateur traversait une période tumultueuse, Kemi Badenoch, alors âgée de 42 ans et ancienne ministre de l’Égalité, a décidé de se lancer dans la course à la direction du parti. Elle s’est retrouvée parmi cinq candidats, dont des figures plus établies comme l’ancien Premier ministre et chancelier, Rishi Sunak, et la ministre des Affaires étrangères Liz Truss. Avec le soutien notable de Michael Gove, Mme Badenoch a affirmé sa volonté de « dire la vérité » et de prôner un gouvernement resserré, signalant ainsi une rupture potentielle avec l’ère de Boris Johnson. Ce tournant a préparé le terrain pour son ascension, la menant aujourd’hui à être la première femme noire à diriger un grand parti politique britannique.

Parcours d’une pionnière aux racines multiples

Olukemi Olufunto Badenoch, née Adegoke un 2 janvier 1980 à Wimbledon, Londres, se dresse comme une figure singulière et puissante du paysage politique britannique, la première femme noire à gravir les échelons du Parti conservateur. Son histoire tisse le fil d’une identité façonnée par la diversité culturelle et la résilience, un destin intimement lié aux multiples lieux qu’elle a habités. Fille de Femi, médecin généraliste, et de Deyi, professeure de physiologie, elle est née d’un coup du sort : une simple visite médicale de sa mère au Royaume-Uni lui ouvre plus tard la voie à un passeport britannique. Ce privilège inattendu façonne sa vision du monde, lui permettant de trouver un juste équilibre entre ses racines nigérianes et son appartenance britannique.

Mme Badenoch grandit au croisement de Lagos et des États-Unis, héritant d’une perspective unique et d’un enracinement solide, qui la distinguent de ses pairs. Au Nigeria, elle fréquente l’International School de l’Université de Lagos, où elle se voit comme une écolière Yoruba de classe moyenne, apprenant à naviguer dans la complexité des cultures et des traditions. Cette enfance éclatée, faite de voyages et de contrastes, devient le terreau d’une personnalité capable de jongler avec aplomb entre des mondes divers, une qualité précieuse pour celle qui incarne désormais l’ascension des minorités au cœur du pouvoir britannique.

C’est donc avec un bagage riche d’influences multiples que Kemi Badenoch entame sa propre aventure en Grande-Bretagne.

De l’héritage nigérian à l’autonomie britannique

À 16 ans, poussée par les bouleversements politiques et économiques au Nigeria, elle retourne au Royaume-Uni, seule, avec la ferme intention de tracer sa route. Bien que sa famille soit de classe moyenne, son quotidien se distingue de celui des autres candidats conservateurs : elle doit travailler dans un McDonald’s tout en préparant ses Advanced Levels. Elle évoque cette expérience formatrice, une leçon de dignité du travail, comme un chapitre fondamental de sa jeunesse.

Elle poursuit des études en informatique à l’Université du Sussex, devient ingénieure logiciel chez Logica, puis décroche un diplôme de droit à Birkbeck College tout en travaillant. Elle évolue ensuite dans le secteur financier, devenant analyste systèmes à la Royal Bank of Scotland, puis directrice adjointe chez Coutts, la banque de la reine. En parallèle, elle prend les rênes du magazineconservateur The Spectator, forgeant ainsi sa carrière au sein de l’élite britannique.

Ses premiers pas sur la scène politique

Kemi Badenoch entre dans l’arène politique britannique en 2005, à seulement 25 ans, en rejoignant les rangs du Parti conservateur. Animée par une conviction profonde et une vision claire, elle tente sa chance à plusieurs élections locales et législatives dès 2010, sans succès initial. Mais chaque échec n’a fait qu’aiguiser sa détermination, et elle se prépare à marquer le paysage politique de son empreinte.

Fervente partisane du Brexit, Mme Badenoch perçoit la sortie de l’Union européenne comme une renaissance nationale, un retour à une autonomie dont elle admire la force. Lors de sa première élection en tant que députée en 2017, elle remporte haut la main la circonscription de Saffron Walden avec plus de 37 000 voix, une victoire éclatante qui la consacre au sein des conservateurs. Dans son discours inaugural, elle qualifie le vote du Brexit de « plus grand acte de confiance envers le Royaume-Uni » et revendique son héritage politique auprès des géants conservateurs, évoquant Winston Churchill et Margaret Thatcher comme ses modèles. Ce même mois, elle est invitée à rejoindre le comité influent des députés conservateurs, le Comité 1922, affirmant ainsi sa place parmi les voix montantes du parti.

Pour Mme Badenoch, entrer en politique n’est pas seulement une ambition : c’est un engagement viscéral pour un Royaume-Uni souverain, une foi inébranlable en un pays capable de s’élever par lui-même.

Pour Badenoch, les défis qui l’attendent sont d’autant plus complexes qu’elle doit non seulement relever le défi de diriger l’opposition, mais aussi restaurer la confiance des électeurs dans un contexte politique en mutation.

La route semée d’embûches vers la rédemption Conservatrice

L’attention de Kemi Badenoch se tourne désormais vers la manière d’affronter un gouvernement travailliste qui vient de présenter le plus important paquet d’augmentations d’impôts au Royaume-Uni depuis plus de 30 ans. Cependant, le chemin ne sera pas facile pour cette nouvelle leader conservatrice. Victorieuse dans une course à la direction acharnée, elle se retrouve désormais chargée d’unir un parti fracturé tout en dirigeant l’opposition contre Sir Keir Starmer. « Nous devons ramener ceux qui nous ont abandonnés », a-t-elle déclaré, soulignant l’importance vitale du Parti conservateur pour l’avenir du pays. « Pour être entendus, nous devons être honnêtes. »

Elle a également affirmé qu’il était « temps de se mettre au travail » pour « renouveler » le Parti conservateur. Dans ses propres mots, « le temps est venu de dire la vérité, de défendre nos principes, de planifier notre avenir, de repenser notre politique et notre façon de penser, et de donner à notre parti et à notre pays le nouveau départ qu’ils méritent. » Ce nouvel élan se heurte néanmoins à un contexte difficile : alors que Mme Badenoch devient la première femme noire à diriger un grand parti politique au Royaume-Uni, Keir Starmer, le Premier ministre travailliste, a qualifié cette avancée de « moment de fierté pour notre pays ». Pourtant, le scepticisme demeure. Ellie Reeves, présidente du Parti travailliste, a fait entendre sa voix : « L’élection à la direction du parti a été longue, mais une chose est sûre : les conservateurs n’ont rien appris depuis que le peuple britannique les a rejetés en masse en juillet. »

À ce stade, Kemi Badenoch se trouve à un carrefour, balançant entre un héritage chargé et des promesses d’innovation.

Saura-t-elle naviguer dans ces eaux tumultueuses et insuffler au Parti conservateur le souffle nouveau dont il a tant besoin ? Car à l’heure où le navire politique prend l’eau, un bon capitaine saura toujours tirer parti des vents favorables pour redresser la barre, même dans les tempêtes les plus violentes. Est-elle prête à devenir le phare qui guidera son parti à travers cette nuit politique incertaine ?

Canal plus, comme un air de campagne…

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Monsieur Nostalgie se souvient du lancement de Canal Plus, il y a, jour pour jour, 40 ans. À l’origine, le canal 4 n’était pas cette chaîne critiquée comme trop « parisienne » par la suite, révèle-t-il.


Le logo de la chaine de 1984 à 1995.

Les historiens s’écharpent sur le point de bascule. À partir de quand, « l’esprit Canal » insufflé par Alain De Greef, tête chercheuse du PAF, est retombé comme un soufflé au fromage. Un jour, il n’a plus fait rire. Il a même commencé à sacrément agacer par son impunité médiatique et son insolence moralisatrice. Il s’est mué en un arbitre du bon goût et en baromètre d’une liberté d’expression à sens unique. De la maison de toutes les audaces au grand gloubi-boulga globalisé. Tout ça semble si loin, aujourd’hui, l’irrévérence et le ricanement ont fait leur temps, et n’amusent plus que quelques passéistes à bandes molletières.

Un 4 novembre 1984…

Notre pays a traversé une crise d’identité et une perte totale de ses repères en quarante ans. La France a tourné le dos au second degré. L’humour segmenté est devenu un nouveau casernement de la pensée. Il est communautaire et parcellaire. On ne rit plus ensemble mais contre quelqu’un. Si « l’esprit Canal » s’est dilué dans une mondialisation faussement émancipatrice, nous n’oublierons pas ses débuts, en novembre 1984. Nous avions dix ans au lancement de la première chaîne payante qui inventait le décodeur et le porno à domicile, le foot par abonnement et les nouveautés cinéma dans son canapé. Dans les campagnes, un réseau parallèle de décodeurs bricolés au fer à souder dans les garages florissait et le film interdit au moins de 18 ans du samedi soir motivait l’ingéniosité des adolescents en rut. De la passoire aux spasmes cathodiques, la pamoison ne tenait qu’à un fil d’antenne. Pour la première fois, nous avions accès au basket américain et aux matchs de boxe en direct. Et les programmes en clair auront été le meilleur produit d’appel pour débourser 120 francs par mois. Ne croyez pas que Canal était parisienne et élitiste ; au contraire, à son origine, elle était provinciale et populaire. Après quelques ajustements marketing, les responsables commerciaux ont compris que le salut de la chaîne passerait par les départements et les sous-préfectures, et non les CSP ++ comme on les apprenait au lycée en cours de sciences économiques. Ce sont les classes moyennes qui l’ont adoptée et ont adhéré à son projet potache.

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Secrets d’histoire

Je vous révèle aujourd’hui une vérité longtemps cachée par les salisseurs de mémoire. Canal Plus a été créée par des berrichons. Sans le Berry, point de Mademoiselle Agnès, de Didier L’embrouille, de gadgets foireux de Bonaldi ou de la Maxi-Tête de Sophie Favier. Aux manettes de ce canal historique, on retrouve la fine fleur des hommes du Centre de la France, du Cher et de l’Indre, Michel Denisot en monsieur loyal castelroussin, pas encore patron de la « Berrichonne » accompagné par un Gérard Depardieu parrain de l’événement qui, pour l’occasion, était venu faire la promotion de Rive droite, rive gauche de Philippe Labro, sorti le 31 octobre, soit quelques jours avant la mise en orbite de la 4ème chaîne. Sans oublier, la présence tutélaire de Philippe Gildas qui ne vient pas de nulle part. Le journaliste s’est toujours senti breton mais a passé toute son enfance à Bourges, à l’ombre la cathédrale Saint-Etienne. Et que dire enfin d’André Rousselet, le grand manitou de Canal Plus, taximan de Mitterrand, qui avait des attaches anciennes avec l’Indre, ne fut-il pas sous-préfet à Issoudun en 1953 ? Simone Veil, dont le mari était en stage à la préfecture de Châteauroux, a raconté leur escapade chez les antiquaires de la région quand les hauts fonctionnaires n’étaient pas accablés par une charge de travail excessive et des émeutes urbaines éruptives. Nos confrères de La Nouvelle République rapportaient les propos de Simone, en 2016 qui s’amusait de cette douce léthargie : « Drôle d’époque où les hauts fonctionnaires de la République bénéficiaient de temps libre ! ».

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Alors, même si on est parfois sévère avec les dérives modeuses et affranchies d’une chaîne qui s’est voulue prescriptrice et guide spirituelle de toute une génération, la première décennie de son existence nous ramène au temps des doudounes Chevignon et des jeans Liberto, du Top 50 à 18h45 et de Jean-Claude Bouttier nous initiant au noble art. Une époque où Marc Toesca annonçait à la France médusée que Peter et Sloane et Cookie Dingler étaient devant Scorpions et Stevie Wonder au classement des 45 tours n’est pas totalement mauvaise, et cette parenthèse enchantée où Sardou chantait les deux écoles et Isabelle se noyait dans son pull marine nous ramène dans les limbes. En ce jour anniversaire, je veux avoir une pensée et verser une larme pour Martine Mauléon disparue en 2003 qui nous parlait déjà de la crise de l’emploi et tentait de « réindustrialiser » nos campagnes.

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Poitiers, Rennes, Marseille… la France orange mécanique!

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Mexicanisation? Narco-Etat? La France est-elle en train de basculer ? Face aux innombrables fusillades liées au trafic de drogue (impliquant souvent des mineurs), de belles âmes s’emploient à minimiser l’effroi ressenti par les Français. Elles dénoncent avec gourmandise des inexactitudes dans les propos du ministre de l’Intérieur quant aux échauffourées survenues à Poitiers, ou comparent le nombre de victimes avec celui des morts liées au narcotrafic au Mexique. L’analyse de Céline Pina.


Dimanche, à minuit 59, la page d’accueil du Monde avait des airs d’Ici Paris : les quatre premières informations portaient toutes sur des faits divers sanglants ou des violences urbaines. L’un n’excluant pas l’autre. A Rennes, c’est le décès d’un homme de 20 ans tué à coups de couteaux qui faisait l’actualité pendant que l’on annonçait à Poitiers la mort d’un adolescent lors d’une fusillade. Laquelle faisait écho à une autre fusillade, à Valence cette fois-ci, ayant entrainé également la mort d’un homme. Le journal annonçait aussi que neuf interpellations après des violences urbaines avaient eu lieu dans la banlieue de Lyon.

Douce France

Bienvenue dans la douce France et ses belles provinces, elle tend à se transformer en « vous rentrez à OK Corral à vos risques et périls ». Cette accumulation de faits divers constitue un fait de société car ils marquent une évolution tragique : une explosion de la violence dont les politiques déplorent les effets sans jamais s’attaquer aux causes. Pourquoi ? Parce que les causes sont en train d’échapper à tout contrôle faute d’avoir accepté de regarder en face la situation. Parce que le trafic s’appuie sur des maux bien connus et n’est pas sans lien avec les questions du communautarisme, d’immigration incontrôlée, d’absence de contrôle des frontières. Et ce qui est merveilleux, c’est que le déni ne faiblit pas à gauche, laquelle concentre ses flèches sur le seul homme qui paraisse regarder en face la situation, Bruno Retailleau.

Quand Bruno Retailleau parle de mexicanisation, il ne fait pourtant que reprendre le discours et un certain nombre d’alarmes qu’avaient tiré depuis longtemps les spécialistes de ces questions. L’Europe est une cible essentielle pour le marché de la drogue : les contrôles y sont quasiment absents et il existe toute une piétaille (jeunes des cités, mineurs isolés, clandestins) qui sont la chair à canon du trafic. Ils sont interchangeables, n’ont aucune importance aux yeux de leurs employeurs et surtout sont exploitables à merci car les juges rechignent à les punir, achevant ici leur abandon par la société. Ce trafic s’ancre dans des territoires précis et est d’autant plus difficile à combattre qu’il crée un écosystème, une contre-société dans les mêmes lieux qui sont déjà des territoires perdus de la République. Barbus et trafiquants s’entendent en effet très bien. Les principaux producteurs de drogue ayant des liens avec l’islam radical, ou émanent des narco-états comme l’Iran par exemple. Les deux œuvrant chacun dans leur genre à la déstabilisation politique.

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L’explosion du trafic de drogue et des violences qui lui sont liées, le fait que cette gangrène se répande à une vitesse folle dans le périurbain est le résultat de politiques à la Gribouille dont tout le monde pouvait prévoir l’échec. Avoir réparti les migrants sur le territoire et envoyé un certain nombre de population ni intégrées ni intégrables en province a eu des conséquences dramatiques : les différents gouvernements Macron ont répandu dans la France entière des personnes en total décalage culturel et ne bénéficiant d’aucune prise en charge efficace, parce que trop nombreux et pesant sur des territoires dans lesquels le service public a disparu ou est exsangue. Ce phénomène a entrainé la mise à disposition pour des mafias en plein développement, d’un personnel taillable et corvéable à merci. Cela a ouvert de nouveaux marchés au trafic. Les violences constatées n’ont donc rien d’étonnant.

Les habitants des zones périurbaines supportaient l’abandon par l’Etat et la médiocrité des services publics, mais y restaient au nom de la tranquillité qu’ils trouvaient. Au moins échappaient-ils à l’OK Corral permanent que leur semblait devenir la région parisienne… Ils n’ont même plus cela, alors qu’aucun espoir de redressement des services publics n’est en vue.

Petites mains

Second point à relever : le trafic de drogue repose en partie sur l’exploitation des mineurs. Utiles pour surveiller les points de deal, faire le guet, ou jouer les nervis voire les tueurs à gage pour les plus abîmés. En refusant de lever l’excuse de minorité et de dispenser des sanctions fortes, la Justice cautionne les raisonnements des trafiquants : utiliser le plus possible de mineurs pour leur faire prendre un maximum de risques en leur expliquant qu’ils ne craignent rien ou très peu par rapport aux adultes. L’excuse de minorité devient alors une malédiction et non une protection : enfants et adolescents sont ciblés par les trafiquants pour servir de petites mains. En refusant d’ouvrir les yeux sur les conséquences dramatiques d’une mansuétude coupable, une partie de la Justice participe par son laxisme au développement du trafic et aux effets délétères d’un recrutement qui cible les plus fragiles. Qui veut faire l’ange fait la bête se vérifie une fois de plus. Mais, apparemment, se laver les mains de sa responsabilité à l’égard d’enfants, pour se glorifier de ne pas les traiter comme des adultes quand cela signifie en réalité les abandonner à leur sort, doit être vu comme une preuve de vertu chez les juges…

Autre difficulté pour lutter contre la violence des narcotrafiquants : le déni de la classe politique, la gauche et notamment LFI en tête. Première étape : comparer la situation actuelle du Mexique et celle de la France pour expliquer que, franchement, on en est encore loin donc qu’il est urgent de ne pas agir et de ne rien faire. Sauf que chez les spécialistes de la question, on parle aujourd’hui de tsunami blanc pour évoquer l’explosion de violence que génère le trafic de drogue. On le mesure en voyant l’importance des saisies. A Anvers, un des points principaux d’arrivée de la drogue sur notre continent, sur les 238 millions de tonnes de marchandises déchargées en 2020, seul 1% des containers est contrôlé. Et c’est la même histoire dans la plupart des ports européens. Notamment au Havre. Des aubaines pour inonder l’Europe d’autant plus grandes que sur cet aspect des contrôles à l’entrée, aucune annonce n’apparait bien convaincante ; on parle de scanner à l’entrée, de redéployer 23 douaniers au Havre, mais derrière ces annonces assez faibles, il n’y a aucun objectif. Et il est clair que passer de 1% de containers contrôlés à 2 ou 3% ne changera guère la donne.

Déplacement d’Emmanuel Macron à Marseille, 19 mars 2024 © Christophe Ena/AP/SIPA

On a eu une nouvelle preuve du déni qui frappe beaucoup de monde avec la polémique stérile lancée par Manuel Bompard à la suite les dramatiques évènements de Poitiers. Le député lfiste accuse Bruno Retailleau de mensonge. Il n’y aurait pas eu de rixe impliquant des centaines de personnes, juste une expédition punitive rassemblant une soixantaine de jeunes. Outre que le déroulé de cette soirée sordide n’est pas complètement connu, le député montre ici sa totale déconnection du terrain. Pour les habitants des villes petites et moyennes, ce point-là n’est qu’un détail. Ce qu’ils ont en revanche bien compris, c’est que ceux qui ont fait du 93 un département repoussoir sont en train de s’installer chez eux et reprennent les mêmes fonctionnements qui ont fait de la Seine-Saint-Denis un département où on ne vit pas par choix dans de nombreuses villes.

2024 : la France bascule ?

C’est ce refus obstiné d’ouvrir les yeux sur une bascule, selon certains déjà réalisée, qui ici alerte. Cela explique surtout pourquoi, en l’absence de doctrine partagée, les pouvoirs publics n’agissent pas efficacement : toute intervention et utilisation de la force déclenche des polémiques sans fins alors que des enquêtes sont toujours menées pour en vérifier le bon usage.

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A l’autre bout de la chaine, là où les décisions pourraient donner des résultats rapides, pas grand-chose n’est fait non plus. On l’a vu, l’excuse de minorité est devenue le moyen d’étoffer rapidement un CV d’homme de main, une activité que l’on peut commencer dès 10 ans. On peut même multiplier les expériences et améliorer ses qualifications sans jamais avoir fait un tour en prison. Grâce à la procédure d’effacement des condamnations, on peut même blanchir son casier judiciaire ensuite. Sans compter qu’en France une peine prononcée est rarement effectuée. Souvent le détenu est libéré quand il n’en a fait que la moitié. De la même façon, notre pays est d’une naïveté confondante. Savez-vous que chez nous, pour que les biens d’un trafiquant soit saisi, il faut que l’Etat apporte la preuve de l’origine frauduleuse des fonds ? Comme seul l’argent compte pour ces gens, qu’ils soient hommes de main, petits ou gros trafiquants, c’est au portefeuille qu’il faut frapper. En Italie, si la personne ne peut apporter la preuve de la traçabilité de son argent, tous ses biens peuvent être saisis.

Dernier point : supprimer les aides sociales et l’accès au logement social aux familles de trafiquants permettrait d’envoyer un message fort à tous ceux qui sont tentés de basculer dans cette activité, en plus d’assainir le territoire. Les conséquences du basculement dans la délinquance ne seraient plus hypothétiques et lointaines mais rapides, et elles couperaient les dealers de leur environnement.

Enfin, rien ne changera tant que les pouvoirs publics se comporteront en mater dolorosa et non en figure paternelle posant des limites. On le voit dans la polémique stérile à propos des jeunes victimes. Sont-ils des innocentes victimes, des dégâts collatéraux, ou ont-ils été ciblés car ils prenaient part aux trafics ? Que leurs mères clament leur innocence est normal, et une enquête doit être menée, mais que la question des liens entre victimes de fusillades et trafic puisse se poser est légitime au regard de nos connaissances sur le sujet – et n’est pas une preuve de racisme ou de mépris social.

Ce qui vient de se passer à Poitiers et la polémique stérile que tente de lancer LFI nous indique une chose : les choses ne sont pas prêtes de changer et pour de basses raisons politiciennes, une partie de la gauche est en train de regarder des territoires tomber, sans même un geste ou une pensée pour des habitants relégués aux confins des préoccupations parisiennes. Elle est même prête à tout pour faire échouer l’un des rares ministres qui prend le problème à bras-le-corps. Son idéologie vaut tellement plus que la vie de vos enfants.

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Dans la guerre contre le narcotrafic, il nous faut un Etat de droit moins chichiteux

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Alors que les règlements de compte sanglants se multiplient sur le territoire, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau sonne la mobilisation générale contre la mexicanisation de la France. La guerre contre la drogue aura-t-elle enfin lieu ?


Il faut faire attention à l’usure des mots. On déclare des guerres tous les quatre matins ­– contre le séparatisme islamiste, contre la drogue, contre les violences faites aux femmes, par exemple. La seule guerre qu’on ait vraiment gagné dernièrement, c’est quand l’ennemi s’est éteint tout seul (je parle du Covid)…

Le bad trip français

Cependant, saluons déjà une chose : la prise de conscience semble réelle, même si comme pour l’islamisme il est sans doute trop tard. M. Retailleau parle de narco-racailles, chacun se rue sur le rapport du Sénat qui évoquait le risque de narco-étatisation. Dans Le Figaro, David Lisnard pointe le lien entre l’ultra-violence et une immigration hors de contrôle, et dénonce nos lâchetés et tous nos renoncements.

Il faut dire que le problème ne touche plus seulement Marseille ou la banlieue parisienne. Poitiers, Rennes, Valence, Grenoble ou Nîmes sont des villes sans cesse à la une des journaux pour les règlements de comptes, les fusillades ou les véritables batailles rangées (comme à Poitiers) qui s’y produisent. Il devient impossible d’y échapper. Les villes de gauche, avec leurs maires angéliques comme Eric Piolle (Grenoble) et leurs polices désarmées sont très touchées : dire que c’est la faute à CNews devient donc un peu court comme explication…

Peut-on gagner cette guerre ?

Le pire, c’est la politique du verbe. La Cour des comptes nous a ainsi révélé le scandale de « Marseille en grand ». En 2021, roulement de tambours et baguette magique : l’exécutif nous annonçait 5 milliards d’investissements. Résultat : 1,3% dépensés seulement à ce jour. L’ancienne minsitre Sabrina Agresti-Roubache, responsable du projet, se défend en disant que c’est l’État de droit, qu’il y a des appels d’offre, des procédures etc. Pour les Jeux Olympiques, on a pourtant bien réussi à les accélérer, ces procédures… Nicolas Baverez dénonce de son côté un amateurisme politique. Il n’y a eu aucune étude préalable, pas de liste d’objectifs mais juste une parole thaumaturgique du président de la République. Résultat : nada.

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Certains pensent que la solution-miracle consiste à frapper le consommateur (pas de demande/pas d’offre). Oui, mais on ne peut pas enfermer tous les fumeurs de joint. La prohibition comme seule politique ne marche jamais. Cela dit, la légalisation n’est pas non plus une panacée. En réalité, il faut hiérarchiser les combats, et arrêter de dire qu’on peut gagner cette guerre en une semaine.

La France en shoot libre

Faut-il recourir à l’armée ? Techniquement, elle peut sans doute aider à la sécurisation de certains endroits. Mais son rôle est-il d’exercer la violence contre un ennemi intérieur ?

Peut-on gagner? Au sens de la reddition et de l’armistice, évidemment non. Il s’agit d’une guerre sans fin contre un ennemi à mille têtes. Mais on peut remporter des victoires.

Aujourd’hui, face à des trafiquants surarmés et ultra-violents, l’Etat, avec ses règles ultra-contraignantes, sa disette budgétaire et son entêtement à comprendre les pauvres petits délinquants, ne fait pas le poids. Il faut des compétences pointues, des juges spécialisés, protégés éventuellement, et une volonté de fer. Donc, un Etat de droit moins chichiteux sur les droits des voyous et implacable pour défendre celui des honnêtes citoyens de rentrer chez eux sans prendre une balle perdue.

Nous exprimons notre stupéfaction et notre inquiétude face à la décision de Sciences-po Strasbourg

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L’école a suspendu son partenariat avec une université israélienne


Ce mardi 29 octobre, la direction de Sciences Po Strasbourg a entériné la fin de son partenariat avec l’université Reichman d’Herzliya, Israël, à la suite d’une motion présentée par des étudiants au conseil d’administration de juin dernier. La direction, bien que s’affichant aujourd’hui opposée à ce texte, n’a pas su empêcher son exécution et a tenté de cacher cette décision votée le 25 juin, à une très courte majorité et avec un tiers des administrateurs n’ayant pas pris part au vote.

Nous exprimons notre incompréhension, notre stupéfaction et notre inquiétude face à cette décision inédite.

C’est la première fois qu’une université française suspend un partenariat avec une université israélienne, et ce alors que la France connait une vague d’antisémitisme sans précédent, les actes antisémites ayant crû de 300% en un an, et ce alors qu’Israël a subi, il y a un an, le plus grand pogrom depuis la Shoah avec 1 200 morts et 251 civils et soldats pris en otage. Aujourd’hui, 97 otages sont toujours entre les mains des terroristes islamistes du Hamas, des citoyens français sont harcelés, agressés et violés sous prétexte de défense de la cause palestinienne. C’est intolérable.

A lire aussi: Causeur: 7-Octobre, un jour sans fin

Le déchainement antisémite n’a pas épargné nos universités, Sciences Po Strasbourg ne fait pas exception à la règle, des blocages conséquents ayant touché l’IEP en avril dernier et ce avec l’aval de représentants politiques. Durant ces blocages, nombre de manifestants ont diffusé l’idée d’un arrêt de tous les partenariats de l’université avec les établissements d’enseignement israéliens. Nous craignons que cette décision néfaste ne fasse que conforter l’impunité d’étudiants se livrant à la propagation de la haine antisémite sous couvert de solidarité avec les peuples palestiniens. Nous regrettons que cette décision se fasse au détriment des étudiants israéliens et français qui ne pourront plus accéder à ces échanges et découvrir les cultures israéliennes et françaises pour renforcer l’amitié entre nos deux peuples.

Nous, étudiants, enseignants, élus et citoyens engagés contre l’antisémitisme, demandons à la direction de Sciences Po Strasbourg :

  • De revenir sur la décision d’arrêt du partenariat avec l’université Reichman par le biais de la renégociation d’un accord et sa présentation au prochain Conseil d’Administration.
  • De s’engager à ce que les autres partenariats avec les universités israéliennes soient maintenus.
  • De prendre des sanctions fermes et rapides contre tous les étudiants et personnels tenant des propos antisémites.

Signataires :

Aurélien Gillet, Membre du Conseil d’Administration de Sciences Po Strasbourg (2021-2023)

Nathalie Beizermann, Vice-présidente nationale du Crif

Ariel Goldmann, avocat et président du FSJU et de la Fondation du Judaïsme français

Philippe Meyer, Président du B’nai B’rith France

Nathalie Riu-Guez, présidente Wizo France

Maxime Loth, Responsable Printemps Républicain Sciences Po Paris

Arlette Zilberg, porte-parole du réseau féministe universaliste Les CitadElles

Nadine Herrati, adjointe au maire écologiste de Gentilly

Frédérique Calandra, citoyenne

Ari Sebag, secrétaire général de la LICRA

Céline Pina, journaliste

Florence Bergeaud-Blacker, CNRS

Gad Weil, Co-président de Judaïsme en Mouvement

Gabriel Farhi, Rabbin, Judaïsme en Mouvement

Patrick Karam, vice-président du conseil régional d’Ile-de-France

Pierre-Christophe Baguet, Maire de Boulogne-Billancourt

Ariel Weil, maire de Paris Centre

Karen Taieb

Aline Bessis, Maire-adjointe du XVIIème arrondissement de Paris, Conseillère métropolitaine

Aurélie Assouline, Adjointe au Maire Paris 17e & Présidente du collectif 7 octobre

Raphaël Farhi

Samuel Athlan, entrepreneur formateur et auteur

Marie Robineaud, étudiante à Sciences Po en première année sur le campus de Paris

Lydia Zeroug, militante LICRA et Printemps Républicain

Ruben Moos, étudiant à l’université de Strasbourg

Arié Amzallag, étudiant, UEJF

Tsiporah Fried, Ministère des armées, ancienne de Sciences Po Strasbourg

Christophe De Voogd, professeur affilié, Sciences Po Paris

Nadine Sonsino

Floriane Gouget, Printemps Républicain

Yaël Teissier Leivant

Samuel Nahon

David Hania, Docteur en énergétique

Muriel Rojas Zamudio, psychanalyste

Delphine Dobin, professeure d’anglais

Valérie Rosen Sarfati

Murielle Devillers, retraitée

Yves Braka

Danielle Saffar

Philipp Huth

Juan Gabriel Mercado

Joëlle Da Rocha

Melvin Moine, étudiant

Delphine Lancel, DG Groupe RH&M

Muriel Chochois

Yves Trauger, Photographe et élu local

Joël Meyer

Sabrina Ktorza

Nathalie Melamed

Y. A.

Judith Lazarovich, professeur retraitée, Toronto (Canada)

Jean-François Verdiere, retraité, ex-enseignant en architecture

Boubacar Barry

Dominique Piot

Yves Silber, Docteur en médecine

Elisabeth Maassen, citoyenne

Bernard Melloul, professeur agrégé

Olivier Boisson

Romane Toledano, Université Paris I Panthéon Sorbonne

Cyrille Roze

Valérie Kalifa

Karina Guenanff, enseignante

Christine Domanchin

Etienne Carillon

Jocelyne Urrea-Mechali

Michel Brachet

Danièle Nousse, institutrice retraitée

Gabrielle Muckenhirn

Jacques Dewaele, citoyen universaliste et laïque

Catherine Robert, guerrière de la paix

Véronique Dauvergne

Sophie Brian

Caroline Jaeger, simple citoyenne refusant toute forme de discrimination

Lydie Burillo, membre de l’association TOUS 7 OCTOBRE en charge des réseaux sociaux

Valérie Assayag, TOUS 7 OCTOBRE

Melinda Cohen

Jérôme Rigaudias

Violette Levy

Sandra Vic

Corinne Dromer

Hagay Sobol, Professeur des universités, AMU

Elizabeth de Pemille

Sandra Korber, rédactrice

Marie Cheul, retraitée

Myriam Iglicki, podologue

Avi Uzan, médecin

Michel Louis Lévy, démographe, administrateur INSEE, Diplômé Sciences Po Paris 1962, conférencier à Strasbourg 2 dans les années 1980/90

Nadine Zagury

Jessica Choukroun, Enseignant-chercheur, Nice

Sandra Freidman

Norbert Amsellem, sociologue, INSERM

Hélène Bouniol

Ronit Goldstein

Daphné Chancelier, Unité laïque

Thierry Fritih

Joséphine Kazan

Jean O.

Olivier Burel

Déborah Rochette, parent citoyen

Olivia Fdida, citoyenne

Jean-François Brin, gérant

Christine Jean

Annick De La Rue

Matthieu Nogues, citoyen

Georgiana Khoi

Claude Zerbib, assistante manager

Sandrine Malem, psychanalyste

Sybille Pierru, Les CitadElles

Ariane Schuman Dreyfus, avocate

Anne Camus, citoyenne française

Gaëtan Louche 

Shapira Tamar, Gordon Academic College, Haifa, Israël

Claire Michaud, enseignante

Salomé Floriant, étudiante en 3A à Sciences Po Strasbourg

Ludovic Oriola, fonctionnaire

Bruno Jofa, architecte

Guy Fabre, citoyen français

Alain Fuchs

Antoine Durivault

Paul Monier, psychiatre

Anne Mariotti, membre du réseau jeunes de la LICRA

Sophie Papillon

Nathalie Bonhoure

Christophe Nagyos, membre du bureau du CRIF Alsace

Alexandra Blanchard de la Brosse, professeur

C. R.

Frédéric Pain

Serge Pitter, directeur de centre de profits, Fribourg, Suisse

Benjamin Bruno, président d’honneur du Crif Marseille Provence

Allais Lorédane, citoyenne solidaire d’Israël

Bernard Musicant

Perez Elbaz

Joshua Elbez, étudiant, Neoma Business School

Damian Saura

Salomé Gullula

Lauryn Abikhzer, Présidente de l’association Alliance Côte d’Azur

Jacques Attal, ancien président du CCJBB

Benjamin Meimoun, Alliance

Ethan Spiero

Roger Fajnzylberg, ancien membre du bureau national de l’UNEF, CD FSJU

David Botton

Kevin Revah

Guy Allouche

Stéphanie Mirwasser, chargée de mission DG FSJU

Muriel Devillers, retraitée

Andie Karcenty, Présidente d’Alliance Panthéon-Sorbonne

Benjamin Teszner

Claude Czechowski, universitaire

Dorothy Benichou Katz, Vice-présidente de la Grande Synagogue de la Victoire de Paris

Gérard Garçon

Marie-Laure Cohen, membre du comité directeur du FSJU

Carine Elgrably

Francis Bloch

Audrey Cohen

Philippe Coriat, associé, Deloitte

Corinne Lafitte, directrice groupe scolaire RamBam Maimonide

Jean-Stéphane Gourévitch

Stéphane Hassoun

Mendy Mottal, directeur Cteen France

Jean-Charles Attal

Chloé Freoa

Elie Ebidia, chef d’établissement Lucien de Hirsch

Elie-Emmanuel Levinas, FSJU

Jessica Habib

Corinne Elberg, Présidente Centre culturel juif de Grenoble

Jean Rozenberg

Michel Benhamou, expert-comptable

Alexandra Barouch, FSJU

Lionel Sebban, élu national du FSJU

Shirel Aouizerat, présidente de l’UEJF Paris 1

Jacques Jacubert, Président d’honneur du B’nai B’rith France

Gad Weil, Co-président de Judaïsme en Mouvement

David Elkrieff, étudiant

Jérôme Rubinstein

Rebecca Taieb

Mazal Benarous

Sandra Ifrah, FSJU

Pierre-Samuel Guedj, conseiller en Droits humains

Lucas Balthazard, étudiant

Gad Amar, Rabbin et enseignant

Serge Vatine

Caroline Heymann

Sophie Attali, avocate

Daniel Dubreuil, Directeur général du groupe scolaire Yavné Marseille

Linda Zoubir

Patricia Hauzi, juriste

Gabriel Farhi, Rabbin, Judaïsme en Mouvement

Jacques Silderberg

Laurent Mamou

Philippe Peres, chef d’entreprise

Olivier Hoffman

Sophie Achesse

Annie Cohen, avocate, vice-présidente All With Us – Tous avec nous

Jocelyne Arditti

Marianne Coen, psychiatre

Ethan

Olivier Ladregarde, avocat

Jean-Luc Scemama, Président ECAI

Lionel Stora, président régional du FSJU

Hélène Serfaty

Pierre Bellaloum

Patricia Ederhy, coordinatrice d’évènements

Louise Cohen 

Laurence Besserat

Pr. Micheline Misrahi, faculté de médecine Paris Saclay

Daniel Yaghil

Jean-Jacques Zenou, président Radio JM

Regis Folbaum

Alberto Gabai, Membre du CD, Crif

David Aharfi, coordinateur accueil de loisirs

Olivier Safar

JM Fitoussi, Directeur Groupe Progress

Patrice Deidda

Paulette Benhaim

Géraldine Le Bris

Jocelyne Allouche, Présidente coopération féminine Marseille

Elsa de Boissieu

Yael Yermia

Dr. Fernand Zerbib, Président du FARBAND-Union des Sociétés Juives de France

Jo Murciano

Philippe Goetzmann, Président BCP Conseil & Investissement, ancien élève de Sciences Po Strasbourg, section Ecofi

Michele Sitbon, membre du conseil national du FSJU

Laurence Danand, Responsable Ressources Humaines, Paris

Serge Coen, universitaire retraité, UAPV

Gisèle Taubert, BBF

Dr. Sylvie Sebahoun, B’nai B’rith

Liliane Nadjar, retraitée de l’éducation nationale

Alain Hirschler de père, René HIRSCHLER, et mère, Simone, tous deux Résistants, morts en déportation et déclarés, à titre posthume, Morts pour la France

Martine Boccara

Soly Lévy, FSJU

Daniel Elalouf, Président du bureau exécutif, FSJU

Ari Hodara, ingénieur commercial

Michel Sarfati

Marc Maidenberg, chirurgien

Jérémie Lasry, ingénieur, père de 2 enfants

Yaïche Esther Mynra, prothésiste ongulaire

Eva Dieudonné

Alix Danand

Barbara Van Eeckhout

Nicole Gauche

Marie-Anne Layani

Gilles Nacache, Vice-Président Crif Toulouse-Occitanie

Laurence Ouaknine

Richard Toper

Rosy Brakha, enseignante

Gilbert Meroudi, expert-comptable Think Tank CAP

Clémentine Sloma, B’nai B’rith Kinereth

Hugues Le Mener

Elisabeth Sabbagh

Reynald Astier, Vice-Président FSJU Lyon et président du CASIL

Andrée Elkaïm, B’nai B’rith

Claire Rubinstein, docteur en histoire, président de la commission nationale culture du B’nai B’rith

Elodie Saiag, FSJU

Robert Levy

Martine Plainchamp

Anne Broches, diplômée 1983

Serge Dahan, Vice Président du Crif

Gérard Panczer, PR Université de Lyon

Pierre Attia

William Zerbib

Michel Danon

Sidney Perez

Pauline Brun

Guy Sapriel, Psychiatre, psychanalyste

Valérie Hélène Toutain

Simon Levy

Line Levy

Paule Charbit Dahan, médecin

Jacques Dahan, DGA
Nicole Cohen-Addad, ancienne cheffe de service, unité néonatale de soins intensifs, The Brooklyn Hospital, Brooklyn, NY, USA

Eric Lovisolo, CFO Groupe Printems  CCFI

Marianne Rode

Gérard Fitoussi, médecin

Sophie Bensaid

Pierre Sonigo

Martine Cohen

Lisette Hazan, VPR B’nai B’rith

Sylvie Séror

Sophie Samama, chirurgien-dentiste

Michelle Saada

Marc Attar, professeur

Gabrielle Bloch

Audrey Beaumont

Estelle Tzinmann, ICJW

José Marin, CFDT

Katia Kanter, orthophoniste

Karine Sabah

William Ouaki, B’nai B’rith France

Corinne Benyayer, B’nai B’rith France

Isabelle Habib, présidente de la loge Michel de Montaigne B’nai B’rit Bordeaux

Jean-Jacques Rosenkrantz

Bertrand Asseo, gérant de sociétés, Bordeaux

Florence Fitoussi, responsable d’association

Laurence Bar

Alain Fournioux, B’nai B’rith Marseille

Betty Bouchoucha

Frida Zeitouni, présidente de la loge Bialik du BBF

Sophie Chomand

Thierry Touboul

Beky Twining

Sylviane Urvicz, retraitée

Georges Urvicz, Ingénieur civil Mines ParisTech

Marjorie Yerushalmi

Pascal Bécache, dirigeant TPE
Valérie Szwarcbart

Pierre Lasry, chef d’entreprise, fondateur dirigeant de l’Agence LSP

Josiane Arnal, retraitée

Mercedes Barchilon

Jeanne Bensoussan

David Revcolevschi, avocat au barreau de Paris

Francesca Tramontini, professeur

J. Israël

Maïté Coppey, Elerite Inserm

Laetitia Levy Blondeau, Formatrice et Consultante

Patrick Ittah, consultant

Bianva Enos

Claudine Dorfmann

Emmanuelle Choukroun

Raphaël Israël

Vanessa Benhamou

Laurence Temime, Chef de Choeur

Karine Israël, consultante orientation professionnelle et scolaire

Yael Kabla

Paula Lalou, expert-comptable

Frédéric Le Jehan

Gisele Elfassy

Pierre Patrick MKDE

Marc Szulewicz

Gabrielle Bloch

Martine Kahn, professeur

Yvette Fride

Francis Gutmann

Bernard Jung

Valerie Alalouf Kornreich

Laurence Spritzer, enseignante

Laetitia Lévy

Deborah Allouche, conseillère en orientation et cadre dans une grande entreprise française

Aksil Yafelman

Olivia Journeaux, citoyenne

Jean Kespi

Yves Silber, médecin

Julie Danlos, contrôleur aérien

Evelyne Lellouche, retraitée

Valérie Machting

Eliane Clifit, Wizo

Serge Vatine, avocat

Maurice Halioua

Tally Gozlan

Laura Janszen

Bernard Zaoui, conseiller municipal de Combs-la-Ville délégué au renforcement de la citoyenneté à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme et au développement des relations internationales

Caroline Bozou, enseignant chercheur Paris 1

Ouriel Ohayon, HEC 1996

Jean Alvarez, enseignant

Martial Attalli, juriste

Frédérique Odasso, journaliste

Eli Uzan

Nicole Agou  professeur histoire-géographie, Présidente de ARES association pour la Recherche et l’enseignement de la shoah

Meryll Edery

Michèle Levy-Amar

Ariane Zenker

Joël Meyer, particulier

Bernard Carayon, ancien député, avocat

Pascal Markowicz

Bernard Gahnassia

Géraldine Bunan

Sandra Bourguignon

Robert Ejnes, directeur exécutif du Crif, Président d’honneur de la communauté juive de Boulogne-Billancourt

Albert Karl, professeur INSA Lyon

Caroline Berdugo

Joy Jaoui, Women United for Peace

Samantha Taieb

Cécile Hazab

Gisèle Hivert-Messeca

Colette Busidan, auteur, conférencière

Madeleine Ghertman, retraitée

Claudette Eleini, avocate

Constance Grodner, entrepreneur

Michele Hoch

Eden Yaïche, étudiante à l’université Reichman et présidente d’honneur de l’UEJF Marseille

Katty Rotjam

Johanna Sellam

Myriam Szerman

Véronique Levy

Fabrice Durandy, citoyen de la République française

Caroline Corchia, Women United for peace

Michele Benzeno

Nicolas Topiol

Dorothée Mani

Marie-Pierre Benitah

Fabienne Amson

Liz Maruani

Nicole Verger

Caroline Ayache

Laurette Royer

Emmanuelle Karo, Vice Présidente AURA du B’nai B’rith France

Théo Muller, ancien étudiant de l’IEP de Strasbourg

Valerie Kensey

Aurélien Bernheim, Co-fondateur du MEJF

Eli Levy, Co-fondateur du MEJF

Elsa Sebag

Alain Steinberger

Jean Chikly, dirigeant de société, Paris

Esther Bagdassarian, enseignante

Isabelle Richard

Jessica Trink-ohayon, co-fondatrice Women united for peace

Alexandra Fitoussi, co-fondatrice Women united for peace

Karine Lazimi-Chouraqui, militante Women united for peace

Quincy Jones, touche-à-tout de génie

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Quincy Jones au Radio City Music Hall à New York, 20 février 1991 © Susan Ragan/AP/SIPA

La disparition d’un géant du jazz


Trompettiste américain, compositeur, producteur de jazz, Quincy Jones vient de mourir le 3 novembre, à l’âge de quatre-vingt-onze ans. Cette disparition a suscité une émotion dans le monde entier et un hommage unanime, par-delà les styles et les tendances – fait assez rare pour être souligné. Chez nous, une chaîne de radio comme France-Musique a bouleversé ses programmes pour lui rendre un hommage mérité. Semblable réflexe à la télévision où la chaîne C8 a ressorti des documents inédits, parmi lesquels une rencontre historique avec Charles Aznavour.

28 Grammy Awards !

Une telle mobilisation médiatique s’explique par le fait que la renommée de ce Chicagoan excède largement le seul domaine du jazz. Son talent, qui lui valut quelque quatre-vingt nominations dont vingt-huit victoires aux Grammy Awards, sans compter un Grammy Legend Award en 1992, était assez étendu pour rallier les suffrages les plus divers. Ancien élève du fameux Berklee College of Music de Boston, il se révèlera un trompettiste des plus honorables. C’est, toutefois, outre sa capacité d’adaptation aux courants novateurs du jazz, tels la bossa nova, ses dons d’arrangeur et de compositeur qui le propulseront vers les sommets. Sa collaboration, dans les années 80, avec l’ingénieur du son Bruce Swedien et Michaël Jackson déboucha sur des albums qui restent dans toutes les mémoires.

Sans retracer dans le détail une carrière entamée comme trompettiste dans l’orchestre de Lionel Hampton, poursuivie comme arrangeur auprès de musiciens les plus divers, de Sarah Vaughan à Dizzy Gillespie en passant par Count Basie ou Miles Davis, on retiendra, outre ses tournées dans le monde entier au sein de diverses formations, son séjour à Paris, à la fin des années 50. Il y poursuivra des études auprès de Nadia Boulanger, alors directrice du conservatoire américain de Fontainebleau. Il sera ainsi conduit à travailler avec Jacques Brel, Henri Salvador et Charles Aznavour, tandis que Les Double Six enregistreront un album consacré à ses compositions. Depuis cette période, il gardera toujours une certaine affection pour notre pays.

Son sens des affaires conduisit enfin Quincy Jones à fonder plusieurs sociétés productrices de films de cinéma et de télévision, de pièces de théâtre, tout cela aboutissant à la création de son propre label, Qwest records, en 2017.

Une activité à donner le tournis

La première leçon à tirer d’une telle carrière, c’est que l’art ignore les frontières et se joue des tabous. Si la société des Etats-Unis, voire l’Occident tout entier, avaient été, au XXe siècle, aussi ségrégationnistes, aussi racistes que le prétendent leurs actuels dénonciateurs, jamais un tel parcours, une telle réussite n’eussent été envisageables.

Le second enseignement, et là réside sans doute une clé essentielle, c’est l’ouverture d’esprit qui a permis à Quincy Jones de franchir toutes les barrières de genre et de style. Mieux encore, d’anticiper les évolutions d’une musique qu’il aura largement contribué à enrichir. Son génie des affaires a fait le reste. Qui pourrait le lui reprocher ?

À Valence, la crise politique aggrave la catastrophe climatique

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Catarroja (sud de Valence), Espagne, lundi 4 novembre 2024 © Manu Fernandez/AP/SIPA

La catastrophe naturelle valencienne met à nu pour la énième fois la jungle institutionnelle et administrative espagnole, où le système des communautés autonomes (issu d’un processus de décentralisation débuté à la fin des années 70) est tellement flou que plus personne ne sait très bien ce qui est du ressort des uns et des autres.


Les images du dimanche 3 novembre 2024 à Paiporta, bourgade de 27 000 habitants située dans la banlieue de Valence (Est de l’Espagne), ont fait le tour des médias internationaux. Dévastée par les pluies torrentielles qui sont tombées sur la région quelques jours auparavant, la commune accueille ce jour-là une délégation composée du président du gouvernement espagnol, le socialiste Pedro Sánchez, et du président régional valencien, le conservateur Carlos Mazón. Ils accompagnent tous deux le couple royal, Philippe vi et Letizia, qui se rend pour la première fois sur les lieux. Cette ville est un des épicentres de la « goutte froide » qui a aussi ravagé Picaña, Sedaví, Alfafar, Benetúser, Masanasa et Catarroja, dans la comarque de la Huerta Sur.

Un cortège pris à partie

À son arrivée, le cortège est la cible d’insultes ainsi que de jets de boue et d’objets divers de la part des habitants. Excédés, épuisés, s’estimant abandonnés par les autorités, pleurant leurs morts, cherchant désespérément les disparus, déblayant les rues avec l’aide de dizaines de bénévoles, les locaux voient rouge. La tension monte à Paiporta et Pedro Sánchez prend le large, craignant pour son intégrité physique. Pour leur part, le roi et la reine décident de rompre le cordon policier et de se rendre au contact des paiportinos, qui vident leur sac, s’énervent, supplient, exigent la démission de Sánchez et Mazón, expliquent qu’ils ont tout perdu (logement, véhicule, entreprise ou commerce). Letizia, qui a reçu de la boue sur le visage, serre des femmes dans ses bras et s’effondre en larmes avec elles. Plusieurs habitants s’excusent : « Ce n’était pas pour vous, ce n’était pas pour vous ! ». La plupart des gens présents, indignés et à bout de nerfs, ont voulu manifester leur profonde colère alors que plus de 200 morts et des centaines (voire des milliers) de personnes manquant à l’appel nourrissent leur chagrin.

Contrairement à ce que les journaux télévisés et quotidiens de nombreux pays ont laissé entendre, ni Philippe vi, ni Letizia n’étaient réellement la cible des manifestants. Ces derniers ont pu perdre leur calme face au couple royal mais ils avaient avant tout besoin d’être écoutés. Ils ont vécu une journée d’enfer, puis des heures d’incertitude et de travail harassant pour nettoyer maisons, appartements et rues. Le chef d’État et son épouse restent un certain temps sur place et, bien qu’ils doivent remettre à plus tard leur visite à Chiva, ils repartent grandis de ce douloureux épisode. C’est bien davantage le monde politique espagnol qui est dans le collimateur des paiportinos.

L’AEMET dans la tourmente

Même si elle est localisée, la tragédie de la Huerta Sur a une résonance nationale en raison du nombre de victimes et des discussions qu’elle entraîne. D’un côté, le réchauffement climatique a très certainement joué un rôle car la chaleur toujours plus élevée de la mer Méditerranée déclenche des gouttes froides d’une rare violence. De l’autre, le phénomène n’est pas nouveau, loin de là. La ville même de Valence, épargnée en octobre 2024, avait été submergée sensiblement à la même période en 1957, lorsque le Turia avait débordé de son lit.

Cette fois-ci, cependant, les autorités sont en cause. Beaucoup accusent Carlos Mazón et le gouvernement régional d’avoir réagi tardivement et d’avoir transmis les avertissements automatiques par SMS alors même que l’eau engloutissait déjà les villes. Bien d’autres pointent du doigt l’AEMET (équivalent espagnol de Météo France), qui avait annoncé l’événement pluvieux tout en n’anticipant pas suffisamment sa gravité. Nombreux sont aussi ceux qui reprochent à Pedro Sánchez d’avoir laissé les dirigeants valenciens se débrouiller seuls pendant plusieurs jours avant d’envoyer des effectifs militaires… un peu tard. Au milieu, les habitants de la Huerta Sur ont été privés d’électricité et d’eau pendant plusieurs jours, constatant le chaos qui s’était emparé de leurs communes.

Pendant une semaine au moins, droite et gauche espagnoles confondues ont rejeté la faute l’une sur l’autre. Chaque échelon administratif a juré qu’il ne pouvait agir qu’avec l’aide ou l’accord d’autres responsables, que ce soit à Madrid ou à Valence. Si la scène est bien connue dans d’autres pays (dont la France), elle prend une tournure particulièrement dramatique au vu des conséquences. Plus encore, elle met à nu pour la énième fois la jungle institutionnelle et administrative espagnole, où le système des communautés autonomes (issu d’un processus de décentralisation débuté à la fin des années 70) est tellement flou que plus personne ne sait très bien ce qui est du ressort des uns et des autres. Le dôme froid de l’automne 2024 (qui a aussi touché une partie de la Castille, de la Catalogne, des Baléares et de l’Andalousie) n’est qu’un exemple supplémentaire d’une situation tantôt ubuesque, tantôt alarmante.

La crise séparatiste catalane avait déjà porté un énorme coup à la crédibilité de l’organisation institutionnelle espagnole. Dans un autre registre, la catastrophe valencienne de cette année enfonce le clou, alors que la polarisation idéologique est à son comble.

La détestation que suscite Pedro Sánchez dans une large frange de la société est renforcée par ses manières, que certains trouvent méprisantes et autoritaires. Ses alliances controversées avec les sécessionnistes catalans et basques achèvent de dresser le portrait d’un homme qui semble n’avoir aucune limite à partir du moment où sa survie politique est en jeu. Il a pourtant ses partisans, qui voient en lui le seul rempart contre une droite qu’ils jugent fascisante (pour ce qui est de Vox, troisième formation du pays) ou vendue aux forces réactionnaires (dans le cas du Parti populaire, présidé par le très compassé Alberto Núñez Feijóo, chef de l’opposition).

Ainsi donc, si la reprise économique post-pandémie semble vigoureuse et place notre voisin ibérique dans le peloton de tête des puissances dynamiques de l’UE, le débat public s’avère éminemment crispé.

La politique écologique en ligne de mire

La goutte froide de Paiporta, Chiva et autres communes adjacentes relance aussi les débats sur les mesures qu’il conviendrait de prendre face au réchauffement planétaire. Socialistes et gauche « radicale » se positionnent en pionniers dans le domaine. Ils défendent ainsi davantage de taxes sur les grandes entreprises (notamment celles du secteur de l’énergie) ou encore la mise en place des zones à faibles émissions dans toutes les communes de plus de 50 000 habitants.

Ils promeuvent également la destruction de bon nombre de retenues d’eau, souvent modestes en taille mais que les milieux ruraux estiment indispensables à leur approvisionnement et leur production agricole. Pour cette partie du spectre idéologique espagnol, il faut rompre avec les politiques hydriques du passé, menées à bien tant par la Restauration (1874-1931) que par la Seconde République (1931-1939) et la dictature franquiste (1939-1975). En d’autres termes, les représentants de la gauche veulent réduire la consommation d’eau du pays (notamment dans le secteur primaire et le monde du tourisme), laisser les cours d’eau vaquer à leur « vie naturelle » et cesser les transferts d’« or bleu » entre régions. Ils critiquent dans le même mouvement la politique d’urbanisme pratiquée depuis des décennies outre-Pyrénées, alors que 700 000 citoyens vivent dans des zones menacées par les crues.

La droite, de son côté, s’insurge contre un programme qu’elle estime mortel pour les intérêts du pays et pour sa souveraineté alimentaire. Elle cite en exemple le Plan Sud (1958-1973), organisé par le franquisme après la gran riada de 1957 à Valence. Entre Cuart de Poblet et la mer Méditerranée, le cours du Turia prend un détour artificiel afin de protéger la troisième ville la plus peuplée d’Espagne. Parti populaire et Vox rappellent dans la foulée que le barrage de Forata, inauguré en 1969 sur le Magro (affluent du fleuve Júcar, qui passe au sud de l’agglomération valencienne), a évité des dégâts plus massifs au mois d’octobre en retenant 37 millions de litres d’eau tombée du ciel. Les deux grands partis de droite exigent enfin que la loi interdisant le nettoyage des sous-bois et des vallées, soutenue par la gauche, soit abrogée. Les troncs, branches et débris accumulés dans le sillage de plusieurs cours d’eau et charriés par la crue ont effectivement constitué autant de pièges mortels pour la Huerta Sur.

Alors que la polémique fait rage, la Cour des Comptes espagnole semble aller dans le sens d’Alberto Núñez Feijóo et Santiago Abascal (président de Vox). De fait, elle n’a cessé de rappeler ces dernières années que les investissements manquaient pour entretenir les infrastructures gérées par la Confédération hydrographique du Júcar (mais aussi par celle du Guadalquivir, en Andalousie, et celle du Segura, dans la Région de Murcie et le sud de la Communauté de Valence).

Alors que les secours s’attaquent désormais aux recherches dans les garages privés et les parkings publics de l’agglomération de Valence (en particulier celui de Bonaire, dont on craint qu’il ne soit plus qu’un immense cimetière sous l’eau), la controverse n’est pas près de s’éteindre.

Rendez la Monnaie!

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La journaliste Elisabeth Lévy © Eric Fougère

L’éditorial de novembre d’Elisabeth Lévy


Il paraît qu’Emmanuel Macron est très soucieux de la trace qu’il laissera dans l’Histoire. Des esprits chagrins insinueront qu’il y restera comme le président qui a battu les records d’endettement ou celui qui a réussi à enfermer les Français chez eux – cela expliquant ceci car il a bien fallu sortir le chéquier pour que nous acceptions de passer nos jours devant Netflix. D’autres, taquins, se demanderont s’il ne sera pas éternellement le prédécesseur de Marine Le Pen (ou d’un autre méchant). C’est injuste. Le président a aussi de grands projets culturels. L’ultime legs de son décennat sera certainement la « Maison des mondes africains » – dans le jargon de l’inclusivité, tout est au pluriel : les cultures, les Afrique, les France, seul le racisme n’a qu’une adresse. Je me demande quel crâne d’œuf a trouvé judicieux de baptiser ce projet MansA, nom dont la presse explique avec ravissement qu’il résulte d’une « hybridation entre mansio, “habitation” en latin, et Mansa Moussa, souverain malien du xive siècle ». Mansio et Moussa, ça parlera certainement au cœur des Africains.

Le MansA n’a pas vocation à émerveiller mais à faire penser et bien penser. Ce projet, apprend-on dans Libération, est « porté par le président dans un esprit de réparation coloniale ». Nous y voilà. Sa future directrice, la journaliste franco-sénégalaise Élisabeth Gomis promet de « bâtir un lieu d’échange autour de la question des répercussions de l’histoire coloniale dans la société contemporaine ». Le MansA « va décloisonner, faire de la culture pour tous, parler de colonial et de décolonial dans un lieu hybride. » Il était temps vu que, dans notre pays, personne n’ose jamais parler de colonial et de décolonial. Certes, ce galimatias, omniprésent dans les universités et les médias, est aussi le credo du Musée national de l’histoire de l’immigration, dont l’imam caché, Patrick Boucheron, veut défranciser l’histoire de France. Rappelons que, pour sa réouverture, ce musée s’était offert une campagne avec Louis XIV comme symbole des étrangers qui ont fait la France – sans rire. Si j’étais réac, je vous dirais que, la repentance, il y a déjà une maison pour ça.

Nous n’avons pas dû assez expier, car il nous en faut une deuxième. Mais ce n’est pas tout. Comme il n’a pas les moyens de s’offrir sa pyramide du Louvre, Emmanuel Macron a accepté la proposition de Rachida Dati de loger son bidule africain dans une aile de l’hôtel de la Monnaie à Paris, qui bénéficiera pour cela de réaménagements et, ce qui est plus inquiétant, d’un « geste architectural ajouté en façade ». Créée en 864 la Monnaie de Paris est la plus vieille institution française encore en activité et sans doute la plus vieille entreprise du monde. Le bâtiment, sis sur la rive gauche de la Seine, a été inauguré en 1775, aussi une journaliste de Beaux Arts observe-t-elle avec ravissement qu’on « parlera de décolonisation au sein d’un riche symbole de pouvoir né à l’époque coloniale ». Le message est limpide. Pour se faire pardonner son passé criminel, la vieille France raciste et colonialiste doit cesser d’exister et même faire oublier qu’elle a existé pour se vouer tout entière à l’Autre. D’ailleurs, c’est peut-être la seule cohérence d’Emmanuel Macron, sa véritable colonne vertébrale : pour lui, les nations ont fait leur temps. Place à la partouze des cultures !

Le plus rigolo, c’est que c’est la dissolution qui a sauvé cette belle initiative. Le ministère de la Culture avait lâché l’affaire, mais s’est de nouveau engagé face à la menace d’une arrivée au pouvoir du RN. S’il s’agit de lutter contre le fascisme, on s’incline. Du reste, pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? S’il veut frapper un grand coup et montrer au monde entier que la France est prête à abjurer son passé, Emmanuel Macron doit frapper un grand coup et lancer la transformation de Notre-Dame en mosquée. Après tout, on pourra quand même faire payer l’entrée.

Trump, champion du politiquement incorrect

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Donald Trump à Grand Rapids, Michigan, 5 novembre 2024 © Evan Vucci/AP/SIPA

La victoire de Trump serait révolutionnaire, selon notre chroniqueur. Si la personnalité extravagante du candidat républicain heurte une majorité de Français, beaucoup de citoyens engagés dans la « guerre culturelle » contre le wokisme, ou simplement inquiets de la disparition des peuples, ne sont pas insensibles aux propos du milliardaire américain. Voici pourquoi.


La gauche ? C’est le refuge des puissants et l’obstacle à la révolte des opprimés. Cette inversion des rôles, qui rend la droite dépositaire de la question sociale, se lit aux Etats-Unis comme en France. C’est pourquoi la perspective d’une réélection de Donald Trump, à l’issue du scrutin de mardi, est déjà un désaveu pour les « progressistes », confrontés à leur trahison des faibles. Des deux côtés de l’Atlantique, les maîtres de ballet crachent les mêmes insultes sur le peuple qui refuse d’obéir. Quand L’Humanité titre : « Le péril fasciste » sous la photo de Trump, Kamala Harris soutient semblablement : « Oui, nous pouvons le dire, la vision de Donald Trump est celle du fascisme ». Quand Joe Biden laisse échapper son mépris pour les électeurs républicains en les comparant à des « ordures », Alain Minc les qualifie de « sous-développés ». Ce même promoteur de la « mondialisation heureuse » avait dit en 2016, parlant du référendum britannique approuvant le Brexit : « Ce référendum n’est pas la victoire d’un peuple sur les élites mais celle de gens peu formés sur des gens éduqués ». La gauche américaine partage avec la gauche française une même répulsion pour les « ploucs », ces damnés qui n’entendent rien aux certitudes des experts en chaises longues. Ces prétendus humanistes n’ont aucune empathie pour la classe moyenne. D’ailleurs, l’électorat de Trump ne se réduit pas à la seule sociologie des « petits blancs » déclassés. Non content d’avoir été rejoint par d’anciens démocrates comme Robert Kennedy et Elon Musk, Trump attire davantage parmi les minorités, hispaniques et noires. Certes, ces électeurs votent encore majoritairement démocrate. Mais beaucoup n’en peuvent plus d’un système bureaucratique et oligarchique qui se paye de mots et oublie de regarder comment vivent les pauvres. Bref, une victoire de Trump serait une heureuse sanction contre ceux qui se disent démocrates mais hurlent au populisme – voire au fascisme – quand les gens leur tournent le dos.

La délivrance idéologique est à portée de mains. Le politiquement correct, déjà ébranlé par le trumpisme d’atmosphère qui imprègne les États-Unis depuis 2016 et la première élection surprise, peut s’effondrer. Ce système étouffant de la pensée autorisée est aussi oppressif aux États-Unis qu’en France. En ce sens, la victoire de Trump serait révolutionnaire. La personnalité extravagante du candidat, qui heurte en France, n’est plus un obstacle pour l’écarter du pouvoir. Une partie de la Silicon Valley et de Wall Street s’est laissée convaincre par le pragmatisme trumpien, sa culture de la transaction, son rejet du wokisme totalitaire, sa défense de la liberté d’expression, son opposition aux guerres attisées par le complexe militaro-industriel, sa défiance vis-à-vis de Big Pharma et de son scientisme rémunérateur.

Trump ne brille pas par ses analyses ni par sa subtilité. Cependant, il est le symptôme plus complexe d’une rupture avec le mondialisme. Or, en France comme aux États-Unis, la gauche se montre incapable de penser la nouvelle vague politique autrement qu’un invectivant ceux qui prônent le retour aux frontières et aux protections. Pour avoir caricaturé les alertes contre le « péril migratoire », le camp du Bien ne peut, en France, aligner que des banalités pour commenter l’envolée des « narco-racailles » (Bruno Retailleau) et des violences urbaines claniques, qui se sont multipliées ce week-end. Samedi, Libération tirait sur « Les morts évitables » en accusant les autorités espagnoles dans les inondations de Valence. Mais combien de morts évitables la gauche a-t-elle sur la conscience pour avoir menti sur le « vivre ensemble » ? Pour ces raisons, une victoire de Kamala Harris serait une mauvaise nouvelle pour les peuples qui ne veulent pas disparaître.

« Houris » et Kamel Daoud Prix Goncourt !

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Le Prix Goncourt 2024 a été attribué à Kamel Daoud pour son livre : "Houris" aux Editions Gallimard, le 4 novembre 2024, au Restaurant Drouant a Paris © ISA HARSIN/SIPA

Notre chroniqueur, qui dès le 6 septembre pronostiquait Kamel Daoud comme futur Prix Goncourt exulte : les jurés du plus beau Prix français, malgré les menaces du gouvernement algérien, ont couronné le très beau roman de l’écrivain français né dans la wilaya de Mostaganem, qui raconte les années de fer et de sang de la « décennie noire » (1990-2000), une évocation interdite au pays des militaires et des imams.


« Les jurés du Goncourt, qui ont sélectionné Houris dans leur première sélection, seraient bien avisés de donner à Kamel Daoud, couronné jadis pour le Goncourt du meilleur premier roman, un prix qui mettra en lumière ce que l’histoire officielle — celle qu’enseignent les manuels scolaires et, chez nous, les pédagogues qui refusent de parler de la traite saharienne ou des razzias opérées sur les côtes européennes — tente en vain de glisser sous le tapis de prière. »

Monsieur Brighelli ou Madame Irma ?

Ainsi concluais-je, début septembre, mon article sur le roman de Kamel Daoud, Houris. Je ne me donne pas une importance que je n’ai pas. Mais l’année dernière, j’avais contribué, autant que possible, à écarter cette buse d’Eric Reinhardt, auquel on promettait le Prix et qui est reparti avec son livre entre les jambes. Et cette année, j’ai pronostiqué la victoire de Kamel Daoud, qui est l’heureux élu. Gloire à lui !

Daoud avait eu, fin 2014, la consécration plus douteuse d’une fatwa émise par un imam salafiste : « Nous appelons le régime algérien à le condamner à mort publiquement, à cause de sa guerre contre Dieu, son Prophète, son livre, les musulmans et leurs pays. » À la suite de quoi, après que l’écrivain eut déposé plainte, ledit imam fut condamné à trois mois de prison et l’équivalent de 450€ d’amende — condamnation annulée en appel sous prétexte d’incompétence territoriale du tribunal. L’Algérie a avec la justice des relations difficiles.

Il est plus que temps que la France, au lieu de reconnaître les horreurs du colonialisme (pensez, nous avons inventé un pays qui n’existait pas, mis fin aux affrontements entre tribus, assaini un territoire dévoré de fièvres, définitivement renvoyé chez eux les Ottomans qui s’y étaient installé quelques siècles auparavant, construit des routes, des chemins de fer, des entreprises, labouré la terre, planté des vignes et des arbres fruitiers — que de crimes impardonnables…) mette fin à l’assistanat d’un pays qui nous coûte cher et qui nous abreuve d’injures. Qu’ils aillent se faire voir — et offrons-leur Benjamin Stora pour écrire leur guerre à leur manière, ils ne sont plus à quelques mensonges près.

Une belle leçon d’écriture

Pourtant, la France continue à s’humilier devant quelques poignées d’imams et de généraux nonagénaires et chamarrés comme des arbres de Noël. Elle s’excuse pour ceci, s’agenouille pour cela, promet de rendre les artefacts des uns, et de rembourser les autres pour les crimes commis contre les harkis. Le président de la République se rapproche du Maroc, c’est une bonne idée ; il aurait dû en profiter pour tirer un trait sur l’Algérie, et cesser de payer les retraites de gens morts depuis des lustres.

Lisez le roman de Kamel Daoud, il vous permettra de comprendre — je m’adresse ici à ceux qui n’étaient pas nés pendant la guerre dite d’indépendance — comment fonctionnent des islamistes dès qu’on leur tend les clefs du pouvoir. Et il vous donnera une très belle leçon d’écriture.

Le gouvernement algérien avait menacé par avance. Comme dit un journaliste bien informé : « À la veille de cette annonce, nos sources nous ont informé que les services d’Alger s’activent dans l’ombre en exerçant des pressions et des intimidations sournoises, directement sur les membres jury du Prix Goncourt et sur Kamel Daoud lui-même à l’heure où nous écrivons, dans le but de torpiller cette récompense. Nos sources nous ont signalé des intimidations et menaces qui vont des menaces diplomatiques discrètes à des messages anonymes, accusant l’auteur de trahison, de calomnie, et allant jusqu’à déterrer son passé supposé d’islamiste ou des allégations de violence conjugale. La machine à salir tourne à plein régime. » Ces gens-là croient qu’ils peuvent imposer à la France la censure qu’ils font régner chez eux. Eh bien, qu’ils gardent leur censure, leurs sables, leurs rues jonchées d’ordures et leurs revendications d’indemnités pour les crimes terroristes qu’ils ont perpétrés pendant des décennies.

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Mme Badenoch désignée chef des conservateurs britanniques, Westminster, Londres, 2 novembre 2024 © Mark Thomas/Shutterstock/SIPA

Une femme, un parti, une révolution ? Kemi Badenoch récupère un Parti conservateur en piteux état. Les premiers pas de cette femme d’origine nigériane à la tête de l’opposition sont scrutés de près outre-Manche. Portrait.


L’ascension de Kemi Badenoch à la tête des conservateurs britanniques constitue une étape marquante et historique dans le paysage politique du Royaume-Uni. À seulement 44 ans, elle devient la première femme noire à diriger un grand parti politique britannique, remportant un vote décisif contre Robert Jenrick lors d’une élection interne. Cette victoire ne se limite pas à briser des barrières ; elle s’inscrit dans un mouvement plus vaste, celui de l’émergence de députés conservateurs noirs et asiatiques qui ont récemment occupé des postes de responsabilité, tels que James Cleverly, Suella Braverman, Priti Patel et Sajid Javid. Rishi Sunak, battu aux élections de juillet, ne manquait pas de faire valoir sa fierté d’être le premier Premier ministre britannique d’origine asiatique. En 2023, Kemi Badenoch a osé déclarer la Grande-Bretagne comme « le meilleur pays au monde pour être noir », une affirmation qui a suscité l’enthousiasme des journaux de droite tout en déclenchant une avalanche de critiques de la part des experts progressistes. Pour les conservateurs, encore secoués par une défaite électorale majeure en juillet, cette élection revêt une importance particulière : ils viennent d’élire leur deuxième chef consécutif issu d’une minorité ethnique et leur quatrième femme à la tête du parti. Benjamin Disraeli, d’origine juive, devenu Premier ministre en 1868, représentait le premier dirigeant de minorité ethnique dans l’histoire du parti.

Aujourd’hui, Mme Badenoch ouvre une nouvelle voie, porteuse d’espoir et de diversité, inscrivant son nom dans les annales de l’histoire politique britannique.

Retour en arrière : la montée de Kemi Badenoch

En 2022, alors que le Parti conservateur traversait une période tumultueuse, Kemi Badenoch, alors âgée de 42 ans et ancienne ministre de l’Égalité, a décidé de se lancer dans la course à la direction du parti. Elle s’est retrouvée parmi cinq candidats, dont des figures plus établies comme l’ancien Premier ministre et chancelier, Rishi Sunak, et la ministre des Affaires étrangères Liz Truss. Avec le soutien notable de Michael Gove, Mme Badenoch a affirmé sa volonté de « dire la vérité » et de prôner un gouvernement resserré, signalant ainsi une rupture potentielle avec l’ère de Boris Johnson. Ce tournant a préparé le terrain pour son ascension, la menant aujourd’hui à être la première femme noire à diriger un grand parti politique britannique.

Parcours d’une pionnière aux racines multiples

Olukemi Olufunto Badenoch, née Adegoke un 2 janvier 1980 à Wimbledon, Londres, se dresse comme une figure singulière et puissante du paysage politique britannique, la première femme noire à gravir les échelons du Parti conservateur. Son histoire tisse le fil d’une identité façonnée par la diversité culturelle et la résilience, un destin intimement lié aux multiples lieux qu’elle a habités. Fille de Femi, médecin généraliste, et de Deyi, professeure de physiologie, elle est née d’un coup du sort : une simple visite médicale de sa mère au Royaume-Uni lui ouvre plus tard la voie à un passeport britannique. Ce privilège inattendu façonne sa vision du monde, lui permettant de trouver un juste équilibre entre ses racines nigérianes et son appartenance britannique.

Mme Badenoch grandit au croisement de Lagos et des États-Unis, héritant d’une perspective unique et d’un enracinement solide, qui la distinguent de ses pairs. Au Nigeria, elle fréquente l’International School de l’Université de Lagos, où elle se voit comme une écolière Yoruba de classe moyenne, apprenant à naviguer dans la complexité des cultures et des traditions. Cette enfance éclatée, faite de voyages et de contrastes, devient le terreau d’une personnalité capable de jongler avec aplomb entre des mondes divers, une qualité précieuse pour celle qui incarne désormais l’ascension des minorités au cœur du pouvoir britannique.

C’est donc avec un bagage riche d’influences multiples que Kemi Badenoch entame sa propre aventure en Grande-Bretagne.

De l’héritage nigérian à l’autonomie britannique

À 16 ans, poussée par les bouleversements politiques et économiques au Nigeria, elle retourne au Royaume-Uni, seule, avec la ferme intention de tracer sa route. Bien que sa famille soit de classe moyenne, son quotidien se distingue de celui des autres candidats conservateurs : elle doit travailler dans un McDonald’s tout en préparant ses Advanced Levels. Elle évoque cette expérience formatrice, une leçon de dignité du travail, comme un chapitre fondamental de sa jeunesse.

Elle poursuit des études en informatique à l’Université du Sussex, devient ingénieure logiciel chez Logica, puis décroche un diplôme de droit à Birkbeck College tout en travaillant. Elle évolue ensuite dans le secteur financier, devenant analyste systèmes à la Royal Bank of Scotland, puis directrice adjointe chez Coutts, la banque de la reine. En parallèle, elle prend les rênes du magazineconservateur The Spectator, forgeant ainsi sa carrière au sein de l’élite britannique.

Ses premiers pas sur la scène politique

Kemi Badenoch entre dans l’arène politique britannique en 2005, à seulement 25 ans, en rejoignant les rangs du Parti conservateur. Animée par une conviction profonde et une vision claire, elle tente sa chance à plusieurs élections locales et législatives dès 2010, sans succès initial. Mais chaque échec n’a fait qu’aiguiser sa détermination, et elle se prépare à marquer le paysage politique de son empreinte.

Fervente partisane du Brexit, Mme Badenoch perçoit la sortie de l’Union européenne comme une renaissance nationale, un retour à une autonomie dont elle admire la force. Lors de sa première élection en tant que députée en 2017, elle remporte haut la main la circonscription de Saffron Walden avec plus de 37 000 voix, une victoire éclatante qui la consacre au sein des conservateurs. Dans son discours inaugural, elle qualifie le vote du Brexit de « plus grand acte de confiance envers le Royaume-Uni » et revendique son héritage politique auprès des géants conservateurs, évoquant Winston Churchill et Margaret Thatcher comme ses modèles. Ce même mois, elle est invitée à rejoindre le comité influent des députés conservateurs, le Comité 1922, affirmant ainsi sa place parmi les voix montantes du parti.

Pour Mme Badenoch, entrer en politique n’est pas seulement une ambition : c’est un engagement viscéral pour un Royaume-Uni souverain, une foi inébranlable en un pays capable de s’élever par lui-même.

Pour Badenoch, les défis qui l’attendent sont d’autant plus complexes qu’elle doit non seulement relever le défi de diriger l’opposition, mais aussi restaurer la confiance des électeurs dans un contexte politique en mutation.

La route semée d’embûches vers la rédemption Conservatrice

L’attention de Kemi Badenoch se tourne désormais vers la manière d’affronter un gouvernement travailliste qui vient de présenter le plus important paquet d’augmentations d’impôts au Royaume-Uni depuis plus de 30 ans. Cependant, le chemin ne sera pas facile pour cette nouvelle leader conservatrice. Victorieuse dans une course à la direction acharnée, elle se retrouve désormais chargée d’unir un parti fracturé tout en dirigeant l’opposition contre Sir Keir Starmer. « Nous devons ramener ceux qui nous ont abandonnés », a-t-elle déclaré, soulignant l’importance vitale du Parti conservateur pour l’avenir du pays. « Pour être entendus, nous devons être honnêtes. »

Elle a également affirmé qu’il était « temps de se mettre au travail » pour « renouveler » le Parti conservateur. Dans ses propres mots, « le temps est venu de dire la vérité, de défendre nos principes, de planifier notre avenir, de repenser notre politique et notre façon de penser, et de donner à notre parti et à notre pays le nouveau départ qu’ils méritent. » Ce nouvel élan se heurte néanmoins à un contexte difficile : alors que Mme Badenoch devient la première femme noire à diriger un grand parti politique au Royaume-Uni, Keir Starmer, le Premier ministre travailliste, a qualifié cette avancée de « moment de fierté pour notre pays ». Pourtant, le scepticisme demeure. Ellie Reeves, présidente du Parti travailliste, a fait entendre sa voix : « L’élection à la direction du parti a été longue, mais une chose est sûre : les conservateurs n’ont rien appris depuis que le peuple britannique les a rejetés en masse en juillet. »

À ce stade, Kemi Badenoch se trouve à un carrefour, balançant entre un héritage chargé et des promesses d’innovation.

Saura-t-elle naviguer dans ces eaux tumultueuses et insuffler au Parti conservateur le souffle nouveau dont il a tant besoin ? Car à l’heure où le navire politique prend l’eau, un bon capitaine saura toujours tirer parti des vents favorables pour redresser la barre, même dans les tempêtes les plus violentes. Est-elle prête à devenir le phare qui guidera son parti à travers cette nuit politique incertaine ?

Canal plus, comme un air de campagne…

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Antoine de Caunes alias "Didier l'embrouille", sur le plateau de l'émission de Philippe Gildas. DR.

Monsieur Nostalgie se souvient du lancement de Canal Plus, il y a, jour pour jour, 40 ans. À l’origine, le canal 4 n’était pas cette chaîne critiquée comme trop « parisienne » par la suite, révèle-t-il.


Le logo de la chaine de 1984 à 1995.

Les historiens s’écharpent sur le point de bascule. À partir de quand, « l’esprit Canal » insufflé par Alain De Greef, tête chercheuse du PAF, est retombé comme un soufflé au fromage. Un jour, il n’a plus fait rire. Il a même commencé à sacrément agacer par son impunité médiatique et son insolence moralisatrice. Il s’est mué en un arbitre du bon goût et en baromètre d’une liberté d’expression à sens unique. De la maison de toutes les audaces au grand gloubi-boulga globalisé. Tout ça semble si loin, aujourd’hui, l’irrévérence et le ricanement ont fait leur temps, et n’amusent plus que quelques passéistes à bandes molletières.

Un 4 novembre 1984…

Notre pays a traversé une crise d’identité et une perte totale de ses repères en quarante ans. La France a tourné le dos au second degré. L’humour segmenté est devenu un nouveau casernement de la pensée. Il est communautaire et parcellaire. On ne rit plus ensemble mais contre quelqu’un. Si « l’esprit Canal » s’est dilué dans une mondialisation faussement émancipatrice, nous n’oublierons pas ses débuts, en novembre 1984. Nous avions dix ans au lancement de la première chaîne payante qui inventait le décodeur et le porno à domicile, le foot par abonnement et les nouveautés cinéma dans son canapé. Dans les campagnes, un réseau parallèle de décodeurs bricolés au fer à souder dans les garages florissait et le film interdit au moins de 18 ans du samedi soir motivait l’ingéniosité des adolescents en rut. De la passoire aux spasmes cathodiques, la pamoison ne tenait qu’à un fil d’antenne. Pour la première fois, nous avions accès au basket américain et aux matchs de boxe en direct. Et les programmes en clair auront été le meilleur produit d’appel pour débourser 120 francs par mois. Ne croyez pas que Canal était parisienne et élitiste ; au contraire, à son origine, elle était provinciale et populaire. Après quelques ajustements marketing, les responsables commerciaux ont compris que le salut de la chaîne passerait par les départements et les sous-préfectures, et non les CSP ++ comme on les apprenait au lycée en cours de sciences économiques. Ce sont les classes moyennes qui l’ont adoptée et ont adhéré à son projet potache.

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Secrets d’histoire

Je vous révèle aujourd’hui une vérité longtemps cachée par les salisseurs de mémoire. Canal Plus a été créée par des berrichons. Sans le Berry, point de Mademoiselle Agnès, de Didier L’embrouille, de gadgets foireux de Bonaldi ou de la Maxi-Tête de Sophie Favier. Aux manettes de ce canal historique, on retrouve la fine fleur des hommes du Centre de la France, du Cher et de l’Indre, Michel Denisot en monsieur loyal castelroussin, pas encore patron de la « Berrichonne » accompagné par un Gérard Depardieu parrain de l’événement qui, pour l’occasion, était venu faire la promotion de Rive droite, rive gauche de Philippe Labro, sorti le 31 octobre, soit quelques jours avant la mise en orbite de la 4ème chaîne. Sans oublier, la présence tutélaire de Philippe Gildas qui ne vient pas de nulle part. Le journaliste s’est toujours senti breton mais a passé toute son enfance à Bourges, à l’ombre la cathédrale Saint-Etienne. Et que dire enfin d’André Rousselet, le grand manitou de Canal Plus, taximan de Mitterrand, qui avait des attaches anciennes avec l’Indre, ne fut-il pas sous-préfet à Issoudun en 1953 ? Simone Veil, dont le mari était en stage à la préfecture de Châteauroux, a raconté leur escapade chez les antiquaires de la région quand les hauts fonctionnaires n’étaient pas accablés par une charge de travail excessive et des émeutes urbaines éruptives. Nos confrères de La Nouvelle République rapportaient les propos de Simone, en 2016 qui s’amusait de cette douce léthargie : « Drôle d’époque où les hauts fonctionnaires de la République bénéficiaient de temps libre ! ».

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Alors, même si on est parfois sévère avec les dérives modeuses et affranchies d’une chaîne qui s’est voulue prescriptrice et guide spirituelle de toute une génération, la première décennie de son existence nous ramène au temps des doudounes Chevignon et des jeans Liberto, du Top 50 à 18h45 et de Jean-Claude Bouttier nous initiant au noble art. Une époque où Marc Toesca annonçait à la France médusée que Peter et Sloane et Cookie Dingler étaient devant Scorpions et Stevie Wonder au classement des 45 tours n’est pas totalement mauvaise, et cette parenthèse enchantée où Sardou chantait les deux écoles et Isabelle se noyait dans son pull marine nous ramène dans les limbes. En ce jour anniversaire, je veux avoir une pensée et verser une larme pour Martine Mauléon disparue en 2003 qui nous parlait déjà de la crise de l’emploi et tentait de « réindustrialiser » nos campagnes.

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Poitiers, Rennes, Marseille… la France orange mécanique!

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Quartiers nord de Marseille, 2020 © Lionel Urman/IPA/SIPA

Mexicanisation? Narco-Etat? La France est-elle en train de basculer ? Face aux innombrables fusillades liées au trafic de drogue (impliquant souvent des mineurs), de belles âmes s’emploient à minimiser l’effroi ressenti par les Français. Elles dénoncent avec gourmandise des inexactitudes dans les propos du ministre de l’Intérieur quant aux échauffourées survenues à Poitiers, ou comparent le nombre de victimes avec celui des morts liées au narcotrafic au Mexique. L’analyse de Céline Pina.


Dimanche, à minuit 59, la page d’accueil du Monde avait des airs d’Ici Paris : les quatre premières informations portaient toutes sur des faits divers sanglants ou des violences urbaines. L’un n’excluant pas l’autre. A Rennes, c’est le décès d’un homme de 20 ans tué à coups de couteaux qui faisait l’actualité pendant que l’on annonçait à Poitiers la mort d’un adolescent lors d’une fusillade. Laquelle faisait écho à une autre fusillade, à Valence cette fois-ci, ayant entrainé également la mort d’un homme. Le journal annonçait aussi que neuf interpellations après des violences urbaines avaient eu lieu dans la banlieue de Lyon.

Douce France

Bienvenue dans la douce France et ses belles provinces, elle tend à se transformer en « vous rentrez à OK Corral à vos risques et périls ». Cette accumulation de faits divers constitue un fait de société car ils marquent une évolution tragique : une explosion de la violence dont les politiques déplorent les effets sans jamais s’attaquer aux causes. Pourquoi ? Parce que les causes sont en train d’échapper à tout contrôle faute d’avoir accepté de regarder en face la situation. Parce que le trafic s’appuie sur des maux bien connus et n’est pas sans lien avec les questions du communautarisme, d’immigration incontrôlée, d’absence de contrôle des frontières. Et ce qui est merveilleux, c’est que le déni ne faiblit pas à gauche, laquelle concentre ses flèches sur le seul homme qui paraisse regarder en face la situation, Bruno Retailleau.

Quand Bruno Retailleau parle de mexicanisation, il ne fait pourtant que reprendre le discours et un certain nombre d’alarmes qu’avaient tiré depuis longtemps les spécialistes de ces questions. L’Europe est une cible essentielle pour le marché de la drogue : les contrôles y sont quasiment absents et il existe toute une piétaille (jeunes des cités, mineurs isolés, clandestins) qui sont la chair à canon du trafic. Ils sont interchangeables, n’ont aucune importance aux yeux de leurs employeurs et surtout sont exploitables à merci car les juges rechignent à les punir, achevant ici leur abandon par la société. Ce trafic s’ancre dans des territoires précis et est d’autant plus difficile à combattre qu’il crée un écosystème, une contre-société dans les mêmes lieux qui sont déjà des territoires perdus de la République. Barbus et trafiquants s’entendent en effet très bien. Les principaux producteurs de drogue ayant des liens avec l’islam radical, ou émanent des narco-états comme l’Iran par exemple. Les deux œuvrant chacun dans leur genre à la déstabilisation politique.

A lire aussi, Elisabeth Lévy: Dans la guerre contre le narcotrafic, il nous faut un Etat de droit moins chichiteux

L’explosion du trafic de drogue et des violences qui lui sont liées, le fait que cette gangrène se répande à une vitesse folle dans le périurbain est le résultat de politiques à la Gribouille dont tout le monde pouvait prévoir l’échec. Avoir réparti les migrants sur le territoire et envoyé un certain nombre de population ni intégrées ni intégrables en province a eu des conséquences dramatiques : les différents gouvernements Macron ont répandu dans la France entière des personnes en total décalage culturel et ne bénéficiant d’aucune prise en charge efficace, parce que trop nombreux et pesant sur des territoires dans lesquels le service public a disparu ou est exsangue. Ce phénomène a entrainé la mise à disposition pour des mafias en plein développement, d’un personnel taillable et corvéable à merci. Cela a ouvert de nouveaux marchés au trafic. Les violences constatées n’ont donc rien d’étonnant.

Les habitants des zones périurbaines supportaient l’abandon par l’Etat et la médiocrité des services publics, mais y restaient au nom de la tranquillité qu’ils trouvaient. Au moins échappaient-ils à l’OK Corral permanent que leur semblait devenir la région parisienne… Ils n’ont même plus cela, alors qu’aucun espoir de redressement des services publics n’est en vue.

Petites mains

Second point à relever : le trafic de drogue repose en partie sur l’exploitation des mineurs. Utiles pour surveiller les points de deal, faire le guet, ou jouer les nervis voire les tueurs à gage pour les plus abîmés. En refusant de lever l’excuse de minorité et de dispenser des sanctions fortes, la Justice cautionne les raisonnements des trafiquants : utiliser le plus possible de mineurs pour leur faire prendre un maximum de risques en leur expliquant qu’ils ne craignent rien ou très peu par rapport aux adultes. L’excuse de minorité devient alors une malédiction et non une protection : enfants et adolescents sont ciblés par les trafiquants pour servir de petites mains. En refusant d’ouvrir les yeux sur les conséquences dramatiques d’une mansuétude coupable, une partie de la Justice participe par son laxisme au développement du trafic et aux effets délétères d’un recrutement qui cible les plus fragiles. Qui veut faire l’ange fait la bête se vérifie une fois de plus. Mais, apparemment, se laver les mains de sa responsabilité à l’égard d’enfants, pour se glorifier de ne pas les traiter comme des adultes quand cela signifie en réalité les abandonner à leur sort, doit être vu comme une preuve de vertu chez les juges…

Autre difficulté pour lutter contre la violence des narcotrafiquants : le déni de la classe politique, la gauche et notamment LFI en tête. Première étape : comparer la situation actuelle du Mexique et celle de la France pour expliquer que, franchement, on en est encore loin donc qu’il est urgent de ne pas agir et de ne rien faire. Sauf que chez les spécialistes de la question, on parle aujourd’hui de tsunami blanc pour évoquer l’explosion de violence que génère le trafic de drogue. On le mesure en voyant l’importance des saisies. A Anvers, un des points principaux d’arrivée de la drogue sur notre continent, sur les 238 millions de tonnes de marchandises déchargées en 2020, seul 1% des containers est contrôlé. Et c’est la même histoire dans la plupart des ports européens. Notamment au Havre. Des aubaines pour inonder l’Europe d’autant plus grandes que sur cet aspect des contrôles à l’entrée, aucune annonce n’apparait bien convaincante ; on parle de scanner à l’entrée, de redéployer 23 douaniers au Havre, mais derrière ces annonces assez faibles, il n’y a aucun objectif. Et il est clair que passer de 1% de containers contrôlés à 2 ou 3% ne changera guère la donne.

Déplacement d’Emmanuel Macron à Marseille, 19 mars 2024 © Christophe Ena/AP/SIPA

On a eu une nouvelle preuve du déni qui frappe beaucoup de monde avec la polémique stérile lancée par Manuel Bompard à la suite les dramatiques évènements de Poitiers. Le député lfiste accuse Bruno Retailleau de mensonge. Il n’y aurait pas eu de rixe impliquant des centaines de personnes, juste une expédition punitive rassemblant une soixantaine de jeunes. Outre que le déroulé de cette soirée sordide n’est pas complètement connu, le député montre ici sa totale déconnection du terrain. Pour les habitants des villes petites et moyennes, ce point-là n’est qu’un détail. Ce qu’ils ont en revanche bien compris, c’est que ceux qui ont fait du 93 un département repoussoir sont en train de s’installer chez eux et reprennent les mêmes fonctionnements qui ont fait de la Seine-Saint-Denis un département où on ne vit pas par choix dans de nombreuses villes.

2024 : la France bascule ?

C’est ce refus obstiné d’ouvrir les yeux sur une bascule, selon certains déjà réalisée, qui ici alerte. Cela explique surtout pourquoi, en l’absence de doctrine partagée, les pouvoirs publics n’agissent pas efficacement : toute intervention et utilisation de la force déclenche des polémiques sans fins alors que des enquêtes sont toujours menées pour en vérifier le bon usage.

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A l’autre bout de la chaine, là où les décisions pourraient donner des résultats rapides, pas grand-chose n’est fait non plus. On l’a vu, l’excuse de minorité est devenue le moyen d’étoffer rapidement un CV d’homme de main, une activité que l’on peut commencer dès 10 ans. On peut même multiplier les expériences et améliorer ses qualifications sans jamais avoir fait un tour en prison. Grâce à la procédure d’effacement des condamnations, on peut même blanchir son casier judiciaire ensuite. Sans compter qu’en France une peine prononcée est rarement effectuée. Souvent le détenu est libéré quand il n’en a fait que la moitié. De la même façon, notre pays est d’une naïveté confondante. Savez-vous que chez nous, pour que les biens d’un trafiquant soit saisi, il faut que l’Etat apporte la preuve de l’origine frauduleuse des fonds ? Comme seul l’argent compte pour ces gens, qu’ils soient hommes de main, petits ou gros trafiquants, c’est au portefeuille qu’il faut frapper. En Italie, si la personne ne peut apporter la preuve de la traçabilité de son argent, tous ses biens peuvent être saisis.

Dernier point : supprimer les aides sociales et l’accès au logement social aux familles de trafiquants permettrait d’envoyer un message fort à tous ceux qui sont tentés de basculer dans cette activité, en plus d’assainir le territoire. Les conséquences du basculement dans la délinquance ne seraient plus hypothétiques et lointaines mais rapides, et elles couperaient les dealers de leur environnement.

Enfin, rien ne changera tant que les pouvoirs publics se comporteront en mater dolorosa et non en figure paternelle posant des limites. On le voit dans la polémique stérile à propos des jeunes victimes. Sont-ils des innocentes victimes, des dégâts collatéraux, ou ont-ils été ciblés car ils prenaient part aux trafics ? Que leurs mères clament leur innocence est normal, et une enquête doit être menée, mais que la question des liens entre victimes de fusillades et trafic puisse se poser est légitime au regard de nos connaissances sur le sujet – et n’est pas une preuve de racisme ou de mépris social.

Ce qui vient de se passer à Poitiers et la polémique stérile que tente de lancer LFI nous indique une chose : les choses ne sont pas prêtes de changer et pour de basses raisons politiciennes, une partie de la gauche est en train de regarder des territoires tomber, sans même un geste ou une pensée pour des habitants relégués aux confins des préoccupations parisiennes. Elle est même prête à tout pour faire échouer l’un des rares ministres qui prend le problème à bras-le-corps. Son idéologie vaut tellement plus que la vie de vos enfants.

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Dans la guerre contre le narcotrafic, il nous faut un Etat de droit moins chichiteux

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En déplacement à Rennes, le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau a promis de gagner le combat contre la drogue © SYSPEO/SIPA

Alors que les règlements de compte sanglants se multiplient sur le territoire, le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau sonne la mobilisation générale contre la mexicanisation de la France. La guerre contre la drogue aura-t-elle enfin lieu ?


Il faut faire attention à l’usure des mots. On déclare des guerres tous les quatre matins ­– contre le séparatisme islamiste, contre la drogue, contre les violences faites aux femmes, par exemple. La seule guerre qu’on ait vraiment gagné dernièrement, c’est quand l’ennemi s’est éteint tout seul (je parle du Covid)…

Le bad trip français

Cependant, saluons déjà une chose : la prise de conscience semble réelle, même si comme pour l’islamisme il est sans doute trop tard. M. Retailleau parle de narco-racailles, chacun se rue sur le rapport du Sénat qui évoquait le risque de narco-étatisation. Dans Le Figaro, David Lisnard pointe le lien entre l’ultra-violence et une immigration hors de contrôle, et dénonce nos lâchetés et tous nos renoncements.

Il faut dire que le problème ne touche plus seulement Marseille ou la banlieue parisienne. Poitiers, Rennes, Valence, Grenoble ou Nîmes sont des villes sans cesse à la une des journaux pour les règlements de comptes, les fusillades ou les véritables batailles rangées (comme à Poitiers) qui s’y produisent. Il devient impossible d’y échapper. Les villes de gauche, avec leurs maires angéliques comme Eric Piolle (Grenoble) et leurs polices désarmées sont très touchées : dire que c’est la faute à CNews devient donc un peu court comme explication…

Peut-on gagner cette guerre ?

Le pire, c’est la politique du verbe. La Cour des comptes nous a ainsi révélé le scandale de « Marseille en grand ». En 2021, roulement de tambours et baguette magique : l’exécutif nous annonçait 5 milliards d’investissements. Résultat : 1,3% dépensés seulement à ce jour. L’ancienne minsitre Sabrina Agresti-Roubache, responsable du projet, se défend en disant que c’est l’État de droit, qu’il y a des appels d’offre, des procédures etc. Pour les Jeux Olympiques, on a pourtant bien réussi à les accélérer, ces procédures… Nicolas Baverez dénonce de son côté un amateurisme politique. Il n’y a eu aucune étude préalable, pas de liste d’objectifs mais juste une parole thaumaturgique du président de la République. Résultat : nada.

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Certains pensent que la solution-miracle consiste à frapper le consommateur (pas de demande/pas d’offre). Oui, mais on ne peut pas enfermer tous les fumeurs de joint. La prohibition comme seule politique ne marche jamais. Cela dit, la légalisation n’est pas non plus une panacée. En réalité, il faut hiérarchiser les combats, et arrêter de dire qu’on peut gagner cette guerre en une semaine.

La France en shoot libre

Faut-il recourir à l’armée ? Techniquement, elle peut sans doute aider à la sécurisation de certains endroits. Mais son rôle est-il d’exercer la violence contre un ennemi intérieur ?

Peut-on gagner? Au sens de la reddition et de l’armistice, évidemment non. Il s’agit d’une guerre sans fin contre un ennemi à mille têtes. Mais on peut remporter des victoires.

Aujourd’hui, face à des trafiquants surarmés et ultra-violents, l’Etat, avec ses règles ultra-contraignantes, sa disette budgétaire et son entêtement à comprendre les pauvres petits délinquants, ne fait pas le poids. Il faut des compétences pointues, des juges spécialisés, protégés éventuellement, et une volonté de fer. Donc, un Etat de droit moins chichiteux sur les droits des voyous et implacable pour défendre celui des honnêtes citoyens de rentrer chez eux sans prendre une balle perdue.

Nous exprimons notre stupéfaction et notre inquiétude face à la décision de Sciences-po Strasbourg

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Paris, mai 2024 © sevgi/SIPA

L’école a suspendu son partenariat avec une université israélienne


Ce mardi 29 octobre, la direction de Sciences Po Strasbourg a entériné la fin de son partenariat avec l’université Reichman d’Herzliya, Israël, à la suite d’une motion présentée par des étudiants au conseil d’administration de juin dernier. La direction, bien que s’affichant aujourd’hui opposée à ce texte, n’a pas su empêcher son exécution et a tenté de cacher cette décision votée le 25 juin, à une très courte majorité et avec un tiers des administrateurs n’ayant pas pris part au vote.

Nous exprimons notre incompréhension, notre stupéfaction et notre inquiétude face à cette décision inédite.

C’est la première fois qu’une université française suspend un partenariat avec une université israélienne, et ce alors que la France connait une vague d’antisémitisme sans précédent, les actes antisémites ayant crû de 300% en un an, et ce alors qu’Israël a subi, il y a un an, le plus grand pogrom depuis la Shoah avec 1 200 morts et 251 civils et soldats pris en otage. Aujourd’hui, 97 otages sont toujours entre les mains des terroristes islamistes du Hamas, des citoyens français sont harcelés, agressés et violés sous prétexte de défense de la cause palestinienne. C’est intolérable.

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Le déchainement antisémite n’a pas épargné nos universités, Sciences Po Strasbourg ne fait pas exception à la règle, des blocages conséquents ayant touché l’IEP en avril dernier et ce avec l’aval de représentants politiques. Durant ces blocages, nombre de manifestants ont diffusé l’idée d’un arrêt de tous les partenariats de l’université avec les établissements d’enseignement israéliens. Nous craignons que cette décision néfaste ne fasse que conforter l’impunité d’étudiants se livrant à la propagation de la haine antisémite sous couvert de solidarité avec les peuples palestiniens. Nous regrettons que cette décision se fasse au détriment des étudiants israéliens et français qui ne pourront plus accéder à ces échanges et découvrir les cultures israéliennes et françaises pour renforcer l’amitié entre nos deux peuples.

Nous, étudiants, enseignants, élus et citoyens engagés contre l’antisémitisme, demandons à la direction de Sciences Po Strasbourg :

  • De revenir sur la décision d’arrêt du partenariat avec l’université Reichman par le biais de la renégociation d’un accord et sa présentation au prochain Conseil d’Administration.
  • De s’engager à ce que les autres partenariats avec les universités israéliennes soient maintenus.
  • De prendre des sanctions fermes et rapides contre tous les étudiants et personnels tenant des propos antisémites.

Signataires :

Aurélien Gillet, Membre du Conseil d’Administration de Sciences Po Strasbourg (2021-2023)

Nathalie Beizermann, Vice-présidente nationale du Crif

Ariel Goldmann, avocat et président du FSJU et de la Fondation du Judaïsme français

Philippe Meyer, Président du B’nai B’rith France

Nathalie Riu-Guez, présidente Wizo France

Maxime Loth, Responsable Printemps Républicain Sciences Po Paris

Arlette Zilberg, porte-parole du réseau féministe universaliste Les CitadElles

Nadine Herrati, adjointe au maire écologiste de Gentilly

Frédérique Calandra, citoyenne

Ari Sebag, secrétaire général de la LICRA

Céline Pina, journaliste

Florence Bergeaud-Blacker, CNRS

Gad Weil, Co-président de Judaïsme en Mouvement

Gabriel Farhi, Rabbin, Judaïsme en Mouvement

Patrick Karam, vice-président du conseil régional d’Ile-de-France

Pierre-Christophe Baguet, Maire de Boulogne-Billancourt

Ariel Weil, maire de Paris Centre

Karen Taieb

Aline Bessis, Maire-adjointe du XVIIème arrondissement de Paris, Conseillère métropolitaine

Aurélie Assouline, Adjointe au Maire Paris 17e & Présidente du collectif 7 octobre

Raphaël Farhi

Samuel Athlan, entrepreneur formateur et auteur

Marie Robineaud, étudiante à Sciences Po en première année sur le campus de Paris

Lydia Zeroug, militante LICRA et Printemps Républicain

Ruben Moos, étudiant à l’université de Strasbourg

Arié Amzallag, étudiant, UEJF

Tsiporah Fried, Ministère des armées, ancienne de Sciences Po Strasbourg

Christophe De Voogd, professeur affilié, Sciences Po Paris

Nadine Sonsino

Floriane Gouget, Printemps Républicain

Yaël Teissier Leivant

Samuel Nahon

David Hania, Docteur en énergétique

Muriel Rojas Zamudio, psychanalyste

Delphine Dobin, professeure d’anglais

Valérie Rosen Sarfati

Murielle Devillers, retraitée

Yves Braka

Danielle Saffar

Philipp Huth

Juan Gabriel Mercado

Joëlle Da Rocha

Melvin Moine, étudiant

Delphine Lancel, DG Groupe RH&M

Muriel Chochois

Yves Trauger, Photographe et élu local

Joël Meyer

Sabrina Ktorza

Nathalie Melamed

Y. A.

Judith Lazarovich, professeur retraitée, Toronto (Canada)

Jean-François Verdiere, retraité, ex-enseignant en architecture

Boubacar Barry

Dominique Piot

Yves Silber, Docteur en médecine

Elisabeth Maassen, citoyenne

Bernard Melloul, professeur agrégé

Olivier Boisson

Romane Toledano, Université Paris I Panthéon Sorbonne

Cyrille Roze

Valérie Kalifa

Karina Guenanff, enseignante

Christine Domanchin

Etienne Carillon

Jocelyne Urrea-Mechali

Michel Brachet

Danièle Nousse, institutrice retraitée

Gabrielle Muckenhirn

Jacques Dewaele, citoyen universaliste et laïque

Catherine Robert, guerrière de la paix

Véronique Dauvergne

Sophie Brian

Caroline Jaeger, simple citoyenne refusant toute forme de discrimination

Lydie Burillo, membre de l’association TOUS 7 OCTOBRE en charge des réseaux sociaux

Valérie Assayag, TOUS 7 OCTOBRE

Melinda Cohen

Jérôme Rigaudias

Violette Levy

Sandra Vic

Corinne Dromer

Hagay Sobol, Professeur des universités, AMU

Elizabeth de Pemille

Sandra Korber, rédactrice

Marie Cheul, retraitée

Myriam Iglicki, podologue

Avi Uzan, médecin

Michel Louis Lévy, démographe, administrateur INSEE, Diplômé Sciences Po Paris 1962, conférencier à Strasbourg 2 dans les années 1980/90

Nadine Zagury

Jessica Choukroun, Enseignant-chercheur, Nice

Sandra Freidman

Norbert Amsellem, sociologue, INSERM

Hélène Bouniol

Ronit Goldstein

Daphné Chancelier, Unité laïque

Thierry Fritih

Joséphine Kazan

Jean O.

Olivier Burel

Déborah Rochette, parent citoyen

Olivia Fdida, citoyenne

Jean-François Brin, gérant

Christine Jean

Annick De La Rue

Matthieu Nogues, citoyen

Georgiana Khoi

Claude Zerbib, assistante manager

Sandrine Malem, psychanalyste

Sybille Pierru, Les CitadElles

Ariane Schuman Dreyfus, avocate

Anne Camus, citoyenne française

Gaëtan Louche 

Shapira Tamar, Gordon Academic College, Haifa, Israël

Claire Michaud, enseignante

Salomé Floriant, étudiante en 3A à Sciences Po Strasbourg

Ludovic Oriola, fonctionnaire

Bruno Jofa, architecte

Guy Fabre, citoyen français

Alain Fuchs

Antoine Durivault

Paul Monier, psychiatre

Anne Mariotti, membre du réseau jeunes de la LICRA

Sophie Papillon

Nathalie Bonhoure

Christophe Nagyos, membre du bureau du CRIF Alsace

Alexandra Blanchard de la Brosse, professeur

C. R.

Frédéric Pain

Serge Pitter, directeur de centre de profits, Fribourg, Suisse

Benjamin Bruno, président d’honneur du Crif Marseille Provence

Allais Lorédane, citoyenne solidaire d’Israël

Bernard Musicant

Perez Elbaz

Joshua Elbez, étudiant, Neoma Business School

Damian Saura

Salomé Gullula

Lauryn Abikhzer, Présidente de l’association Alliance Côte d’Azur

Jacques Attal, ancien président du CCJBB

Benjamin Meimoun, Alliance

Ethan Spiero

Roger Fajnzylberg, ancien membre du bureau national de l’UNEF, CD FSJU

David Botton

Kevin Revah

Guy Allouche

Stéphanie Mirwasser, chargée de mission DG FSJU

Muriel Devillers, retraitée

Andie Karcenty, Présidente d’Alliance Panthéon-Sorbonne

Benjamin Teszner

Claude Czechowski, universitaire

Dorothy Benichou Katz, Vice-présidente de la Grande Synagogue de la Victoire de Paris

Gérard Garçon

Marie-Laure Cohen, membre du comité directeur du FSJU

Carine Elgrably

Francis Bloch

Audrey Cohen

Philippe Coriat, associé, Deloitte

Corinne Lafitte, directrice groupe scolaire RamBam Maimonide

Jean-Stéphane Gourévitch

Stéphane Hassoun

Mendy Mottal, directeur Cteen France

Jean-Charles Attal

Chloé Freoa

Elie Ebidia, chef d’établissement Lucien de Hirsch

Elie-Emmanuel Levinas, FSJU

Jessica Habib

Corinne Elberg, Présidente Centre culturel juif de Grenoble

Jean Rozenberg

Michel Benhamou, expert-comptable

Alexandra Barouch, FSJU

Lionel Sebban, élu national du FSJU

Shirel Aouizerat, présidente de l’UEJF Paris 1

Jacques Jacubert, Président d’honneur du B’nai B’rith France

Gad Weil, Co-président de Judaïsme en Mouvement

David Elkrieff, étudiant

Jérôme Rubinstein

Rebecca Taieb

Mazal Benarous

Sandra Ifrah, FSJU

Pierre-Samuel Guedj, conseiller en Droits humains

Lucas Balthazard, étudiant

Gad Amar, Rabbin et enseignant

Serge Vatine

Caroline Heymann

Sophie Attali, avocate

Daniel Dubreuil, Directeur général du groupe scolaire Yavné Marseille

Linda Zoubir

Patricia Hauzi, juriste

Gabriel Farhi, Rabbin, Judaïsme en Mouvement

Jacques Silderberg

Laurent Mamou

Philippe Peres, chef d’entreprise

Olivier Hoffman

Sophie Achesse

Annie Cohen, avocate, vice-présidente All With Us – Tous avec nous

Jocelyne Arditti

Marianne Coen, psychiatre

Ethan

Olivier Ladregarde, avocat

Jean-Luc Scemama, Président ECAI

Lionel Stora, président régional du FSJU

Hélène Serfaty

Pierre Bellaloum

Patricia Ederhy, coordinatrice d’évènements

Louise Cohen 

Laurence Besserat

Pr. Micheline Misrahi, faculté de médecine Paris Saclay

Daniel Yaghil

Jean-Jacques Zenou, président Radio JM

Regis Folbaum

Alberto Gabai, Membre du CD, Crif

David Aharfi, coordinateur accueil de loisirs

Olivier Safar

JM Fitoussi, Directeur Groupe Progress

Patrice Deidda

Paulette Benhaim

Géraldine Le Bris

Jocelyne Allouche, Présidente coopération féminine Marseille

Elsa de Boissieu

Yael Yermia

Dr. Fernand Zerbib, Président du FARBAND-Union des Sociétés Juives de France

Jo Murciano

Philippe Goetzmann, Président BCP Conseil & Investissement, ancien élève de Sciences Po Strasbourg, section Ecofi

Michele Sitbon, membre du conseil national du FSJU

Laurence Danand, Responsable Ressources Humaines, Paris

Serge Coen, universitaire retraité, UAPV

Gisèle Taubert, BBF

Dr. Sylvie Sebahoun, B’nai B’rith

Liliane Nadjar, retraitée de l’éducation nationale

Alain Hirschler de père, René HIRSCHLER, et mère, Simone, tous deux Résistants, morts en déportation et déclarés, à titre posthume, Morts pour la France

Martine Boccara

Soly Lévy, FSJU

Daniel Elalouf, Président du bureau exécutif, FSJU

Ari Hodara, ingénieur commercial

Michel Sarfati

Marc Maidenberg, chirurgien

Jérémie Lasry, ingénieur, père de 2 enfants

Yaïche Esther Mynra, prothésiste ongulaire

Eva Dieudonné

Alix Danand

Barbara Van Eeckhout

Nicole Gauche

Marie-Anne Layani

Gilles Nacache, Vice-Président Crif Toulouse-Occitanie

Laurence Ouaknine

Richard Toper

Rosy Brakha, enseignante

Gilbert Meroudi, expert-comptable Think Tank CAP

Clémentine Sloma, B’nai B’rith Kinereth

Hugues Le Mener

Elisabeth Sabbagh

Reynald Astier, Vice-Président FSJU Lyon et président du CASIL

Andrée Elkaïm, B’nai B’rith

Claire Rubinstein, docteur en histoire, président de la commission nationale culture du B’nai B’rith

Elodie Saiag, FSJU

Robert Levy

Martine Plainchamp

Anne Broches, diplômée 1983

Serge Dahan, Vice Président du Crif

Gérard Panczer, PR Université de Lyon

Pierre Attia

William Zerbib

Michel Danon

Sidney Perez

Pauline Brun

Guy Sapriel, Psychiatre, psychanalyste

Valérie Hélène Toutain

Simon Levy

Line Levy

Paule Charbit Dahan, médecin

Jacques Dahan, DGA
Nicole Cohen-Addad, ancienne cheffe de service, unité néonatale de soins intensifs, The Brooklyn Hospital, Brooklyn, NY, USA

Eric Lovisolo, CFO Groupe Printems  CCFI

Marianne Rode

Gérard Fitoussi, médecin

Sophie Bensaid

Pierre Sonigo

Martine Cohen

Lisette Hazan, VPR B’nai B’rith

Sylvie Séror

Sophie Samama, chirurgien-dentiste

Michelle Saada

Marc Attar, professeur

Gabrielle Bloch

Audrey Beaumont

Estelle Tzinmann, ICJW

José Marin, CFDT

Katia Kanter, orthophoniste

Karine Sabah

William Ouaki, B’nai B’rith France

Corinne Benyayer, B’nai B’rith France

Isabelle Habib, présidente de la loge Michel de Montaigne B’nai B’rit Bordeaux

Jean-Jacques Rosenkrantz

Bertrand Asseo, gérant de sociétés, Bordeaux

Florence Fitoussi, responsable d’association

Laurence Bar

Alain Fournioux, B’nai B’rith Marseille

Betty Bouchoucha

Frida Zeitouni, présidente de la loge Bialik du BBF

Sophie Chomand

Thierry Touboul

Beky Twining

Sylviane Urvicz, retraitée

Georges Urvicz, Ingénieur civil Mines ParisTech

Marjorie Yerushalmi

Pascal Bécache, dirigeant TPE
Valérie Szwarcbart

Pierre Lasry, chef d’entreprise, fondateur dirigeant de l’Agence LSP

Josiane Arnal, retraitée

Mercedes Barchilon

Jeanne Bensoussan

David Revcolevschi, avocat au barreau de Paris

Francesca Tramontini, professeur

J. Israël

Maïté Coppey, Elerite Inserm

Laetitia Levy Blondeau, Formatrice et Consultante

Patrick Ittah, consultant

Bianva Enos

Claudine Dorfmann

Emmanuelle Choukroun

Raphaël Israël

Vanessa Benhamou

Laurence Temime, Chef de Choeur

Karine Israël, consultante orientation professionnelle et scolaire

Yael Kabla

Paula Lalou, expert-comptable

Frédéric Le Jehan

Gisele Elfassy

Pierre Patrick MKDE

Marc Szulewicz

Gabrielle Bloch

Martine Kahn, professeur

Yvette Fride

Francis Gutmann

Bernard Jung

Valerie Alalouf Kornreich

Laurence Spritzer, enseignante

Laetitia Lévy

Deborah Allouche, conseillère en orientation et cadre dans une grande entreprise française

Aksil Yafelman

Olivia Journeaux, citoyenne

Jean Kespi

Yves Silber, médecin

Julie Danlos, contrôleur aérien

Evelyne Lellouche, retraitée

Valérie Machting

Eliane Clifit, Wizo

Serge Vatine, avocat

Maurice Halioua

Tally Gozlan

Laura Janszen

Bernard Zaoui, conseiller municipal de Combs-la-Ville délégué au renforcement de la citoyenneté à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme et au développement des relations internationales

Caroline Bozou, enseignant chercheur Paris 1

Ouriel Ohayon, HEC 1996

Jean Alvarez, enseignant

Martial Attalli, juriste

Frédérique Odasso, journaliste

Eli Uzan

Nicole Agou  professeur histoire-géographie, Présidente de ARES association pour la Recherche et l’enseignement de la shoah

Meryll Edery

Michèle Levy-Amar

Ariane Zenker

Joël Meyer, particulier

Bernard Carayon, ancien député, avocat

Pascal Markowicz

Bernard Gahnassia

Géraldine Bunan

Sandra Bourguignon

Robert Ejnes, directeur exécutif du Crif, Président d’honneur de la communauté juive de Boulogne-Billancourt

Albert Karl, professeur INSA Lyon

Caroline Berdugo

Joy Jaoui, Women United for Peace

Samantha Taieb

Cécile Hazab

Gisèle Hivert-Messeca

Colette Busidan, auteur, conférencière

Madeleine Ghertman, retraitée

Claudette Eleini, avocate

Constance Grodner, entrepreneur

Michele Hoch

Eden Yaïche, étudiante à l’université Reichman et présidente d’honneur de l’UEJF Marseille

Katty Rotjam

Johanna Sellam

Myriam Szerman

Véronique Levy

Fabrice Durandy, citoyen de la République française

Caroline Corchia, Women United for peace

Michele Benzeno

Nicolas Topiol

Dorothée Mani

Marie-Pierre Benitah

Fabienne Amson

Liz Maruani

Nicole Verger

Caroline Ayache

Laurette Royer

Emmanuelle Karo, Vice Présidente AURA du B’nai B’rith France

Théo Muller, ancien étudiant de l’IEP de Strasbourg

Valerie Kensey

Aurélien Bernheim, Co-fondateur du MEJF

Eli Levy, Co-fondateur du MEJF

Elsa Sebag

Alain Steinberger

Jean Chikly, dirigeant de société, Paris

Esther Bagdassarian, enseignante

Isabelle Richard

Jessica Trink-ohayon, co-fondatrice Women united for peace

Alexandra Fitoussi, co-fondatrice Women united for peace

Karine Lazimi-Chouraqui, militante Women united for peace