Accueil Culture Le lundi, c’est OVNI(s)

Le lundi, c’est OVNI(s)

La saison 2 est disponible, un régal


Le lundi, c’est OVNI(s)
© Canal +

Canal Plus diffuse tous les lundis la deuxième saison d’OVNI(s), meilleure série TV du PAF, selon Causeur !


Il ne reste plus que six épisodes et déjà, je redoute le manque. Si vous n’avez pas été encore frappé par la poétique de l’ufologie, vous ne connaissez pas les bonheurs de la téléportation du lundi. La deuxième saison d’OVNI(s) réalisée par Antony Cordier a démarré le 21 février (elle est également visible en streaming).

À mi-chemin entre l’univers de Jacques Tati et « Maguy »

À partir de ce soir, il restera seulement six épisodes d’une trentaine de minutes sur les douze de cet objet télévisuel non identifié à mi-chemin de Jacques Tati et de Maguy, brouillant les lignes entre l’enquête extra-terrestre et la comédie de mœurs seventies.

C’est Roswell chez Pierre Mondy dans Petit déjeuner compris, Sam et Sally en voyage galactique à Twin Peaks ou Les Mystères de l’Ouest dans la campagne wallonne, lieu du tournage. Nous retrouvons l’équipe du GEPAN chargée de démystifier les apparitions inconnues au sein du CNES et leurs errements amoureux sur fond de scandale nucléaire. Pourquoi les quadras déclassés de ma génération sont-ils aussi attirés par cette série aux accents giscardo-célestes ? OVNI(s) est le territoire retrouvé de l’enfance et de la foi gamine dans l’inexplicable.

Dans notre société du réalisme austère et des certitudes béates, cette série insuffle un peu de poésie à nos soirées télé et à un quotidien qui vire au cauchemar depuis une longue semaine.

A lire aussi: «Rien à foutre»: les hôtesses de l’air ne s’envoient plus en l’air

Une poésie dans le décor, dans l’atmosphère, dans la possibilité de rencontres improbables, dans le rapport au temps dilué et aussi dans cette quête naïve et obstinée, par conséquent, vitale à notre ouverture d’esprit. Avec eux plus rien ne vous étonnera, des téléphones sonnent sans être branchés ou des soucoupes volent dans une centrale, si porcinet se mettait à parler, vous ne cilleriez même pas !

Shoot de futur antérieur

Alors, prenons ce soir un shoot de futur antérieur, une rasade de Pif Gadget, de Télécran, de Peugeot 604 vert clair, de barbe à papa et, appelons en urgence vers 23 h 00, nos parents pour qu’ils aillent rechercher dans le grenier de notre maison de famille, l’anachronique jeu électronique SIMON, précurseur de la musique synthétisée et du bruit plombant les réveillons. Une certaine mélodie des jours heureux.

Cette fièvre du lundi soir disco-cosmos, serait vaine si elle n’était prétexte qu’à récréer le décor factice de l’année 1979. Les soins apportés à la mise en place de tous ces objets oubliés sont un leurre pour mieux concentrer l’attention des téléspectateurs sur l’essentiel : le jeu des acteurs et le frottement des peaux. La réalisation de plus en plus léchée, avec quelques audaces stylistiques rares sur le petit écran, s’attache à parler de nous, de nos histoires embrouillées et de nos amours chancelantes. Et je dois dire que le casting renforcé par la présence d’Alice Taglioni ou d’Élodie Bouchez est une merveille d’évasion. Cette série carbure à l’imaginaire débridé et à la crise de ménage. Cette double-carburation amuse et émeut, à la fois. La blague potache n’est jamais loin, le clin d’œil à la culture rétro-pop fait office de sésame d’entrée dans cet univers parallèle. On voit passer une DS surmontée d’un bateau que Victor Pivert n’aurait pas désavouée, un combi Volkswagen aménagé en Ovnibus ou Jonathan Lambert en sosie d’Éric Von Stroheim. On retrouve surtout Didier Mathure (Melvil Poupaud) en scientifique incompris, en délicatesse avec son ex-épouse (Géraldine Pailhas, patronne du CNES, sorte de Marie-France Garaud à l’érotisme chaste) et en défaut de paternité. Le pauvre Didier galère toujours autant à trouver des preuves intangibles à l’inimaginable. Il est toujours accompagné de la fidèle standardiste Véra Clouseau (Daphné Patakia, révélation de la première saison), médium clownesque à la sensibilité éruptive et de Rémy Bidaut (Quentin Dolmaire), formidable en informaticien pleurnichard qui s’est vu ou cru, un moment, en yuppie pré-Eighties avec téléphone « portable » collé à l’oreille. Et que serait OVNI(s) sans Marcel Bénes (Michel Vuillermoz) ? Il faut le talent magistral de l’acteur du Français et sa puissance comique pour élever un simple enquêteur du GEPAN au rang de héros shakespearien tendance Groucho Marx.

C’est un régal quand des acteurs de ce niveau-là, jouent avec les codes du genre. Une mention spéciale à Olivier Broche pour son impeccable air de chien blessé. Une seule question me taraude désormais : à quand une troisième saison ?

Sur Canal + (canal 4)



Vous venez de lire un article en accès libre.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !

Article précédent Genre: la fabrique des impostures wokistes
Article suivant La Russie attaque? Vengeons-nous sur les handicapés!
Journaliste et écrivain. A paraître : "Et maintenant, voici venir un long hiver...", Éditions Héliopoles, 2022

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Le système de commentaires sur Causeur.fr évolue : nous vous invitons à créer ci-dessous un nouveau compte Disqus si vous n'en avez pas encore.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération