La fable du chien antiraciste, du lapin et du kangourou


La fable du chien antiraciste, du lapin et du kangourou

nelson mandela statue

L’Australie, je l’ai déjà dit ici, est une île entourée d’eau qui a donné au monde des créatures épatantes comme le koala, le wombat, le chat marsupial à queue tachetée, l’ornithorynque et Nicole Kidman. Les australiens, qui ont plus d’un tour dans leur poche ont aussi inventé le kangourou… ! Les kangourous ont quatre pattes. Comme le disait un célèbre philosophe auvergnat : deux devant, deux derrière, deux à gauche, deux à droite. C’est vraisemblablement pour cette raison qu’un adolescent a cru bon – la semaine dernière – de s’affubler d’un déguisement de marsupial, pour braquer un buraliste à Nîmes.  « A la vue des policiers qui le tenaient en joue avec leur arme de service, l’adolescent de 16 ans, visiblement paniqué, est sorti du déguisement de kangourou qu’il avait revêtu et a laissé tomber l’arme factice qu’il détenait » précise l’AFP. L’adolescent a expliqué avoir voulu faire une blague. L’apprenti humoriste a encore du chemin à faire pour mettre les petits commerçants dans sa poche…

Les récentes élections municipales, qui ont été marquées par une victoire massive et écrasante du Parti Socialiste, et ont conduit à un remaniement ministériel colossal que nous pourrions définir comme étant un virage à 360°, ont été marquées par plusieurs incidents notables – dont le happening antiraciste immortel d’un artiste qui a littéralement « aboyé » contre le FN devant un bureau de vote de Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Ouest-France précisait il y a quelques semaines : « L’artiste nazairien Olivier de Sagazan a aboyé pendant 7 heures, dimanche, devant les bureaux de vote de l’école Carnot, pour attirer l’attention sur la montée du FN. » Diogène de bazar, l’artiste n’a pas aboyé des arguments contre la franchise Le Pen, il a littéralement imité le cri du chien. « Une attitude qui a inquiété les témoins et suscité la visite de la police, venue s’assurer qu’aucun trouble à l’ordre public ne pouvait être constaté. ‘Une expérience douloureuse, physiquement et psychologiquement’ a commenté l’artiste. » On imagine. Une expérience également parfaitement inutile (cela n’a pas empêché le candidat frontiste de Saint-Nazaire d’enregistrer plus de 13% des votes au second tour…). Diogène de Sinope, antique figure du cynisme, se prenait aussi pour un chien du fond de son tonneau qui lui servait d’abris. Mais lui au moins ne se prenait pas pour un artiste… Wouaf !

Nelson Mandela – qui a inventé la liberté, l’arc en ciel et les t-shirts engagés – a pris le large à la fin de l’année 2013, cela n’a pu vous échapper. Immédiatement des hommages ont été rendus à travers le monde entier à l’ancien président Sud-Africain, et François Hollande a même emmené le rockeur Robert Hue dans ses valises pour assister aux funérailles retransmises en mondovision. Peu de temps après, les autorités Sud-Africaines érigeaient une statue de près de dix mètres de haut, faite de 4.5 tonnes de métal, en hommage au leader disparu. L’AFP notait alors que « la pose de Mandela évoque celle du Christ-rédempteur de Rio de Janeiro ». Se dressant aujourd’hui devant le palais présidentiel, à Pretoria, ce Mandela géant domine la ville, et devient le naturel épicentre du culte nelsonien.

Mais, extraordinaire rebondissement : nous venons d’apprendre que les deux sculpteurs, Andre Prinsloo et Ruhan Janse van Vuuren, mécontents de n’avoir pas eu l’autorisation de signer leur œuvre de manière visible, avaient glissé en contrebande un lapin espiègle de bonne taille dans l’une des oreilles du leader africain, pour se venger. Le lapin représente aussi – selon eux – le peu de temps dont ils disposaient pour achever la statue, « haas » signifiant en afrikaans aussi bien le petit animal que la « hâte ». Les autorités, apprenant la présence de l’intrus, ont promis que l’intégrité de la statue de Mandela serait « restaurée » au plus vite.

Espérons que l’opération sera vite exécutée. Dans L’Homme à la tête de chou, Gainsbourg imaginait un lapin – « le petit lapin de Play-Boy » pour être précis – lui « ronger son crâne végétal ». Un drame est si vite arrivé…

*Photo: kyodowc102865.JPG k/NEWSCOM/SIPA. SIPAUSA31267736_000001



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Il est l’auteur de L’eugénisme de Platon (L’Harmattan, 2002) et a participé à l’écriture du "Dictionnaire Molière" (à paraître - collection Bouquin) ainsi qu’à un ouvrage collectif consacré à Philippe Muray.

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