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« Messiah », la série qui m’a converti aux séries


« Messiah », la série qui m’a converti aux séries
Messiah, Netflix.

Sur Netflix, le temps de la série Messiah est arrivé : un jeune prophète qui navigue aisément entre l’arabe, l’hébreu et l’anglais. Un homme de son temps qui aime son survêtement Nike et se déplace en jet privé. Contre toute attente, cette série est une grande réussite.


Il est écrit dans la Bible et le Coran que la révélation rencontre toujours un mur de méfiance et de déni.  C’est donc avec des réticences sérieuses que j’ai accepté de voir Messiah, une série originale de Netflix qui décrit l’apparition d’un messager de Dieu en Syrie, au milieu des ruines et de la guerre civile. J’ai résisté par crainte de me trouver, une nouvelle fois, face à une image hideuse de l’Arabe et du Musulman. J’ai maudit par avance ce Messiah qui a osé ouvrir la boîte de Pandore en s’octroyant des libertés artistiques là où règne la peur du blasphème. À ma décharge, je confesse que je suis l’homme de mon temps : une époque où personne ne veut plus écouter l’opinion contraire et où le seuil de tolérance est, en règle générale, proche du zéro. Une ambiance de fin du monde propice au retour du messie, finalement.

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Trop forts, ces Américains !

Eh bien, c’est en tant que nouveau converti que je vous écris aujourd’hui pour vous inviter à regarder cette série. Ces Américains sont trop forts ! Ils ont réussi à marcher sur les œufs (que dis-je, sur de l’eau !) pour créer le personnage d’un jeune musulman, né et éduqué au Moyen-Orient, qui agrège autour de lui des fidèles par milliers. Très vite, il crée l’alerte en Israël (Terre sainte oblige) avant de faire son apparition aux États-Unis où il causera un engouement incommensurable chez les protestants.  Oui, je me suis converti, non au message de celui qui se fait appeler Messiah, mais à la révélation fondamentale de cette œuvre artistique : nous avons tous besoin de croire car nous avons peur et nous avons mal ; peu importe notre technologie et notre niveau de confort, nous demeurons des êtres croyants.  Je cours vite préciser que je garderai mes amis athées et agnostiques, et que je ne demande à personne de me donner raison.

L’essentiel est ailleurs et Messiah le démontre admirablement. Nous vivons des temps marqués par le recul du leadership : les grands hommes semblent avoir déserté la planète et le désarroi est palpable chez les riches comme chez les pauvres, de Raqqa au Texas en passant par Mexico.  Et quand les leaders se taisent, vient le temps des prophètes.

Le message de Dieu version Netflix

Le temps de Messiah est arrivé : le message de Dieu version Netflix. Un jeune (barbu et aux cheveux longs, désolé Greta !) qui navigue aisément entre l’arabe, l’hébreu et l’anglais. Un homme de son temps qui aime son survêtement Nike et se déplace en jet privé.

S’il m’était donné d’écrire quelques lignes du scénario de la saison II (tout porte à croire qu’il y aura une suite), je ne résisterais pas à l’idée de voir le messie faire un tour à Al-Azhar en Egypte pour se frotter au « clergé » sunnite ou bien rendre visite aux monarques du Golfe Persique pour les convaincre de mener une vie plus frugale. Ou peut-être qu’il rencontrera sa Marie-Madeleine dans le salon VIP du stade de Doha en marge de la Coupe du monde. Je délire mais si Netflix s’y intéresse, je suis joignable sur Twitter comme toujours (@drissghali1) !



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Ecrivain et diplômé en sciences politiques, il vient de publier "De la diversité au séparatisme", un ebook consacré à la société française et disponible sur son site web: www.drissghali.com/ebook. Ses titres précédents sont: "Mon père, le Maroc et moi" et "David Galula et la théorie de la contre-insurrection".

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