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M. Google est-il idiot ?


M. Google est-il idiot ?
On trouve tout avec Google. On trouve de tout aussi.
On trouve tout avec Google. On trouve de tout aussi.
On trouve tout avec Google. On trouve de tout aussi.

Le tofu rend bête. Voilà un mois que Willy s’est mis à en manger matin, midi et soir. Il n’accepte plus aucune autre nourriture. Le soir de Noël, en lieu et place de la traditionnelle oie aux marrons, j’ai été contrainte de servir du tofu fourré au tofu. La honte de ma vie. Le plus embêtant n’est pas d’avaler mes tartines de foie gras face à un homme qui se tofuïse à fond, mais de le voir passer son temps sur Internet à la recherche d’une nouvelle manière d’accommoder cet aliment qui a la texture de l’éponge sans en avoir la saveur. Mon tofuboy squatte l’ordinateur et, depuis un mois, je ne peux surfer que par intermittence sur Causeur.

– Je me demande bien pourquoi, maugrée-t-il quand je prends sa place, tu te connectes aussi souvent sur Causeur ? Un site nul ! Même pas en allemand et sans aucune recette correcte de tofu ! Il ne devrait y avoir aucun visiteur sur ce site ! Les gens n’ont-ils rien d’autre à faire ?

Sur le coup-là, Willy n’a pas tort. Côté tofu, Elisabeth Lévy est plutôt nulle. Pour le reste, c’est vrai qu’il y a plein d’autres choses variées à faire dans la vraie vie que de se connecter sur Internet. Par exemple : aller au bistrot, descendre des bouteilles ou se bourrer la gueule. Que font les gens sur Causeur ? Pourquoi y viennent-ils ?

L’équipe de Causeur m’a fait parvenir le rapport annuel établi par M. Google et présentant, avec force détails, les mots clés par lesquels l’internaute lambda s’est connecté en 2009 au site[1. Toutes les expressions citées entre guillemets et en italique sont réellement tirées du rapport de fréquentation établi pour Causeur.fr par Google Analytics.]. Ça fait froid dans le dos. Et pas que là.

Janvier
En janvier 2009, l’internaute lambda (appelons-le Maurice, ce sera moins impersonnel) a débarqué sur Causeur en frappant le mot « humanitude » sur son moteur de recherche. Il venait certainement d’écouter un discours de Ségolène Royal et, ne disposant pas de dictionnaire suffisamment complet sous la main, il s’est rabattu sur Internet pour trouver la juste définition de ce néologisme. Et son esprit s’est aussitôt ouvert (à moins que ce soit son hygiène intime qui soit plus que douteuse) : il a interrogé Google pour savoir si « l’homme descend du poisson », avant de se livrer à une autre recherche : « Taser en vente libre ». Maurice Lambda est assez incohérent : si l’homme descend du poisson, ce n’est avec un Taser qu’il pourra en attraper un. Une bonne vieille canne à pêche aurait fait l’affaire.

Février
Le mois de février est le mois de l’année où Maurice Lambda est le moins farfelu dans ses requêtes Google. Le froid ? Le fait que ce mois ne compte que 28 jours ? Va savoir ! En février 2009, Maurice Lambda a posé, sans détours, la question : « Le sarkozysme, maladie sénile de gauchistes ». Puis, quand il a eu sa réponse, il a pianoté : « Elisabeth Lévy mausolée ». Un type qui croit que les gauchistes finissent sarkozystes une fois devenus vieux peut bien confondre Lénine et Elisabeth Lévy.

Mars
En mars, Maurice Lambda a les idées noires (un peu comme César qui ne s’est jamais assez méfié des idées de mars). Il voit venir « la quatrième guerre mondiale », avant de finir par un magnifique « Mon string », le plus grand cri de désespoir jamais poussé par un Internaute.

Avril
Après s’être interrogé sur « Ruquier papa », Maurice Lambda a, au mois d’avril, un peu de suite dans les idées, puisqu’il demande à Google du « Viagra pour femme ». Evidemment : si Ruquier devient papa, bobonne a intérêt à bander dur.

Mai
Quand vient mai, Maurice Lambda fait vraiment ce qui lui plaît. Ça chauffe dans son calcif : il s’installe derrière son écran et demande tour à tour : « J’enlève tout », « la Reine d’Angleterre », « séducteur compulsif », « grève du sexe au Kenya », « sexe » et « histoire cochonne ». Quand on songe que Valéry Giscard d’Estaing a dû écrire son livre au mois de mai, on est pris de vertiges (et on rend grâce à l’éditeur de VGE d’avoir, au dernier moment, remplacé Elisabeth II par Lady Di).

Juin
En juin, Momo Lambda est toujours aussi chaud, puisqu’il s’intéresse au « poppers » et au « slip ».

Juillet
Parti sur une aussi bonne lancée, Maurice Lambda persiste en juillet, puisqu’il arrive sur Causeur après avoir cherché : « effet garanti auprès des jolies filles », « à poil », « pisser », « luxure », « cul ». Et finalement, comme il devrait se bouger plutôt que de rester scotché à son écran, il finit par avouer tout : « Je m’ennuie », « Je veux être miss France » et se résout à conclure avec « Latoya Jackson ».

Août
Quand août arrive, Maurice a un éclair de lucidité sur les sept mois qu’il vient de passer derrière son écran. « Conneries » vient à sa petite tête, qui doit être relativement malade puisqu’aussitôt il écrit : « parle à mon cul », avant de se ressaisir, en s’enquérant de « Lolo Ferrari » et « à poil sous sa jupe ». Mais comme il n’a vraisemblablement pas de succès auprès des filles, il se tourne vers les garçons et attaque directement « Brad Pitt ».

Septembre
Après l’été qu’il vient de passer, Maurice Lambda s’intéresse enfin au seul vrai sujet qui vaille en ce mois de vendanges : « Jean-Louis Borloo bourré ». Mais son intérêt ne dure qu’un moment et, très vite, il sombre à nouveau : « Je pense aux copies je me lave la pine ». Ah ! malheur des enseignants français ! Il y en a qui pensent à devenir président en se rasant le matin. Eux sont condamnés à penser, toujours et encore, aux « copies ».

Octobre
En octobre, Maurice Lambda se pose deux questions : « Elisabeth Lévy mariée » et « Lady Gaga nue ». Pauvre Elisabeth : quand il pense à elle, Maurice Lambda l’imagine mariée et ne tient pas du tout à la voir dans le plus simple appareil.

Novembre
Mais heureusement que le mois de novembre existe : là, Maurice Lambda a compris qu’Elisabeth Lévy était célibataire et il n’a plus qu’une idée en tête : « Elisabeth Lévy nue ». Mais il se reprend et demande à Google de lui trouver : « No future » et « Salon du divorce ». On n’est jamais trop prudent.

Décembre
Enfin, pour finir l’année en beauté, Maurice Lambda, le plus vicieux Internaute qui soit, se demande : « Elisabeth Lévy gauche ou droite ». Il a certainement eu la réponse à sa question, puisqu’aussitôt il se met à la recherche d’« hydrure d’uranium ». (Elisabeth, si un inconnu t’aborde dans la rue, te dis qu’il lit Causeur avec assiduité et te propose un verre d’hydrure d’uranium : refuse ! Ce n’est pas le mariage qu’il veut, mais juste des photos de toi à poil !)



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Née à Stuttgart en 1947, Trudi Kohl est traductrice, journaliste et romancière. Elle partage sa vie entre Paris et le Bade-Wurtemberg.

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