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Les problèmes de cœur du président


Les problèmes de cœur du président

Comment n’y a-t-il pas pensé plus tôt ? Il a suffi de quelques heures d’hospitalisation, suite au malaise vagal consécutif à un footing trop poussé, pour que la popularité présidentielle, en berne depuis des lustres, hisse à nouveau les couleurs.

Chez Sarkozy, tout est politique, même le corps du président, même les défaillances du corps du président. Selon un sondage CSA pour VSD, publié mercredi, le passage au Val-de-Grâce a opéré des miracles : 53 % des Français jugent désormais que Nicolas Sarkozy est un “bon président”, soit 12 % de plus que dans le précédent sondage, 63 % le jugent “sympathique” (+ 15 % !), 50 % “proche des gens” (+ 14 %) et, sans surprise, 90 % d’observateurs avisés l’estiment “dynamique” (+ 5 % tout de même, on se demande sur quelle planète lointaine vivent les 10 % qui, apparemment, le jugent lymphatique).

On savait déjà qu’on pouvait gagner une élection grâce à un cancer de la prostate habilement géré, mais c’était tout de même cher payer. Mais + 12 % d’opinions favorables pour le prix d’un malaise vagal, c’est bradé !

La démocratie, c’est simple comme un électrocardiogramme. Quand on pense qu’il n’y pas si longtemps encore, quand on n’avait pas encore compris que la politique n’a plus rien de politique, certains s’échinaient, dans d’obscurs cabinets, à élaborer pendant des mois des catalogues de propositions incompréhensibles pour attirer un chaland électoral qui s’en contrefichait – car il ne pense qu’à une chose, le brave électeur : élire son prochain, son frère, celui qui lui ressemblera le plus, qui sera le plus proche de lui – tout proche. Ce n’est plus un système politique, c’est de la calinothérapie.

On imagine que suite au succès inattendu de ce coup de com impromptu, la cellule idoine de l’Elysée a déjà concocté un programme aux petits soins pour convaincre les 50 % qui persistent stupidement à ne pas trouver notre hyperprésident “proche des gens” : une extinction de voix de Carla à la veille d’un concert ? ça pourrait passer inaperçu. Plutôt une bonne petite crise conjugale à l’automne, suivie d’une réconciliation express à Venise, avec échanges de papouilles sur une gondole (un dîner aux chandelles à l’Hippopotamus a été un moment évoqué, mais il ne faut pas trop en faire non plus). Pour les fêtes, on pourrait prévoir une jolie crise de foie carabinée – question proximité avec le Français moyen, y’ pas mieux, coco. Au printemps 2010, un accident de plongeoir dans la piscine du cap Nègre, programmé au bon moment, devrait constituer un coup de pouce décisif pour les régionales.

Et après ? Après… qu’est-ce qui pourrait encore rendre le Président plus “proche des gens” ? A part un licenciement sec suite à une délocalisation du pouvoir politique à Bruxelles, je ne vois pas. Après ça, Nicolas Sarkozy pourrait – enfin ! – connaître une popularité triomphale à la Chirac, qui en ce moment multiplie les bains de foule, en toute proximité, à Saint-Tropez, qui abrite temporairement ses vacances perpétuelles. C’est tout le mal que l’on souhaite à notre vénéré président.



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Laurent Dandrieu est rédacteur en chef adjoint à Valeurs actuelles, où il suit notamment les questions religieuses. Il vient de publier “La Compagnie des anges. Petite Vie de Fra Angelico” (éditions du Cerf).

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