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Sous le soleil des topiques


Sous le soleil des topiques
Une chose est sûre : les journalistes prennent aussi des vacances.
Une chose est sûre : les journalistes prennent aussi des vacances.
Une chose est sûre : les journalistes prennent aussi des vacances.

Nous vivons des temps inédits. A preuve : les marronniers ne sont plus ce qu’ils étaient. Même les télés ne peuvent plus se contenter d’alimenter un JT uniquement à coup de pizzas avariées et de Médor abandonnés. Et l’ensemble des médias, où plutôt ce qu’il en reste pour cause de congés payés, se voit contraint de renouveler son offre d’été, faute de pouvoir s’en tenir aux « unes » traditionnelles dont ils faisaient leurs délices les saisons passées – on a presque envie de dire : les siècles passés. C’en est donc fini du monopole des couv’ racoleuses sur le sexe et, heu… le sexe.

Quoi de neuf, donc ? Si la saison est loin d’être forclose, quelques grandes tendances se dessinent déjà.

[access capability= »lire_inedits »]Tout d’abord, les classiques revisités :

La crise (ci-devant des subprimes). Elle fait encore parler d’elle. Comme en 2008, on nous raconte ça et là les aventures d’une famille qui a choisi le camping à Quiberon plutôt que la demi-pension aux Flots bleus. Mais comme ladite crise touche aussi l’hôtellerie de luxe qui, nous dit-on, brade ses chambres sur le Net, certains petits malins titrent sur le phénomène inverse. On attend, avant fin août, le premier reportage sur le Plaza Athénée envahi par les Rmistes. A prévoir aussi, au rayon crise, des articles sur les estivants qui, sur la route des plages ou du Futuroscope, font un détour pour emmener les gamins voir les bonbonnes de gaz à New Fabris ou JLG.

Les incendies de forêts. Pour cause de temps de merde généralisé (quid du réchauffement climatique, au fait ?), on a scandaleusement failli en être privé. Heureusement, un brave sous-off de la Légion a rectifié le tir…

Ensuite, les nouveaux épisodes de feuilletons d’avant les vacances :

La grippe A (ex-porcine, ex-mexicaine, ex-H1N1). Elle est en train de devenir la grippe tout court. Accompagnée, toutefois, d’une épidémie de schizophrénie dans la profession. « C’est très très grave », nous serine-t-on, juste avant de nous expliquer le contraire : en cas de fièvre et de douleurs persistantes, foutez la paix au SAMU et allez voir votre docteur (souvent appelé médecin « généraliste » dans les gazettes et « référent » dans le journal du soir). De toute façon, on n’attend rien de monstrueux avant l’automne et, si vous voulez mon avis, des vacanciers qui, en juillet, s’inquiètent de la grippe à la rentrée, ça vaut pas plus cher que ces étudiants qui, dans les manifs, disent être préoccupés par le montant ou l’âge de leur retraite : qu’ils crèvent !

Le Parti socialiste. La déculottée des élections européennes ayant eu le mauvais goût de tomber au mois de juin, normal que les collatéraux débordent sur l’été. Au moins, avec sa correspondance-surprise avec Manuel Valls, Martine Aubry réussit-elle à faire parler de sa personne, ce qui est une sorte de petit exploit, comme en réalisent les baroudeurs tricolores sur les étapes de transition du Tour. Mais il ne suffit pas de montrer le maillot, encore faut-il garder des forces pour la fin de l’étape, et on ne vous parle même pas de victoire finale sur les Champs-Elysées.

Enfin, il y a les vrais thèmes innovants :

La Lune. De France Cul à Gala, impossible d’échapper au quarantenaire des exploits d’Armstrong et d’Aldrin. On pourra (souvenez-vous de mai 68 la saison passée) s’étonner de cette nouvelle lubie de fêter les 40 bougies d’un événement avec le lustre d’un cinquantenaire voire d’un centenaire. Après tout, il aurait été plus logique de garder tous ces flonflons pour 2019. L’allongement de la durée de vie étant ce qu’il est, il y a fort à parier que les protagonistes seront toujours là : tout comme la Lune, d’ailleurs.

La fin du topless. Ça, c’est du lourd, notamment dans les hebdos féminins qui n’en finissent pas d’épiloguer sur le hara-kiri du monokini. Chacun y va de son analyse, toujours pour expliquer que le féminisme est entré dans les mœurs, qu’on n’a plus besoin de le revendiquer et encore moins de l’exposer. Mais beaucoup vont plus loin, théorisant, comme nos consœurs d’Elle, sur cet acquis fantastique qu’est la « nouvelle pudeur ». Dans tous les journaux, les témoignages sont légion, toujours à base de nanas de 20 ans qui t’expliquent que, quand même, le regard des garçons, c’est gênant. Toutes choses qui m’amènent à me demander si ce sujet-là est finalement si neuf que ça, ou s’il ne s’agit que de la suite logique des âneries du printemps sur la nécessité de ne pas stigmatiser celles qui ont choisi de porter la burqa…
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Août 2009 · N°14

Article extrait du Magazine Causeur



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De l’Autonomie ouvrière à Jalons, en passant par l’Idiot International, la Lettre Ecarlate et la Fondation du 2-Mars, Marc Cohen a traîné dans quelques-unes des conjurations les plus aimables de ces dernières années. On le voit souvent au Flore.

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