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Le baby, un droit pour tous !


Quelle information est passée inaperçue dans les grands médias nationaux en ce début d’année ? Vous savez, ceux qui décrivent la France comme un pays aux mœurs rétrogrades et au défaitisme congénital. Une information pourtant capitale qui traduit le génie français du jeu, qui combine l’adresse à l’endurance, la concentration aux fulgurances, la poésie du zinc aux rêves de jeunesse, l’infiniment petit au grandiose.

Une information qui, derrière l’exploit sportif, nous ramène au temps du lycée comme dans une chanson de Gérard Lenorman. Une information qui fait chaud au cœur dans ce triste hiver. L’équipe de France masculine a remporté, le 6 janvier dernier, la Coupe du monde de baby-foot. Champion du monde à domicile au Palais des Sports de Nantes face aux Etats-Unis après un match intense de deux heures et demie.

Les filles n’ont pas démérité, après avoir remporté le titre mondial en 2010, elles ont décroché une très belle médaille de bronze. A l’heure où les transferts de joueurs prennent des allures d’introductions en bourse, loin des OPA sur gazon et du merchandising diplomatique, le baby-foot donne la leçon au grand. Et quelle leçon ! L’humilité, la persévérance et le plaisir de jouer, ces fameuses valeurs que cherchent en vain les commentateurs dans le sport professionnel, le baby-foot les porte haut.

Cette victoire n’est pas anecdotique. Le baby est à la fois un véritable sport mais aussi un loisir accessible à tous. Il fait partie du décor de nos cafés. Sans lui, ses joueurs bruyants, sa langue vernaculaire, son vocabulaire bistrotier , « pissette », « roulette », « gamelle », « râteau », nos bars auraient perdu de leur superbe. Dans une époque où les industriels français ont la bougeotte fiscale et la délocalisation en bandoulière, ce titre de champion du monde illustre la France qui gagne. Car depuis plus de 50 ans, la société Bonzini fabrique des baby-foot à Bagnolet. Un savoir-faire français, une fabrication 100 % française en Seine-Saint-Denis, des exportations (30 %) dans près de 60 pays et au final, une marque représentant 85 % du parc des cafés et hôtels de France. L’entreprise vante la qualité de ses produits qui affichent une espérance de vie de 40 ans grâce notamment au « bois de hêtre de 1er choix ». On est loin des technologies de pointe et de la haute-couture, eldorados des économistes et experts internationaux qui n’ont certainement jamais joué au baby de leur vie. On les plaint de ne pas avoir fréquenté les bars. Ils auraient appris que le baby-foot français nous rapporte des médailles et des devises.



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Journaliste et écrivain. A paraître : "Et maintenant, voici venir un long hiver...", Éditions Héliopoles, 2022

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