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L’obamania, faux-ami d’Obama ?


L’obamania, faux-ami d’Obama ?

Lorsque Sheryl Crow est apparue sur la scène de l’Invesco Field de Denver le soir de la nomination de Barack Obama, 80 000 personnes ont repris en cœur son très à-propos A Change would do us good. Après elle, John Legend, Will I Am et Steevie Wonder se sont succédé sur scène, offrant à l’Amérique le plus glamour show politique jamais organisé. En soi, cette mobilisation people ne choque personne aux Etats-Unis, où le citoyen lambda n’hésite pas à afficher son choix sur son auto ou sa maison ; là-bas, comme nous le remémore le bouillant Happy Birthday de Marylin à JFK, politique et spectacle ont toujours fait, si l’on ose dire, bon ménage. Néanmoins, jamais encore Hollywood n’avait aussi massivement pris parti pour un des deux candidats en lice. Ainsi, George Clooney, Scarlett Johansson, Tom Hanks, Morgan Freeman, Will Smith ou Beyonce et des centaines d’habitués des charts et des blockbusters, font ouvertement campagne pour Barack Obama.

On est content pour lui, mais il n’est pas exclu que cette brillante médaille ait un revers : quelle est l’influence réelle ces soutiens sur l’opinion? Font-ils seulement vaciller les certitudes de John et Jane Doe électeurs hésitants à Mansfield (Ohio)? Rien n’est moins sûr: lors des deux dernières présidentielles, les stars avaient largement donné leur préférence à Al Gore et John Kerry…

Il est même possible que cette débauche de paillettes ait un impact négatif sur l’électorat populaire, y compris dans sa fraction démocrate. En pleine crise des subprimes, la campagne jet-set d’Obama a quelque chose d’indécent aux yeux de nombre de working poors qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts. Bien conscient de ce décalage, McCain s’est empressé de surfer sur le thème de la pipolisation de la campagne de ceux d’en face. Dans un spot télévisé qui tournait cet été en boucle sur les principaux networks, ses spin doctors sont allés jusqu’ à associer Obama à Paris Hilton, stéréotype-repoussoir de l’oisive blonde écervelée. Malin, McCain sait qu’il a tout à gagner en collant à son adversaire une image de fashion’choice top tendance, plus rock star que politicien… Et c’est bien là tout son problème. Qu’il soit fermier dans le Kansas, métallo dans le Michigan ou dévot en Utah, l’américain lower-class, voire middle class, ne s’enthousiasme pas spontanément pour le trip Sex, drugs and rock’n roll des amis d’Obama.

Contre toute attente, l’Obamania, dont nombre d’observateurs se félicitaient au début de la campagne se révélera peut-être un faux-ami pour Barack Obama – et cela, même s’il est élu. À Washington comme à Paris, on aurait bien tort de traduire l’emblématique première phrase du préambule de la Constitution américaine We, the people par « Nous, les people ».



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Etudiant en master d’Enjeux internationaux à la Sorbonne.

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