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Retour de la pudibonderie au musée d’Orsay?

La discrimination à base de gros nichons, on nous l'avait encore jamais faite


Retour de la pudibonderie au musée d’Orsay?
La Seine au niveau du Musée d'Orsay, Paris. Photo: Skeeze / Pixabay

Une dénommée Jeanne déclare dans les médias avoir été interdite d’entrée dans le musée, à cause de son décolleté.


 

Un buzz chasse l’autre. Depuis vingt-quatre heures la toile s’affole au sujet des nichons du musée d’Orsay. En effet, mardi dernier une fort jolie jeune femme au décolleté très plongeant s’est vue obligée, par le personnel du musée, de revêtir une veste pour cacher ses attributs afin d’aller admirer l’Origine du monde. Le temps de quelques tweets, la jeune fille eût tôt fait de publier une lettre ouverte au musée, de recevoir les excuses de la part de ce dernier, et la mayonnaise des réseaux sociaux prit à merveille.

J’ai été sexualisée

Que voit-on au premier abord ? Une jolie jeune fille à qui on « interdit » l’entrée d’un musée pour cause de décolleté trop plongeant, et j’admets que cela est énervant. Tous les vieux réacs de mes amis se sont offusqués sur le mode du retour à la pudibonderie, voire de l’ombre de l’islam rigoriste à laquelle désormais on ne peut s’empêcher de penser.

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Mais la chroniqueuse énervée que je suis, voire la femme toujours engagée dans la compétition intra sexuelle (Peggy Sastre vous expliquerait le concept mieux que moi) y a vu autre chose. La dénommée Jeanne a accordé une interview au très progressiste media en ligne Brut.

Et cela fit tilt dans mon esprit. Son débit y est hésitant, comme si elle ânonnait une leçon apprise par cœur. Et la voilà qui lâche le terme de « sexualisation » : « Le problème c’est que j’ai été sexualisée et qu’on a projeté sur moi une vision que je n’ai pas revendiquée. » Je dois dire que les bras m’en sont tombés. Une femme qui arbore un décolleté aussi plongeant (et je répète que c’est son droit le plus strict) sait pertinemment qu’elle va affoler les hommes, et c’est même la raison pour laquelle elle le porte, et je trouve que c’est une raison suffisante et même louable, aucune femme honnête ne me contredira.

Un discours féministe à deux balles omniprésent

Mais en utilisant un discours féministe mal digéré, la demoiselle préfère recouvrir ses seins… d’idéologie. Et c’est là que le bât blesse à mon sens. La soi-disant privation de liberté dont les réseaux sociaux et la presse s’offusquent se situe à mon sens à cet endroit. Ce qui est également fort intéressant est qu’elle s’est vue d’abord être interpellée par une femme : « Une dame à l’entrée me dit ah non non ça va pas passer » raconte-t-elle.

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Je parlais plus haut de compétition intra sexuelle. Pour parfaire la panoplie des revendications post-modernes, Jeanne se dit donc victime de… ses gros seins. « Quand j’ai vu les femmes dans le musée, qui étaient toutes assez plates, je me suis dit que le problème c’était mes seins ». La discrimination à base de gros nichons, on nous l’avait encore jamais faite.

« Dans un monde réellement renversé, le vrai est un moment du faux » disait le visionnaire Guy Debord. En effet notre monde est renversé, tout est brouillé. Les jeunes femmes voilées montrent ce qu’elles veulent cacher : leur appartenance religieuse et leur corps car finalement, en étant caché, il est exhibé. Quant aux jeunes femmes progressistes, elles cachent ce qu’elles montrent à coups d’idéologie.

Pour terminer sur une note « fashion » et old school ce billet, je remarque que l’élégance n’est plus de ce monde. Ma grand-mère, fashionista de son temps, me disait toujours: « il faut s’habiller selon les circonstances ». Et quitte à passer pour une réac patentée, cette robe, fort jolie au demeurant n’était pas de circonstance pour la visite d’un musée. Mais le buzz a eu lieu, et dans le nouveau monde c’est tout ce qui compte.

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est enseignante.

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