Accueil Édition Abonné Avril 2018 Italie: la Lega applique la méthode Assimil

Italie: la Lega applique la méthode Assimil


Italie: la Lega applique la méthode Assimil
Tony Iwobi. ©Ni Yanqiang - D.R.

En Italie, le réel semble plus fort que Le Gorafi. Régulièrement accusée de racisme, la Lega de Salvini, arrivée en tête (18%) de la coalition de droite aux législatives, a fait élire fin février le premier sénateur noir de la Botte. Tous nos médias se sont gaussés de cette apparente contradiction : le sénateur Tony Iwobi, d’origine nigériane, serait-il masochiste ? Tombé des nues, le président de SOS Racisme Dominique Sopo a comparé Iwobi à l’oncle Tom. Car avec ses t-shirts « Stop invasion » et ses diatribes contre les flux migratoires, le chef d’entreprise désormais parlementaire ne correspond pas vraiment au cliché de l’immigré xénophile.

Tony Iwobi n’est pas le premier

Élu municipal à Bergame dès 1995 puis conseiller régional de Lombardie en 2013, Iwobi a toujours suivi la ligne de la Lega, y compris lorsque ses dirigeants voulaient couper les ponts avec l’Italie méridionale et créer une Padanie indépendante au nord de la péninsule. L’élu défendait alors mordicus la culture et la langue bergamasques, un dialecte usité en Italie et en Suisse que l’Unesco a classé dans la liste des idiomes en danger.

Sous le feu des projecteurs, Tony Iwobi n’est pourtant pas la première personnalité d’origine africaine que la Ligue met en avant. En effet, le premier maire noir d’Italie fut Sandy Cane, une ligueuse élue à Viggiù, une petite ville de la frontière suisse. Née d’une mère italienne et d’un père afro-américain, elle confia même avoir voté Obama. Non loin de là, en 2013, à Malnate, la Ligue avait désigné comme secrétaire de sa section locale Hajer Fezzani, une Italienne d’origine tunisienne, noire de surcroît. La jeune femme n’aurait jamais pu prétendre à un tel rôle à Tunis, où les descendants d’esclaves africains restent désespérément cantonnés à des tâches subalternes.

Dans une Italie en première ligne du chaos migratoire, la Lega a donc pleinement intégré le logiciel assimilationniste de son alliée Marine Le Pen. Ses adversaires lui souhaitent le même destin.

Avril 2018 - #56

Article extrait du Magazine Causeur




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