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Hollande, Sarkozy et la grande cuiller


Qui se souvient du François Hollande chef de l’opposition ? Lorsqu’il occupait la fonction de premier secrétaire du P.S aux premiers temps de la présidence Sarkozy, le député-maire de Tulle surfait allègrement sur les bas instincts du peuple de gauche. Sarko-facho insinuait une affiche du MJS montrant le visage de Nicolas Sarkozy illustrée de la légende : « Votez Le Pen ». Pendant ce temps, s’indignant que le président consulte le chef du Front National – comme l’ensemble des dirigeants de partis politiques – sur sa politique européenne, Hollande dénonçait en substance le pouvoir corrompu à cause duquel, « lorsque ce ne sont pas ses idées », c’est Le Pen en personne que Nicolas Sarkozy invite à l’Elysée le 20 juin 2007. Vous connaissez le couplet habituel – expulsions de clandestins, rafles, soutien total à RESF, alors autant vous la faire courte…

Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. Manuel Valls a annoncé des critères de régularisation des clandestins au cas par cas et un objectif d’expulsions chiffré inavoué qui rappellent mystérieusement la politique de son prédécesseur Claude Guéant, que les jeunes militants socialistes plaçaient à peu près entre Papon et Bousquet dans leur wall of fame des bourreaux de la République.
Ô surprise, en plein examen des propositions de la commission Jospin pour une vie politique plus belle et plus éthique, voilà t’y pas qu’une certaine Marine Le Pen a été reçue hier à l’Elysée par le président himself, comme l’ensemble des candidats à la présidentielle, l’intergalactique Jacques Cheminade compris. On ignore si, conformément à l’adage populaire, notre président normal s’est muni d’une longue cuiller pour s’entretenir avec la candidate qui représente tout de même 18% des suffrages populaires.

Mais en lisant la biographie que Philippe Cohen et Pierre Péan consacrent à Jean-Marie Le Pen, Une histoire française, tout particulièrement les pages décrivant par le menu détail les renvois d’ascenseur électoraux entre Bernard Tapie, le PCF alsacien et le fondateur du Front National, on se dit que la gauche française ferait bien de méditer la parabole de la paille et de la poutre.

Jean-Marie Le Pen, Une histoire française, Philippe Cohen et Pierre Péan (Robert Laffont)



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Journaliste et syndicaliste, Manuel Moreau est engagé dans le mouvement social.

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