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France en 2050 : c’était pire demain


France en 2050 : c’était pire demain

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Chroniques d’un  ours bipolaire

Je n’ai pas les idées assez larges pour appréhender mon époque dans sa totalité, le monde dans sa globalité et le réel dans toute sa complexité. Comme un journaliste de France Inter, un militant du Front de gauche ou, pour élargir un peu le spectre, un électeur du Front national, j’ai mes œillères. Je vois, comme tout le monde, la vie à travers les grilles de mon identité, de ma position, de mon histoire et de mes préjugés. Même si je ne les vois pas, je les sens, ces œillères, et parce que je suis trop curieux pour me contenter d’un angle de vue réduit, n’étant ni Finkielkraut ni un caméléon, j’ai un truc : je tourne la tête, un coup à droite, un coup à gauche. Quand un fil dépasse de la pelote que mes méninges ne cessent jamais d’enrouler et de dérouler, je le vois, comme un arbre qui rend trouble la forêt de mon paysage mental. Alors, c’est plus fort que moi parce que plus vrai, je tire dessus pour voir ce qu’il cache.

Je passe mon temps à voir s’écrouler les châteaux de cartes de mes idées et de mes idéaux, mais je m’en fous tant que j’ai l’impression que mes pieds touchent le territoire, et je suis désespérément lunatique mais pas tout le temps dans la lune. Je suis plus souvent partagé, tiraillé ou carrément dispersé que fermement convaincu et, comme je trouve toujours un petit bout de raison chez le dernier qui a parlé, je reconstitue comme je peux le puzzle en trente-six dimensions de mon environnement. Ça n’aide pas à trouver de solutions globales aux problèmes de mon temps, et encore moins finales, et c’est peut-être mieux comme ça, mais j’en ai de partielles et de provisoires qui feraient du bien à mon pays, et au-delà. Enfin bref, je suis du genre clivé.

Voilà pourquoi, quand j’entends Malek Boutih, j’ai honte de voter Front national et pourquoi la racaille de Grigny me donnerait presque envie d’appeler le Ku Klux Klan. Voilà pourquoi, face à la réalité de Chanteloup-les-Vignes et de Trappes, je ne sais plus s’il faut donner aux cités des coups de main ou des coups de bâton. Voilà pourquoi j’écris des articles comme ci et d’autres comme ça.

La France en 2050

Si j’avais une machine à voyager dans le temps, je commencerais par faire un tour dans le passé. J’irais, la mort dans l’âme et rempli de honte, raconter Villiers-le-Bel et Clichy-sous-Bois aux Français qui nous ont précédés. Je parlerais de Trappes à Geneviève et de Grigny à Godefroy de Bouillon, je décrirais Saint-Denis aux Mérovingiens et Montreuil aux Carolingiens. J’esquisserais une peinture de Nice, Marseille ou Toulouse et je ferais remonter le trait jusqu’à Poitiers pour Charles Martel. Mais je ne m’attarderais pas. Meurtri de fendre le cœur à ceux de nos glorieux ancêtres qui croiraient mes paroles, eux qui savaient défendre par l’épée et jusque dans la mort, par amour et pour l’honneur, tout ce et ceux qu’ils chérissaient, je m’éclipserais sur la pointe des pieds et la queue entre les jambes. Las de passer pour un prophète de malheur et un oiseau de mauvais augure aux yeux des autres, les incrédules qui ne supporteraient pas d’avoir vécu et d’être morts pour entendre ça, je finirais par rentrer dans mon époque, pas fier.

De retour en 2013, j’allumerais ma radio ou ma télé pour entendre les autorités et les journalistes autorisés, installés et respectables, nous inviter à éviter les amalgames et nous conseiller vivement de combattre le racisme et l’islamophobie car ce sont les maux qui menacent notre civilisation, sans oublier de nous rappeler que leur expression est punie par la loi. J’ouvrirais ensuite un de ces médias, que la police de la pensée ou de l’arrière-pensée rêvait de réduire au silence, pour voir un peu ce que cachent les rumeurs de pillages, pour apprécier la dimension ethnique des émeutes et le caractère religieux des violences. Puis je remonterais dans mon engin et mettrais lecap sur le futur.

Dès mon arrivée autour de l’an 2500, je découvrirais sans surprise que le niveau de la mer ne s’est pas plus élevé que les scores électoraux des écologistes, ce qui ne les empêcherait pas de pérorer comme au bon vieux temps qui est le nôtre. Je verrais bien que les plages sont restées à leur place, en revanche, je n’y verrais plus le moindre bikini mais une foule de burkinis, tous plus seyants les uns que les autres. Comprenant que l’islamisation n’est plus, comme dans la France de 2013, un fantasme raciste mais une réalité amère, je tenterais alors de rencontrer des historiens pour essayer de leur faire comprendre comment tout cela a pu arriver. [access capability= »lire_inedits »]Non sans mal car je m’apercevrais vite que l’Académie Houria Bouteldja et l’Institut Jean-Louis Bianco, en charge de diffuser l’histoire officielle et de réprimer les autres, présenteraient l’âge pré-islamique comme une époque de débauche où les hommes, et surtout les femmes, vivaient dans le plus grand malheur par leur habitude d’offenser Dieu, jusqu’au jour béni entre tous, celui de la « grande libération des territoires impies », où la félicité islamiste (qui avait lentement écrasé la masse des musulmans sans provoquer autant de cris qu’une manifestation pro-palestinienne ni rencontrer autant de résistance qu’une loi sur le port du voile) leur était tombée sur la gueule manu militari pour leur révéler les joies infinies de la vie halal et l’avènement d’une ère de paix et de tolérance. Toute recherche remettant en cause cette thèse étant interdite d’étude sous peine de pendaison, je trouverais peut-être au fond d’une forêt ou d’une cave une bande d’illuminés rassemblés autour des restes d’un Cahier de l’Innocence ou d’un numéro de Causeur rescapés des grands bûchers de 2154, occupés à s’interroger sur la formule : « L’islamophobie n’est pas un racisme, c’est un humanisme. »

Je raconterais alors, comme Charlton Heston dans La Planète des singes, à mon auditoire téméraire et ébahi, par quels incroyables processus la France, l’Europe et l’Occident sont retournés à l’âge de la pierre noire autour de laquelle le monde s’est mis à tourner en rond, comment nous avons laissé les plus fanatiques de nos compatriotes, aidés par leurs frères étrangers qui avaient obtenu le droit de vote (pour mieux s’intégrer) prendre lentement le contrôle de ces pauvres d’esprit que nos libertés effrayaient et que nos lumières éblouissaient, et qui étaient, en quelques générations, retournés à leur obscurantisme, comment les résultats d’élections locales puis nationales puis européennes, auxquels tout démocrate ne pouvait que se soumettre, avaient amené les partis islamistes au pouvoir, aussitôt devenu absolu et de droit divin.

Conscient de passer pour un pauvre con du xxie siècle qui a permis cela, j’expliquerais les effets combinés du regroupement familial et des allocations familiales qui ont organisé et financé l’installation et la multiplication des nouveaux maîtres. Devant leurs mines incrédules, je tenterais de les convaincre, en parfait imbécile préhistorique ou post-historique, que nous n’avons perdu aucune guerre sinon celle des idées contre l’immigrationnisme de droite et de gauche, ni fait péter aucune bombe sinon celle de la démographie des peuples du Sud sur les terres du Nord.

Face à une hostilité montante à l’endroit du crétin venu du fond des temps qui aurait creusé sa tombe et la leur, je me défendrais en répétant les arguments que les esprits les plus altruistes de mon époque avançaient alors sur l’histoire coloniale, les inégalités sociales, la nocivité des frontières qui séparaient les gars du monde qui ne demandaient qu’à se donner la main, et le droit des peuples à disposer de la terre des autres. Sur la tête de ma mère.

Je leur apprendrais que nous étions si confiants dans les pouvoirs de séduction de nos modes de vie que nous étions prêts à accueillir n’importe qui, sans prier les arrivants de laisser à la porte les pratiques culturelles qui avaient contribué à transformer l’héritage des colonisations finissantes du xxe siècle en enfers invivables qu’ils chercheraient très vite à fuir pour se presser aux frontières de nos pays pourtant dénoncés comme racistes et islamophobes. Je préciserais que l’immigration massive, qui inquiétait pourtant les vieux immigrés, était alors vendue par les imbéciles et achetée par les cons comme un enrichissement pour les paysd’accueil. Si je vous le dis.

Adieu Homère, Elvis et minijupe

Comprenant que j’aurais du mal à me faire comprendre, je leur expliquerais que, si nous n’avions pas entendu les premières mises en garde, c’est qu’elles venaient de gens clairement racistes, qui avaient toujours rejeté toute possibilité d’intégration, même à une époque plus reculée où la République arrivait encore à faire des Français, et qui, si on les avait laissé faire, auraient mis dans le même charter Malek Boutih et Mohamed Merah (dont le nom s’affichait désormais au fronton de nombreuses écoles coraniques et spatioports pour garçons).

Je leur raconterais comment, en défendant sur ce front-là, contre ces gens-là, les valeurs de la civilisation de Churchill, nous n’avions pas vu qu’elle se désagrégeait sur un autre front, que nos chers pays d’Europe se tiers-mondisaient en recevant massivement le tiers-monde et s’islamisaient en accueillant des musulmans. En quelques générations, l’intégration était devenue une illusion, et c’est nous qui étions intégrés, digérés dans des sociétés démocratiques et multiculturelles où la loi du plus nombreux et la tyrannie de la majorité s’étaient vite imposées à tous.

Devant les grimaces adressées au connard antédiluvien qui avait laissé s’éteindre le phare du monde qu’était alors l’Occident pour sauver son image de citoyen du monde généreux jusqu’à la mort, j’avancerais que les peuples étaient impuissants à enrayer ou à inverser les flux migratoires faute d’avoir su remettre en cause une construction politique appelée « Union européenne » parce qu’elle soutenait l’euro – monnaie qui, croyaient-ils, garantissait leur épargne et leur pouvoir d’achat. Ma bite à couper.

De plus en plus mal à l’aise dans le rôle du fossoyeur de trente siècles de civilisation qui avaient vu naître Homère et Chateaubriand, Bach et Elvis Presley, l’amour courtois et la minijupe, la cathédrale de Reims et la gare de « Perrrrpignian », je risquerais peut-être une défense de mes contemporains en évoquant l’épineux problème du financement des retraites que la fécondité tiers-mondiste devait régler comme une horloge. Au prix de gros efforts, je m’efforcerais de persuader mes hôtes cachés et menacés que la propagande de mon temps parvenait à convaincre le bon peuple que des familles de dix enfants dont seules deux filles avaient réussi à échapper au chômage ou à la prison parviendraient à subvenir aux besoins des cadressupérieurs retraités.

Je ne pousserais peut-être pas la leçon jusqu’à leur parler des signes avant-coureurs qui nous crevaient les yeux au xxie siècle, de l’histoire d’un islam dévastateur dans les siècles qui avaient précédé la « grande libération des territoires impies », de ces conquérants qui, partout où ils passaient, éteignaient les lumières, des violences et des régressions à l’œuvre sur les terres acquises et conquises par l’oumma, du sort réservé aux peuples qui n’embrassaient pas la foi dominante. D’abord, parce que je veux bien passer pour un idiot aveugle et irresponsable mais dans certaines limites, ensuite parce que mes descendants pourraient bien juger et condamner mon époque pour haute trahison, et moi avec. Et après quelques siècles d’islamisation, je craindrais que même les délicats habitants de la vieille Europe aient fait leurs les mœurs des mahométans. Alors, redoutant un lynchage digne des foules violeuses de la place Tahrir, suivi d’une lapidation spontanée, je remonterais dare-dare dans mon bidule spatio-temporel pour revenir vers une époque plus sûre où l’on peut presque tout dire même si presque personne ne vous entend.[/access]

*Photo: Red Frame OmaQ.org

Septembre 2013 #5

Article extrait du Magazine Causeur



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Cyril Bennasar, anarcho-réactionnaire, est menuisier. Il est également écrivain. Son dernier livre est sorti en février 2021 : "L'arnaque antiraciste expliquée à ma soeur, réponse à Rokhaya Diallo" aux Éditions Mordicus.

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