FN : du parricide considéré comme l’un des beaux-arts


La nouvelle est tombée hier : « dans un souci d’impartialité totale » (sic) ni Marine Le Pen ni Florian Philippot ne siègeront au sein du bureau exécutif du Front national chargé de décider du sort de Jean-Marie Le Pen. S’il fallait apporter une preuve supplémentaire de la professionnalisation du FN, la voici.

« Le Vieux », comme le surnomme la jeune garde frontiste, ne pourra prétendre avoir été écarté du parti par sa fille et son ombre maléfique. Nicolas Bay, Louis Aliot, Steeve Briois, Wallerand de Saint-Just, et Marie-Christine Arnautu se chargeront de cette basse besogne, ce qui laisse peu de doute sur l’issue de la réunion. Malgré leur extrême fidélité à Marine Le Pen, ces vieux de la vieille membres du PolitBuro – un mégrétiste repenti, monsieur gendre, le maire d’Hénin-Beaumont, l’avocat et trésorier du parti flanqué d’une autre ancienne commensale de Jean-Marie – n’ont pas attendu Philippot pour exister en politique.

On n’est jamais trahi que par les siens, pourra cependant faire valoir le Menhir qui ne se privera certainement pas du plaisir d’écorner sa fille, par exemple en rappelant la jurisprudence qui a longtemps prévalu chez les marinistes : minimiser les petites phrases du paternel, sinon feindre de les ignorer. Jusqu’à l’affaire de la « fournée » l’été dernier, Marine Le Pen accusait les médias de monter en épingle ce genre de sorties et faisait contre mauvaise fortune bon cœur en se résignant à placardiser son provocateur de père au poste de président d’honneur.

L’entretien à Rivarol a été la goutte d’eau en trop : désormais, le maintien de l’octogénaire au sein du parti est unanimement jugé préjudiciable à l’ascension du mouvement. Maintenant que la clarification attendue depuis des années a lieu, les pires adversaires du FN, de Mélenchon à Sarkozy, admettent que la fâcherie entre les deux générations des Le Pen n’est pas pure comédie. Cela enlève un argument de poids à tous les malentendants qui prétendent que le Front d’aujourd’hui équivaut à celui d’hier. Les voilà prévenus.



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Journaliste et syndicaliste, Manuel Moreau est engagé dans le mouvement social.

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