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Ceux qui ont insulté Finkielkraut ne sortent pas de nulle part

Et une certaine gauche les soutient...


Ceux qui ont insulté Finkielkraut ne sortent pas de nulle part
Alain Finkielkraut lors de la marche blanche en hommage à Mireille Knoll, mars 2018. ©SIMON GUILLEMIN / HANS LUCAS

La Bête qui sommeille est le titre d’un remarquable roman noir (très très noir) de Don Tracy, paru aux Etats-Unis dans les années 1930, traduit et publié par Marcel Duhamel dans la Série Noire en 1951. Un petit port de pêche quelque part dans le Sud, un Noir fin saoul qui viole une Blanche, et la foule qui le lynche — salement, je peux vous le dire.
L’adjoint du sheriff, Al, qui connaît bien le Noir, qui sympathise avec lui, qui a des idées libérales, participera pourtant à la curée. Mais c’est que, comme dit l’auteur, « le capitalisme engendre le racisme ».

Les fils du communautarisme

Tout cela pour vous dire que les types qui ont insulté Alain Finkielkraut ne sortent pas de nulle part. Ils sont le produit de ce que nous avons laissé s’installer depuis des années : le communautarisme qui a remplacé l’appartenance à la Nation, la bigoterie qui s’est substituée au Savoir — mais comme il n’y a plus guère d’école, les crétins se retournent vers ce qu’ils ont à portée de main ou de minaret —, la pauvreté qui fait tache dans une société où si tu n’as pas une Rolex (ou un iPhone, ou n’importe quelle babiole périssable dont on t’a donné le désir), tu as raté ta vie.

Alors remonte la Bête, réveillée par le vide et le bruit du dessus.

Le manque d’imagination, l’absence de culture, l’appétit qui vient en ne mangeant guère, ne poussent pas à sophistiquer outre mesure la recherche de l’Ennemi. Le Système est une notion vague. Le Juif, c’est plus proche. Comme c’est rarement inscrit sur le visage, quoi qu’aient pu dire les nazis, on s’en prend à un Juif connu qui passait par là. Finkielkraut, qui a déjà failli se faire écharper par les gauchos de Nuit debout, s’est retrouvé la cible de quelques-unes de ces injures que l’on profère pour se mettre en train. « Barre-toi, sale sioniste de merde », « Sale race », « Tu vas mourir », « Rentre-chez toi à Tel-Aviv », — les gentillesses susurrées à voix haute avant d’en venir aux coups, et plus loin si affinités.

Quelques flics heureusement présents sont venus en aide au philosophe : La Fontaine en ferait une fable.

N’importe qui peut enfiler un gilet jaune

Le port du gilet jaune ne signifie rien — on peut en enfiler un comme on met une fausse barbe. Mais les barbes, pour le coup, étaient authentiques — comme les keffiehs palestiniens (« Palestine » fait d’ailleurs partie des hurlements des bestiaux susdits) portés par nos lyncheurs. Ou les prédictions : « Tu vas mourir, Dieu va te punir ».

Qu’est-ce qui a réveillé la Bête ? La superstition que l’on a laissé s’installer, sous prétexte de respecter les croyances (et la superstition, et le fanatisme, sont à la foi ce que la poussée de fièvre est au malade). Les particularismes raciaux (quand interdira-t-on toutes ces réunions, dans les universités, interdites aux non-racisés, comme ils disent ?). La volupté d’être filmé, et la fierté d’être identifié comme un gros connard.

A lire aussi: Agression d’Alain Finkielkraut: la défaite des gilets jaunes

Culture du communautarisme, culture de la haine, culture de l’ignorance. Un Académicien ! Un Juif ! Un philosophe ! Triple cible.

À noter que la médiatisation de la mésaventure de Finkielkraut ne doit pas faire oublier la progression effarante des…

>>> Lisez la suite de l’article sur le blog de Jean-Paul Brighelli <<<

 

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Normalien et agrégé de lettres, Jean-Paul Brighelli a parcouru l'essentiel du paysage éducatif français, du collège à l'université. Il anime le blog "Bonnet d'âne" hébergé par Causeur.

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