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Et pendant ce temps-là, Nicolas et Carla


Et pendant ce temps-là, Nicolas et Carla
Carla et Nicolas Sarkozy : le temps des rumeurs.
Carla et Nicolas Sarkozy : le temps des rumeurs.

J’ai passé récemment quelques jours dans un pays étranger, l’Autriche, où l’on peut jouir du plaisir exquis consistant à passer des heures dans un café à lire la presse locale et internationale sans que le loufiat ne vienne vous harceler pour renouveler vos consommations.

C’est ainsi que j’a pris connaissance, dans le très sérieux et très conservateur quotidien viennois Die Presse des dernières péripéties conjugales du couple présidentiel français. Il ne s’agissait pas d’une brève dans la rubrique people de ce journal, mais d’un article fort long et documenté sur les infidélités réciproques dont se seraient rendus coupables Nicolas Sarkozy et Carla Bruni. Ne soyons pas hypocrites et annonçons d’emblée la couleur : il court dans tout Paris la rumeur que la première dame de France aurait une liaison avec le chanteur Benjamin Biolay, et que le président de la République se consolerait avec la secrétaire d’Etat à l’environnement et championne de karaté Chantal Jouanno.

Le correspondant à Paris de Die Presse s’étonnait de ne pas avoir lu une ligne dans la presse française concernant ces informations capitales.

Son travail, et celui de ses collègues de la presse internationale en poste à Paris n’a pourtant pas été totalement inutile : au début de cette semaine, Cécile de Kervasdoué, meneuse de revue de presse internationale des « Matins » de France-Culture s’est accordé le plaisir malicieux de rapporter tout ce qui avait été écrit sur le sujet de Madrid à Stockholm, en passant par Londres.

Cette bretonne qui n’a rien d’une Bécassine contournait donc ainsi l’omerta que s’était imposée la caste des journalistes français réputés « bien informés » pour introduire ce sujet scabreux sur une antenne généralement peu portée sur les ragots.

Cela nous ramène à l’éternel débat sur la préservation de la vie privée des hommes et des femmes politiques, dont les termes ont radicalement changé depuis l’apparition du web et des réseaux sociaux. La dissimulation, sur une longue durée, de la double vie familiale de François Mitterrand serait aujourd’hui impossible.

Dans le cas qui nous préoccupe aujourd’hui, faut-il s’offusquer que les médias étrangers se saisissent avec gourmandise d’une affaire où la presse française avait choisi, pour une fois, de se montrer discrète ?

Faut-il au contraire pester contre cette connivence entre des journalistes et un pouvoir qui les mène par le bout du nez en choisissant les thèmes sur lesquels il veut communiquer et en intimidant ceux qui s’aventureraient à sortir des informations qui lui déplaisent ?

En fait, on se trouve ici dans un cas de figure où il est bien difficile de trancher. Imaginons un instant que la question ait été mise sur le tapis médiatique en pleine campagne pour les régionales. Qui se serait alors intéressé à ce scrutin, pour lequel le bon peuple montre un intérêt médiocre en dépit des efforts de la classe politique et des médias ? De quoi aurait-on parlé devant le zinc ou dans les réunions Tupperware ?

Pour la presse étrangère, c’est différent. Les élections régionales françaises ne font pas dresser l’oreille des rédacteurs en chef des grands journaux européens, en revanche les aventures du couple présidentiel français viennent opportunément relayer les frasques d’un Silvio Berlusconi qui se montre plutôt discret ces derniers temps.

On peut soupçonner également que la communication présidentielle, pour autant que les informations relatées reposent sur des faits réels, ait choisi de n’en faire état qu’après le 21 mars, pour faire diversion après la déculottée prévue pour l’UMP aux régionales.

Dans l’hypothèse où ces ragots seraient totalement bidons, c’est encore tout bon pour Nicolas Sarkozy : il aurait alors beau jeu d’apparaître encore une fois comme une victime de ces rats de journaleux, comme dans le cas du prétendu SMS envoyé par lui à Cécilia, dont le nouvelobs.fr avait fait état avant d’adresser des excuses publiques au président de la République. Pour ma part, j’en reste à la déclaration historique de Sarkozy lors de l’annonce de son mariage avec la chanteuse : « Avec Carla, c’est du sérieux ! » Cela nous informe sur l’intensité d’une relation à un moment donné, mais ne présage en rien de sa durée.



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