Big is beautiful?


C’est une histoire à la fois surprenante et dérangeante qui est arrivé à Lindsay Averill. Cette jeune documentariste américaine a découvert l’élégance des internautes qui ne partagent pas certaines de vos idées : une sorte de rage gratuite et débridée.

A l’origine de cette histoire, une campagne de collecte de fonds sur un site américain de financement participatif : Kickstarter. Lindsay Averill voulait monter un long-métrage documentaire politique et engagé. Mais son projet ne faisait visiblement pas l’unanimité et, au lieu de billets verts, son auteur a reçu une pluie de message haineux.

D’abord sur son site, où les « commentateurs » en goguette l’ont aimablement informée de leurs légers désaccords : « Quand toute cette histoire sera finie, vous serez à genoux et demanderez pardon… »

Puis elle a eu la joie de recevoir un peu de courrier : en guise de « fan mail », des lettres de menaces de mort. On a même poussé l’attention jusqu’à appeler son mari au travail ainsi que toutes les personnes participant à son film.

Un artiste en herbe s’est alors emparé de la bande-annonce de son documentaire et l’a bidouillée pour la retourner contre elle. Cet internaute créatif, subtilement nommé « GodBlessAdolfHitler » y a intercalé des images racistes, antisémites, quelques clichés des tours jumelles et une diapositive légendée : « Les Noirs sont dangereux ».

Mais qu’avait donc fait cette jeune fille pour mériter ça ? Défendait-t-elle l’avortement, le mariage gay, le Ku Klux Klan ? Même pas. Son crime, impardonnable : avoir voulu défendre le droit à la différence des personnes en surpoids, dans un documentaire intitulé « Fatittude ». Son objectif, explique-t-elle, était tout simplement de montrer « comment la culture populaire favorise les préjugés et comment offrir des moyen alternatif de penser ».

Au-delà du lynchage numérique – malheureusement banal – qu’a subi notre jeune réalisatrice, il serait intéressant de s’interroger sur les raisons d’un tel déchaînement de haine à l’égard des gros. Alors que 60% des Américains sont ou se considèrent en surpoids, il semble qu’on ne puisse pas prendre leur défense comme on ne manque jamais une occasion de le faire pour les « minorités » noire, homosexuelles ou juive, entre autres…



Vous venez de lire un article en accès libre.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !

Article précédent Ce «féminisme» qui pisse à côté de la cuvette
Article suivant Europe: reprise ou méprise?

RÉAGISSEZ À CET ARTICLE

Le système de commentaires sur Causeur.fr évolue : nous vous invitons à créer ci-dessous un nouveau compte Disqus si vous n'en avez pas encore.
Une tenue correcte est exigée. Soyez courtois et évitez le hors sujet.
Notre charte de modération