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Débat Hollande-Sarkozy


Les aficionados le reconnaissent : le charme de la corrida est que chacun a sa chance. Taureau et toréador. On ne saura pas avant le 6 mai qui fit, en vérité, l’homme ou la bête dans ce débat qui dura 2 h 40. Un débat que l’on peut supposer physiquement épuisant pour les deux candidats qui s’y livrèrent. Mais chacun garda ses forces et les rôles furent, en fin de compte, assez partagés.

Il fut question de la France. Beaucoup, ce qui est normal pour l’élection d’un président (normal ou pas) de la République. Il fut un peu moins question de l’Europe et du monde. Enferré dans sa logique « la Corrèze avant le Zambèze », François Hollande, qui ne « connaissait pas Dominique Strauss-Kahn », se référa à l’exemple corrézien pour rappeler que le point fort de sa vie politique consista à distribuer des iPad aux collégiens de son département. C’est remarquable. Mais contre pareil argument, comment lutter ?

En portant le coup en-dessous de la ceinture ? Ils ont essayé. François Hollande a lancé le mot ultime « Liliane Bettancourt » auquel Nicolas Sarkozy a répliqué par un « Pierre Bergé et Mathieu Pigasse » de derrière les magots. L’argument du président de la République fut ignominieux. Chacun sait qu’à gauche il n’est point de grosses fortunes, juste des nécessiteux. Mathieu Pigasse contesta d’ailleurs, sur Twitter, qu’il avait bénéficié du bouclier fiscal. On veut bien le croire. D’ailleurs, j’organise, à titre personnel, une opération « Pièces jaunes » au bénéfice du patron de la banque Lazard qui, visiblement, est bientôt à la rue. Si vous avez un peu de charité chrétienne et des couvertures chaudes surnuméraires à la maison : envoyez-les lui !

Les choses se corsèrent, cependant, sur le sort de la centrale nucléaire de Fessenheim. François Hollande, revenant mine de rien sur l’accord PS-EELV, fit la promesse de fermer « la plus vieille centrale française » d’ici 2017, c’est-à-dire au début du prochain quinquennat… Bonjour, Cécile Duflot. Au revoir, Eva Joly ! Le problème est que François Hollande est, sur ce sujet, à côté de la plaque : les normes sismiques prévues pour Fessenheim sont dix fois supérieures au dernier grand tremblement de terre alsacien, celui de Bâle qui eut lieu le 18 octobre 1356. Il faudrait peut-être un jour que la gauche française se réconcilie avec la science, plutôt que de verser dans la religion de l’obscurantisme qui prévaut aujourd’hui.

Bref, rien ne s’est passé ce soir. Rien ? C’est vite dit. Les fans de Nicolas Sarkozy frôlèrent l’orgasme, voyant leur champion dominer son concurrent. Quant aux fans de François Hollande, l’opinion de l’ami Joseph Macé-Scaron délivrée sur iTélé résume assez bien leur état d’esprit : « C’est la première fois qu’on voit un homme se casser les dents sur un Flamby. » Le patron du « J’ose » a-t-il inscrit le Flamby à sa carte des desserts ? Il faudrait !



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