Chasse au sexisme à la télé : Il va y avoir du sport…


Chasse au sexisme à la télé : Il va y avoir du sport…

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Daniel Bilalian est un chic type. Dans « On refait le Monde », l’émission de RTL où nous nous croisons régulièrement, le chef du service des sports de France 2 appartient à la catégorie « bons camarades ». Il a dû subir pas mal de pressions pour désavouer Nelson Montfort et Philippe Candeloro, pointés du doigt pour leurs commentaires jugés sexistes lors des JO d’hiver de Sotchi. Bilalian a tenu bon, à la grande fureur du CSA qui s’est fendu lundi d’une mise en garde à la chaîne publique. Une mise en garde, les dirigeants de France 2 doivent trembler, à peu près autant qu’un ado à qui un juge inflige un rappel à la loi parce qu’il s’est fait pincer à voler un DVD ou fumer un joint. Le mal-nommé gendarme du PAF est colère : il estime que « les propos tenus par ces commentateurs, par leur teneur et leur caractère graveleux portant en particulier sur l’aspect physique de sportives, étaient extrêmement déplacés et que certains d’entre eux étaient même de nature à refléter des préjugés sexistes ». Et pour faire bonne mesure, le CSA « regrette vivement que la direction responsable des sports s’en soit tenue à une attitude de dénégation ». On admettra que les commentaires de Candeloro n’étaient pas des plus distingués. Sa fameuse sortie sur l’anaconda qui serait bien allé embêter une Cléopâtre canadienne était même un brin salon du camion. Mais enfin, il n’y a pas eu mort d’homme, ni de femme, et à l’évidence, un peu de grivoiserie n’a pas nui à l’audience, comme l’a laissé entendre Bilalian en assurant qu’il conservait toute sa confiance à son chroniqueur.

En tout cas, en couvrant ses subordonnés, Bilalian se comporte en chef. Pas comme une certaine Christiane Taubira qui prétend nous faire avaler – et qui y parvient avec un certain nombre de confrères d’ailleurs – que sa directrice de cabinet ne l’avait pas informée des écoutes de Sarkozy pendant 12 jours. La bonne blague. Mais je m’égare.
En revanche Bilalian charrie grave quand, pour dédouaner ses commentateurs, il attaque l’émission de M6 les Reines du shopping. Invité de la Médiasphère, émission médias de LCI, il a fait cette sortie : « Quand je vois une émission sur le shopping où on voit des jeunes femmes qui ont l’air d’avoir un pois chiche à la place du cerveau, en train de déambuler dans les rues, je pense que c’est largement aussi sexiste qu’une réflexion comme celle de Candeloro. Même plus.»

Non, cher Daniel Bilalian, des filles s’adonnant avec gourmandise à la fièvre acheteuse, ce n’est pas une représentation sexiste, c’est la réalité comme on l’aime. Eh oui, d’après un sondage de mon cru, 93 % des femmes peuvent avoir des gros cerveaux, diriger des entreprises, faire voler des avions et trembler des hommes, elles sont prêtes à se damner pour une fanfreluche ou des jolis souliers. Mais que Bilalian se rassure, nous ne sommes pas plus dupes de notre frénésie que Candeloro de ses blagues de macho. Nous avons conquis le droit de jouer avec les stéréotypes : nul ne s’offusque de voir un homme parler chiffons ou une femme hurler devant un match de foot en buvant une bière, tant mieux. Alors que Daniel Bilalian nous laisse jouer aux filles en faisant les magasins avec nos copines et qu’il s’occupe des fesses de Candeloro[1. Bien entendu, si le CSA ne m’engueule pas pour cette chute violemment sexiste, cela prouvera son propre sexisme].



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Fondatrice et directrice de la rédaction de Causeur. Journaliste, elle est chroniqueuse sur CNews, Sud Radio... Auparavant, Elisabeth Lévy a notamment collaboré à Marianne, au Figaro Magazine, à France Culture et aux émissions de télévision de Franz-Olivier Giesbert (France 2). Elle est l’auteur de plusieurs essais, dont le dernier "Les rien-pensants" (Cerf), est sorti en 2017.

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