Brexit: le paysage politique secoué


Brexit: le paysage politique secoué
Sipa. Numéro de reportage : AP21601122_000005.
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Sipa. Numéro de reportage : AP21601122_000005.

Quelles seront les conséquences du Brexit sur notre vie politique ? Comme on pouvait s’y attendre, le FN compte tirer tous les bénéfices de la sortie du Royaume-Uni. Marine Le Pen réclame déjà le même référendum pour notre pays. Référendum ! Du côté de LR comme du PS, mais aussi chez Bayrou, Mélenchon ou Dupont-Aignan, on ne suit pas la candidate frontiste sur le même terrain. Au PS comme chez Alain Juppé, c’est la démocratie directe elle-même qui n’est pas en odeur de sainteté. En revanche, les autres s’accordent sur la nécessité d’une consultation populaire à l’occasion d’un nouveau traité, étant entendu que tous n’ont pas la même idée sur le contenu de ce dernier.

Chez Les Républicains, on s’est mis d’accord sur un texte minimal, évitant tous les sujets qui fâchent. Nicolas Sarkozy a toujours fustigé l’idée des référendums sur l’Europe.Conscient qu’il ne peut désormais concurrencer Alain Juppé que sur une thématique « peuple versus élites », a-t-il vraiment d’autre choix ? Sarkozy a même laissé ses lieutenants Laurent Wauquiez et Guillaume Larrivé proposer la suppression de la Commission européenne. Mais quant à le faire lui-même, il y a une marge. Comme si la construction européenne demeurait le tabou des tabous sarkozystes.

Son concurrent à la primaire LR Bruno Le Maire est devenu un véritable défenseur du référendum et il regrette désormais publiquement d’avoir voté le traité de Lisbonne, estimant avoir dépossédé les Français de leur décision de 2005. Ce n’est pas pour autant que l’ancien ministre de l’Agriculture est devenu souverainiste. On avait pu en juger directement à Vesoul il y a quelques semaines. On ne le répétera jamais assez : la candidature d’Henri Guaino est véritablement la seule qui permettra un débat riche sur le sujet européen, tant les propositions de Sarkozy, Fillon, Juppé, Copé et Le Maire ne se différencient qu’à la marge.

Du côté du PS, c’est Arnaud Montebourg qui a pris date. Profitant à la fois de l’annonce de la primaire et du Brexit, il a accordé un long entretien au Monde où il a pu d’une part formuler ses exigences en terme d’organisation de la compétition qui devrait l’opposer à François Hollande (nombre de bureaux de vote et conditions de candidatures équivalentes à la primaire de 2011), et d’autre part accentuer son tropisme eurocritique. Sa proposition de transformer la Commission en simple secrétariat au service du Conseil européen se rapproche de la proposition du duo Wauquiez-Larrivé. Quant à son idée de déléguer une partie de la création monétaire aux banques centrales nationales, elle ne pourrait aboutir qu’à une confrontation avec l’Allemagne et éventuellement au démontage de la monnaie unique. Manuel Valls et Emmanuel Macron se sont montrés un peu moins euro-enthousiastes que François Hollande imitant Le Maire et Sarkozy à droite, mais il ne s’agit encore ici que d’un vernis. C’est donc entre François Hollande (Valls ou Macron, si le président renonce à se présenter) et Montebourg que pourrait avoir lieu le débat nécessaire sur l’Europe, dont l’absence de Guaino de l’autre côté nous priverait.

L’idéal, évidemment, serait que le débat ait lieu à l’intérieur des deux primaires. Mais on va nous accuser d’être trop gourmand…

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