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En Belgique, des employés en liberté surveillée


En Belgique, des employés en liberté surveillée
Troupeau de moutons en Nouvelle-Zélande, 2015. SIPA. 00712819_000005
Troupeau de moutons en Nouvelle-Zélande, 2015. SIPA. 00712819_000005

Alors qu’on ausculte la moindre convulsion du grand cirque éphémère de nos élections imprévisibles, pendant ce temps-là, en Belgique, des employés de New Fusion, à Malines, trouvent la vie bien plus pratique depuis qu’on leur a implanté une puce RFID dans le gras de la main. C’est ce que nous apprend la RTBF le 3 février. D’après La Tribune, les huit salariés sont même plutôt contents. Inutile de se fatiguer à chercher un badge, le mot de passe de son ordinateur ou le code pour ouvrir la porte. En plus, comme on n’est jamais trop prudent, « en cas d’accident, les secouristes auraient directement accès à vos données », disent-ils.

Au-delà de cette impression de déjà vivre dans une dystopie où se vérifient les pires scénarios de la SF, phénomène que le grand J. G .Ballard appelait le « présent visionnaire » pour qualifier ses propres romans, ce qui peut nous interroger ici, c’est tout de même le ravissement sincère des employés choisis qui ne voient que des avantages au point de faire passer Alexis Deswaef, le défenseur belge des droits de l’homme, pour un vieux ronchon quand il parle « de réel danger ».

Sans doute faudrait-il regarder du côté de La Boétie et de sa « servitude volontaire » pour comprendre cette obscure pulsion qui fait préférer la sécurité à la liberté, fut-ce au prix de la tyrannie, ou de Hobbes qui part du constat célèbre que « l’homme est un loup pour l’homme » et lui propose rationnellement d’abdiquer sa liberté pour assurer sa[access capability= »lire_inedits »] tranquillité.

On rêverait pour le coup, puisqu’il est question de loup, d’une scène dans un bureau de New Fusion rejouant la fable de La Fontaine, Le Loup et le Chien. Le loup en chercheur d’emploi affamé demanderait soudain en regardant la petite cicatrice sur la paume de l’employé-chien, alors qu’il serait sur le point de signer son contrat de travail : « Qu’est-ce-là ? […] – Rien. – Quoi ? rien ? –Peu de chose. / – Mais encor ? –Le collier dont je suis attaché / De ce que vous voyez est peut-être la cause. »

Et alors, même si la puce RFID a remplacé le collier, de voir le demandeur d’emploi, comme Maître Loup, « s’enfuir et courir encore »[/access]



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