Angleterre: une ONG «antiraciste» dresse des listes


Angleterre: une ONG «antiraciste» dresse des listes

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Le monde est de plus en plus petit. Prenez l’antifascisme immense et rouge, ses croisades contre le racisme et « l’islamophobie ». À Londres comme à Paris, ça dénonce sec à l’ère post-Charlie. La semaine des attentats de Paris, l’ONG britannique Hope not hate (« L’espoir, pas la haine », abrégée HOPE) a publié un rapport de 130 pages dénonçant les « personnalités et groupes islamophobes » aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne. Rien de très original a priori, la constitution de listes étant le propre de la flicaille de la pensée. Mais là où le serpent se mord la queue, c’est que ladite étude brocarde les «islamophobes»… d’origine musulmane ! Le « contre-djihad » (sic), voilà le nouvel ennemi ! Vous pensiez que les kamikazes et autres artificiers de Daech menaçaient notre vivre-ensemble chéri ? Tout ça n’est que de la petite bière – si l’on peut dire… – comparé à l’hydre néofasciste qui se développe dans certaines consciences immigrées.

Raheem Kassam[1. Qui a quitté l’UKIP il y a quelques mois, pour cause de bisbilles à l’intérieur du parti. Il faut croire que le racisme n’est pas l’alpha et l’omega de la politique !)], l’ancien bras droit de Nigel Farage, le Dupont-Aignan british, s’exaspère du confusionnisme de HOPE. Méli-mélo certainement pétri des meilleures intentions du monde, le rapport épingle pêle-mêle des organisations d’extrême droite (English defence League, British National Party) et des musulmans réformistes refusant l’introduction de la charia dans le droit britannique – les bougres ! Même le port du voile islamique ne protège pas des soupçons puisque, dans la première version de l’étude, corrigée depuis, la militante musulmane pratiquante Raquel Saraswati, au chef couvert, se voyait également montrée du doigt, probablement à cause de positions un peu trop virulemment réformistes. Nick Lowles, directeur dudit rapport, explique avoir finalement blanchi Sarawasti de tout soupçon après consulté « des gens qui la connaissent » – les fameux « milieux autorisés » que moquait Coluche. Quel sérieux !

Et ce n’est pas fini. Des religieux anciennement intégristes convertis au progressisme musulman sont mis à l’index par les auteurs du rapport, à l’instar de l’islamiste repenti Tawfik Hamed, signe que l’« industrie de l’islamophobie » (Raheen Kassam), médiatiquement florissante, tourne à vide. Telle est la quadrature du cercle de l’antifa : faute d’ennemis crédibles au-delà de l’habituel quarteron de fachos, fabriquons-en… Quitte à désigner à la vindicte djhadiste les brebis galeuses de l’islam. « Le paradis à l’ombre des épées » que décrit un verset du Coran en fait visiblement fantasmer certains.

Je ne sais pas quelle mouche a piqué HOPE, hier encore coqueluche de toute l’intelligentsia politically correct du Royaume, pour adopter une conception si extensive de l’islamophobie. Même en pays multiculturel, une telle dérive islamo-gauchiste fait tache. Surtout si les liens supposés entre HOPE et des organisations islamistes proches des Frères musulmans, qu’évoquent la page Wikipedia de l’association, se révèlent exacts.

Signe des temps, le journal The Jewish chronicle a annoncé ne plus soutenir HOPE par un communiqué dont je ne retrancherai pas le moindre mot : « Pendant de nombreuses années, notre journal a soutenu Hope not hate, une organisation aux buts louables, et accueilli ses auteurs dans ses colonnes. Mais elle ne mérite plus désormais d’être prise au sérieux. Déjà, l’an dernier, HOPE a commencé à cibler l’UKIP [NDLR : le parti de Nigel Farage] comme si elle ne se distinguait pas de l’English Defence League ou du British National Party. Mais sa dernière production dénonçant de prétendus islamophobes n’est pas seulement de piètre qualité – elle est dangereuse. Inclure des gens critiquant tel ou tel aspect de l’islam, voire de l’islamisme, même quand il s’agit de musulmans pratiquants, s’avère diffamatoire, absurde et profondément contre-productif. Cela revient à dresser une liste de cibles pour les djihadistes. Le fait d’incriminer Melanie Phillips [NDLR : chroniqueuse et intellectuelle britannique qui publie notamment dans le Jerusalem Post.] en raison de son engagement pro-israélien nous dérange profondément. Hope not hate semble aujourd’hui engagé dans une politique de haine – par la diffamation. »

Faut-il en rire ou en pleurer ? Ni l’un ni l’autre, je vous rappelle qu’on a les mêmes larrons en France. Dans le prochain numéro de Causeur qui sortira la semaine prochaine, je raconte par le menu le déroulement d’une conférence dans une mosquée parisienne au cours de laquelle des clercs et intellectuels musulmans ont manifesté un grand sens de l’autocritique pour mettre un nom sur le mal qui ronge leur religion. À l’issue des débats, il s’est trouvé un militant antiraciste (non-musulman, faut-il le préciser ?) pour décréter que « le vrai sujet, c’est l’islamophobie » puis établir un parallèle osé entre le score du FN aux régionales… et le carnage du 13 novembre. Comme le répète mon compère Marco, en matière de gastronomie, d’Europe ou de mal-vivre-ensemble, on n’a décidément aucune leçon à donner à nos amis Brits…

*Photo: JMacPherson.



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