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Nom de Dieu ! Querelle de genre en Allemagne


Madame Kristina Schröder, ministre de la famille dans le gouvernement d’Angela Merkel est une bonne chrétienne, membre de l’Eglise luthérienne indépendante, une obédience protestante minoritaire, qui n’est pas trop regardante sur les écarts doctrinaux de ses ouailles. La période des fêtes de fin d’année donne souvent l’occasion aux cendrillons de la vie politique d’attirer l’attention des médias qui les snobent en temps ordinaires.

Cherchant ce qui pourrait lui valoir sa photo dans le tabloïd à grand tirage Bildzeitung, la ministre, après avoir un temps songé à rejoindre les Ukrainiennes de Femen, s’est finalement résolu à un coup d’éclat féministe et linguistique. Il serait plus conforme, selon elle, à l’évolution des mentalités et à la nécessaire émancipation des femmes de modifier le genre du mot allemand désignant le présumé Créateur. Comme on ne possède aucune expertise biologique déterminant avec certitude si le Maître des cieux possède des chromosomes XY ou XX, Mme Schröder, qui n’est pas une extrémiste, puisqu’elle est chrétienne-démocrate, propose que le mot Gott (Dieu en allemand) soit désormais affublé du genre neutre, qui existe dans la langue de Goethe. On dira désormais das liebe Gott et non plus der liebe Gott. Traduit en français cela ne se voit pas, car cela fait longtemps que nous nous sommes débarrassés du neutre latin pour adopter une logique binaire en matière de genre, ce qui explique pas mal de choses sur le fossé qui nous sépare des anglo-saxons.

Evidemment, Kristina Schröder a réussi son coup : son nom est passé avant celui de son homonyme, l’ancien chancelier Gerhard Schröder, dans le référencement google. Pour que cette percée médiatique se confirme, il faudrait que la ministre enfonce le clou. Il ne lui aura pas échappé que la plus usitée des prières chrétiennes, commençant par ces mots : « Notre père » etc., devient incompatible avec la révolution grammaticale proposée. Pour être raccord, il faudrait remplacer le mot « père » par « schtroumpf », qui ne mange pas de pain bénit, et laisse à chaque fidèle la liberté d’imaginer son Dieu dans toutes les figures possibles de l’incarnation sexuée.



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