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Avec des amis de la Terre comme eux, pas besoin d’ennemis

La théorie de la pastèque pour les nuls


Avec des amis de la Terre comme eux, pas besoin d’ennemis
L'eurodéputée d'extrême gauche Emma Fourreau photographiée à Châteauneuf-sur-Isère, 24 août 2025 © Alain ROBERT/SIPA

L’écologie politique d’extrême gauche est le pire ennemi de l’écologie. Décroissance et techno-pessimisme éloignent les citoyens raisonnables d’une cause pourtant universelle.


Il me semble qu’un double constat s’impose à nous. Le combat écologique n’a jamais été aussi nécessaire d’une part, il n’a jamais inspiré un tel sentiment de répulsion de l’autre. Écolos politiques et autres « protecteurs de la planète » d’extrême gauche s’en plaignent régulièrement, invoquant un puissant «backlash » (contrecoup) contre l’écologie. Leur diagnostic est excellent… sauf qu’ils sont responsables de la maladie. Les gens ne détestent pas l’écologie, ils détestent cette écologie idéologique et les tensions dans la société créée par celle-ci. À sa décharge, il n’existe pas d’alternative. Devant des avancées quasi inexistantes, notamment concernant la lutte contre le réchauffement climatique, il devient urgent que l’écologie soit représentée autrement.

Dauphins et migrants

Si un combat mérite d’être transversal, c’est bien celui-ci. Pourtant la gauche et l’extrême gauche jouissent d’un monopole recherché et obtenu sur l’écologie. Dans la lignée du slogan « L’écologie sans lutte des classes, c’est du jardinage », du syndicaliste brésilien Chico Mendes, les écolos politiques français n’ont jamais perdu une occasion d’exclure de leur combat toute personne qui aurait l’outrecuidance de porter des couleurs politiques différentes. Dernièrement, Marine Tondelier expliquait sur un plateau télé que pour elle « très clairement, l’écologie ne pouvait pas être de droite » en justifiant qu’être écolo impliquait forcément « de ne pas se foutre des migrants ». La très médiatisée militante écolo Camille Etienne tenait un discours remarquablement similaire au micro de France Inter en expliquant refuser « totalement et complètement une écologie plus conservatrice » au motif très modéré que celle-ci serait une « écologie raciste » qui œuvrerait « pour sauver les dauphins dans la Méditerranée mais y laisser mourir les migrants ».


Le seul militant écologiste médiatisé à ne pas briller par une telle intolérance et un tel sectarisme est à ma connaissance Hugo Clément, qui a accepté de polémiquer sur l’écologie avec Jordan Bardella car, selon lui, « il faut parler d’écologie tout le temps, partout et à tout le monde ». C’était en 2023. Son camp ne lui a toujours pas pardonné.

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Ce réflexe d’exclusion s’explique en vérité assez facilement par les objectifs politiques de ces militants : bien plus que de faire avancer l’écologie, leur but est de faire reculer le capitalisme. C’est à mes yeux l’essayiste français Ferghane Azihari[1] qui explique le mieux ce phénomène. Selon lui, l’écologie politique est avant tout une critique de la société industrielle et de la société moderne. M. Azihari ajoute que lorsque le marxisme dominait l’imaginaire collectif de la gauche, on accusait le capitalisme de paupériser les masses. Puis, les masses européennes ayant commencé à s’enrichir, on a alors commencé à dire que le capitalisme occidental puisait sa prospérité au détriment du tiers-monde. Et lorsque la mondialisation a commencé à enrichir toute l’humanité, là, c’est l’espèce humaine qu’on a accusé de détruire l’environnement. Selon Azihari, cet imaginaire de la nature qu’il faut absolument délivrer de l’emprise humaine, a aussi l’avantage pour ses militants de se recouper avec le rejet des sociétés modernes et bourgeoises.

Déconfiture

On notera au passage que si cet anticapitalisme acharné, déjà largement minoritaire au sein de la population, n’est en rien fédérateur, il n’en est que plus répulsif lorsque ses partisans se font prendre les doigts dans le pot de confiture du système. Ainsi, je ne crois pas que le LFIste Antoine Léaument rende un très grand service à la lutte pour la protection de la planète en accusant, Apple watch au poignet, le capitalisme d’être le responsable des dernières canicules en France… Idem concernant les indiscrétions révélant que des militants écolos tels que Camille Etienne ou le chroniqueur écolo-révolutionnaire de France Inter Cyril Dion demanderaient jusqu’à 7000 euros de l’heure pour une conférence sur l’écologie[2]. Enfin, on excusera ma naïveté, mais je m’étonne toujours autant qu’un média comme Blast, défendant une écologie d’ultra gauche en déclarant la guerre au capitalisme et au système puisse accepter de bénéficier de plus de 31 5000 euros de subventions publiques sur une année[3].

DR.

Même chose pour l’Académie du Climat, dépendant de la mairie de Paris, qui diffuse complaisamment  sur ses réseaux sociaux des vidéos de Guillaume Meurice appelant à remplacer le capitalisme. J’affirme d’ailleurs que si mon aimable lecteur n’a probablement jamais mis les pieds à l’Académie du Climat, c’est davantage parce qu’il a intégré qu’il y serait exposé à une telle idéologie que par un désintérêt a priori sur les questions climatiques ou environnementales. On notera au passage que la tartufferie écologique a atteint un niveau inégalé avec l’épisode des flottilles pour Gaza. Pour rappel, des militants d’extrême gauche, dont beaucoup étaient très impliqués dans le combat pour la protection de l’environnement (et dans le cas de Greta Thunberg, une véritable héroïne mondiale du climat) se sont livrés à un exercice médiatique en prétendant vouloir tenter de briser le blocus maritime. Tout en sachant pertinemment que l’issue d’une telle entreprise serait d’être interpellés par la marine israélienne, les militants à bord tels que l’eurodéputée Emma Fourreau (qui a créé une association de protection des océans) n’ont pas hésité à jeter ordinateurs portables et smartphones dans la mer pour que ceux-ci ne puissent être saisis. Fourreau a même revendiqué ce geste hautement écolo sur son compte Twitter[4]. Si des militants écologistes sont capables de montrer l’exemple d’une telle trahison et d’un tel désintérêt pour cette cause, comment attendre autre chose du grand public ?

Décroissance

Le repoussoir idéologique ne s’arrête pas là. Puisque le capitalisme est désigné par ces écologistes gauchisants  en coupable du réchauffement climatique, la solution qu’ils prônent  est bien logiquement la décroissance. Ainsi, une autre coqueluche de l’écologie française, l’astrophysicien, philosophe et militant radical Aurélien Barrau a osé proférer que si l’homme parvenait à découvrir une « source d’énergie propre et infinie », telle que la fusion nucléaire, ce serait « la pire des situations pour notre avenir commun ». Ce techno-pessimisme, largement répandu chez les écolos politiques et notamment par le biais de scientifiques militants (qui devraient inspirer le même degré de confiance que les journalistes militants), s’explique aisément : les avancées technologiques constituent sans doute la plus grande menace à leur agenda politique. C’est principalement la technologie qui pourrait venir contrarier leurs plans de changements sociétaux radicaux. Avec une certaine sournoiserie, le programme politique d’EELV est un soutien feint et sélectif à la technologie pour attirer un électorat modéré. Il affiche une ambition « verte et sociale », mentionnant l’innovation pour la transition écologique, mais ce soutien est strictement circonscrit aux énergies renouvelables et à des applications low-tech ou régulées. Aucune mention positive d’autres avancées high-tech (comme l’IA pour la modélisation climatique, les biotechnologies agricoles ou la capture de carbone). Qu’on ne s’y trompe pas : derrière un leurre progressiste, EELV a une ambition radicale, anticapitaliste et décroissante, à l’instar de ses médias amis tels que Blast ou Reporterre, qui défendent une écologie d’extrême gauche. 

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Ce rapport biaisé et idéologique envers la science se retrouve notamment dans les positions d’une partie des écologistes politiques vis-à-vis du GIEC. Ceux-ci réussissent le tour de force d’ériger ses rapports en nouvelle religion révélée en interdisant à leurs adversaires politiques d’en dévier d’un millimètre et de les considérer comme trop alarmistes tout en s’arrogeant le droit et privilège de les trouver trop optimistes. Une science forcément sacrée pour les gueux mais contestable pour nos écologistes aristocrates. Comment ne pas y voir un nouvel exemple d’instrumentalisation de l’écologie à des fins idéologiques et politiques ? Comment ne pas trouver les représentants actuels de l’écologie parfaitement repoussants ?

Jusqu’à quand ne leur opposerons-nous pas un contre-discours transpartisan, désintéressé, honnête, techno-optimiste et portant les mêmes valeurs que la majorité du peuple ?


[1] Les Ecologistes contre la modernité: Le procès de Prométhée (La Cité, 2021)

[2] https://www.lexpress.fr/societe/enquete-sur-les-fructueuses-conferences-des-influenceurs-climat-B4RFKNCH6VHMRDGDUY3B4IB7RU/

[3] https://x.com/ojim_france/status/1954987935192760529

[4] https://x.com/emma_frr/status/1949202768373424547



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