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Blocages: c’est toujours les mêmes!

La CGT marionnettiste


Blocages: c’est toujours les mêmes!
« Aujourd’hui, ça va être une très grosse journée de mobilisation » a déclaré le syndicaliste Philippe Martinez. © JEANNE ACCORSINI/SIPA

La grève est devenue un moyen de coercition de la part de quelques personnes qui s’arrogent un pouvoir exorbitant que nul ne leur a conféré pour prétendre modifier un projet de loi et pour ce faire, priver les citoyens de leurs droits les plus élémentaires.


Que fait-on des droits vitaux des citoyens ?

C’est bien simple : les mouvements de grève dans les services publics de transport et dans les industries énergétiques d’intérêt national sont une atteinte aux conditions de vie du citoyen. Atteinte qui peut aller de la simple gêne à la destruction pure et simple des conditions de vie ; destruction économique par faillite, sociale par le chômage induit, personnelle par les rendez-vous manqués, mais aussi et surtout médicale. Pouvoir se déplacer librement est un droit vital pour tout citoyen.

On va aller voir ceux qui veulent la réforme, qui la soutiennent, ceux-là on va s’occuper d’eux…

CGT Mines-Energie

Le recours de plus en plus fréquent, par les syndicats, à l’agression délibérée des citoyens par privation de ce droit élémentaire, constitue désormais, semble-t-il, le modus operandi privilégié dans l’espoir d’obtenir rapidement satisfaction.

Que le patron soit l’Etat ou une société privée, l’arme de l’action directe contre la population est toujours utilisée comme un appel au régalien pour qu’il intervienne dans ce qui est de sa compétence, ou pour qu’il torde le bras des patrons récalcitrants.

La grève n’est plus ce qu’elle était, même si déjà…

La grève était autrefois une affaire entre un patron et ses ouvriers ou ses employés. Il s’agissait d’un problème local ou sectoriel parfaitement circonscrit dans une sphère purement professionnelle. En tout cas dans le principe, car il faut reconnaître que les grèves politiques n’ont pas manqué, et que la gauche marxiste, qui téléguidait certains syndicats, essayait souvent et essaie toujours (lui et toutes les « forces de gauche ») de politiser l’action syndicale (par exemple le Parti communiste français, lui-même aux ordres de Moscou, a longtemps eu la CGT à ses ordres).

Quelques personnes élues par personne font la loi

Cela étant le problème nouveau vient de l’extraordinaire capacité de nuisance de quelques personnes, dans le secteur pétrolier par exemple, qui s’arrogent sans vergogne le droit d’imposer leur volonté à l’exécutif, comme au législatif, pour s’opposer au vote d’un projet de loi, comme cela s’annonce dans le cadre de la réforme des retraites.

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On nous rebat les oreilles de la dimension constitutionnelle du droit de grève pour faire obstacle à toute critique concernant tout arrêt de travail. Pour information le droit de grève n’est inscrit dans la Constitution que par le préambule de celle de 1946, assez laconique à ce sujet : « Le droit de grève s’exerce dans le cadre des lois qui le réglementent ». Pour compléter cette quasi lapalissade, on doit se référer à l’arrêt du 2 février 2006 de la chambre sociale de la Cour de cassation qui définit la grève comme « la cessation collective, concertée et totale du travail en vue de présenter à l’employeur des revendications professionnelles ».

Et pourtant ce pouvoir s’impose, avec la même force irrésistible qu’une prise d’otages. La CGT pétrole met le pistolet sur la tempe des Français en exigeant du gouvernement qu’il rende les armes, qu’il abdique ses prérogatives, et se couche devant quelques individus qui peuvent mettre à l’arrêt le pays.

La CGT pétrole fait déjà pression en annonçant qu’elle bloquera le pays si elle n’obtient pas satisfaction, c’est-à-dire le retrait du projet. Personnellement, en tant que citoyen, je dénie à quelques syndiqués mécontents le pouvoir de décider de la loi. Je ne connais pas ces messieurs qui prétendent avec une tranquille assurance interdire un projet de loi. Je ne les ai pas élus, ni directement ni indirectement. Et leur pouvoir n’est inscrit nulle part dans la Constitution.

Des élus menacés

Mieux encore, et pour bien montrer un pouvoir de nuisance quasi illimité, la CGT Mines-Energie menace de coupures ciblées d’électricité les politiques qui oseraient soutenir la réforme : « On va aller voir ceux qui veulent la réforme, qui la soutiennent, ceux-là on va s’occuper d’eux. On va aller les voir dans leurs permanences, on va aller discuter avec eux, et puis si d’aventure ils ne comprennent pas le monde du travail on les ciblera dans les coupures qu’on saura organiser ». On notera le langage qui semble tout droit sorti du film « Le Parrain ». Vous avez bien lu : « on va s’occuper d’eux ». Cela s’appelle une menace, qui porte en sous-texte une violence ahurissante, et qui aurait dû créer un séisme dans l’opinion comme dans le monde politique et syndical. On se croirait revenu au vieux temps de la Convention sous Robespierre où la menace physique « populaire », dans les tribunes comme à l’extérieur, pesait constamment sur les débats.

Quoi que l’on pense de cette réforme, il reste que la situation apparaît tout à fait surréaliste.

Dans les faits c’est tout l’édifice institutionnel qui se trouve balayé par ce genre de coup de force. Finie la séparation et l’équilibre des trois pouvoirs ; l’exécutif, le législatif, et le judiciaire ne sont plus que des pantins soumis aux manipulations du grand marionnettiste : la CGT.




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