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Persécutions de minorités : deux poids, deux mesures

La gauche accuse Israël d'apartheid mais ignore la persécution des bahaïs par Iran


Persécutions de minorités : deux poids, deux mesures
Manifestation contre Israël à Téhéran, le 9 août 2022 Sobhan Farajvan/Pacific Press/Sh/SIPA Shutterstock40988935_000023

La gauche bien-pensante accuse régulièrement Israël de persécuter les Palestiniens, voire de pratiquer un véritable apartheid à leur égard. Mais elle reste muette quant à la persécution en Iran (où les ayatollahs réclament la tête de Salman Rushdie) de la minorité religieuse des bahaïs.

Les membres de la communauté bahaïe d’Iran font l’objet d’arrestations injustifiées, de passages à tabac, de tortures, d’exécutions injustifiées, de confiscation et de destruction de biens, de refus d’emploi, de refus d’avantages gouvernementaux, de refus de droits et libertés civils et de refus d’accès à l’enseignement supérieur. Qui de la communauté internationale s’en soucie ? Certainement pas les représentants de la gauche qui ne voient que la persécution des Palestiniens en Israël.

Salon du Prêt-à-Penser 2022 : l’indémodable apartheid

Si l’on en croit les NUPES, le seul apartheid existant au monde est celui supposément pratiqué par Israël à l’encontre de ses citoyens arabes, dont un des partis politiques fait néanmoins partie du gouvernement. Un article de Dominique Vidal dans L’Humanité, daté du 1er août 2022, proclame dans son titre que « L’apartheid israélien est gravé dans le marbre ». Une des rares références au sort des bahaïs dans les médias français remonte à 2007 : il s’agit d’une tribune dans Le Figaro signée par un opposant au régime des mollahs.

Pourtant, le 2 août 2022, l’Iran a annoncé avec fierté l’arrestation de membres de la religion baha’ie sous l’inculpation officielle d’espionnage pour le petit Satan (Israël en VO, « entité sioniste » en VF@NUPES). Un seul média mainstream français en parle. C’est Ouest France, qui précise que : « En 2018, l’Assemblée générale des Nations unies a adopté une résolution appelant Téhéran à mettre fin au « harcèlement », à « l’intimidation » et « aux arrestations et détentions arbitraires » des minorités religieuses et à libérer les bahaïs emprisonnés pour leur appartenance religieuse. »

Mais que fait la police de la pensée ?

Le Monde a parlé à trois occasions des bahaïs : deux fois en 1982, pour annoncer que, en Iran, « Tous les dirigeants (en avaient) été assassinés » et pour expliquer leur foi comme « un mondialisme tranquille ». Un autre article de 2020 rappelle l’existence de cette religion, exonérant les ayatollah d’être les seuls persécuteurs des bahaïs : « La foi bahaïe reste formellement interdite en Iran où ses fidèles sont persécutés, de même que dans d’autres pays tel le Yémen ». Culpabilité partagée est à moitié pardonnée, et le mot apartheid n’apparaît nulle part, suggérant que cette accusation est déterminée par l’identité de l’accusé, et non par les faits eux-mêmes. C’est d’autant plus probant, que les bahaïs, interdits de foi dans l’Iran de leur origine, ont trouvé refuge en Israëldans un pays où toutes les religions ont pignon sur rue : le seul au monde qui soit accusé d’apartheid. C’est d’ailleurs ce qui « justifie » les persécutions : les « personnalités clés de la religion bahaïe » qui ont été arrêtées faisaient de l’espionnage pour le compte d’Israël. La preuve, expliquent les autorités de la République islamique d’Iran, c’est que « la cellule d’espionnage arrêtée s’est vu confier diverses tâches, notamment la diffusion à grande échelle de la religion bahá’íe et l’infiltration d’établissements d’enseignement en Iran ».

Pourquoi ce crime est-il moins grave que l’apartheid imaginaire imputé à Israël où tous les citoyens, de quelque couleur, origine et croyance qu’ils soient, sont égaux devant la loi ? C’est une bonne question, vous avez bien fait de la poser.



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essayiste, conférencière, traductrice, auteur de plus de 30 ouvrages, dont plusieurs sur les conflits du Moyen-Orient

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