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Bonne nouvelle: ce ne sera pas Mélenchon


Bonne nouvelle: ce ne sera pas Mélenchon
Jean-Luc Mélenchon à Paris, 10 avril 2022 © Michel Spingler/AP/SIPA

Ce premier tour de la présidentielle, loin d’être la réédition de 2017, comporte une foule de nouveautés. Contrairement à ce que l’on prétend, les Français, bien qu’ils votent un peu trop souvent avec leurs pieds, votent aussi avec leur cervelle, estime notre chroniqueur.


Tout d’abord, un grand merci à Yannick Jadot, Fabien Roussel et Anne Hidalgo. Ces gagne-petit de l’élection, en réalisant à eux trois plus de 8% des voix, ont empêché l’accession au second tour de Jean-Luc Mélenchon. Cela nous évitera quelques mauvaises imitations de Jean Jaurès, et l’arrivée au pouvoir d’une bande d’islamo-gauchistes et autres intersectionnels, féministes en peau de lapine (JPB, tu devrais avoir honte !), communautaristes en quête de charia, et super-pédagos dans les écoles.

Je voudrais aussi remercier les électeurs d’avoir considérablement éclairci les rangs des « grands partis », ou supposés tels. La fiction ancienne selon laquelle il existerait encore une droite et une gauche vient de s’effondrer — même si nous savions depuis lurette que c’est une fiction, et que PS et LR étaient les deux faces d’un libéralisme qui n’est même pas honteux d’accumuler des « produits financiers » en détricotant l’industrie française.

Valérie Pécresse réduite à faire la manche

Remarquons aussi que l’Europe, qui décide depuis des années à notre place, a placé son candidat en tête. Vous pensiez que c’était Macron, c’est Ursula von der Leyen — la bonne dame patronnesse qui va faire un tour à Kiev pour y montrer son brushing et expliquer aux Ukrainiens que leur blé, leur maïs et leurs terres rares l’intéressent.

Je sais bien qu’il y a ici nombre de partisans d’Eric Zemmour, qui s’illusionnaient sur la capacité de leur candidat à rassembler de façon magique sur son nom des millions de suffrages. Il a rassemblé un réservoir de voix qui devraient naturellement aller sur Marine Le Pen — à moins que les porteurs de ces voix soient aussi bornés que des écolo-communisto-socialo-mélenchoniens, ce qui n’est pas exclu.

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Plaignons tout de même Valérie Pécresse, réduite à faire la manche et à offrir sur une sébile son vieux parti aux appétits de Laurent Wauquiez, qu’elle n’a jamais pu supporter et qui va lancer une OPA sur LR, en prévision de la prochaine échéance, celle des législatives. Parce que pendant que de grands esprits, comme Estrosi et Muselier, iront réclamer leurs trente deniers — le prix de leur trahison — à Emmanuel Macron, les couteaux s’affûtent et une Chambre style Quatrième République se prépare. Parce qu’il en est des élections comme de la Coupe du Monde de foot vu par l’ancien attaquant anglais Gary Lineker (« Football is a simple game ; 22 men chase a ball for 90 minutes and at the end, the Germans always win ») : tous les partis y participent, et à la fin ce sont les grosses écuries qui se partagent le gâteau. Gageons que Marine Le Pen, qui va bien nous faire 46 ou 47% au second tour (elle a des réserves de voix, elle) ne parviendra pas à concrétiser cet énorme capital en sièges de députés — comme d’hab.

Vivement demain

N’ayez aucune illusion sur ce second tour. Le système ne tient pas à ce qu’une admiratrice des démocraties « illibérales » parvienne au pouvoir, un seul Viktor Orban lui suffit. D’ailleurs, ce même système a besoin d’immigrés pour travailler à bas prix, s’offrir des smartphones et consommer du foot — l’ouverture de la Coupe du monde, en novembre-décembre prochains, nous fera très vite oublier les dernières péripéties électorales. Avec un peu de chance on nous fera peur d’ici-là avec un variant du virus de la connerie, dont aucun masque ne peut nous protéger. 

En tout cas, les footeux nous protègeront des mouvements sociaux qui ne sauront manquer de se dérouler quand Macron aura gagné et portera l’âge de la retraite à 65 ans (en pratique, ce sera 70, si vous tenez vraiment à toucher une retraite complète, vu que l’âge d’entrée dans la vie active est aux alentours de 25 ans aujourd’hui), ou que Marine Le Pen l’aura emporté, et stimulera l’envie de manifs de tous les électeurs de Mélenchon, qui se croiront nombreux sur la simple base du fait qu’ils crient fort.

PS. Je voudrais saluer les dernières sanctions contre la Russie : la Société Générale cède pour trois roubles sa filiale russe Rosbank, achetée 4 milliards d’euros. Ou comment se tirer une balle dans le pied pour faire plaisir aux Américains et autres profiteurs de la guerre.




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Normalien et agrégé de lettres, Jean-Paul Brighelli a parcouru l'essentiel du paysage éducatif français, du collège à l'université. Il anime le blog "Bonnet d'âne" hébergé par Causeur.

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