Accueil Édition Abonné Avril 2020 La France coupable

La France coupable


La France coupable
Esclaves exploités dans une plantation de canne à sucre à Antigua. © Unsplash

En pleine épidémie, on vous reproche la traite négrière…


En ces heures de panique virale, l’actualité juridique réserve quelques bonnes nouvelles. Du moins aux adversaires de l’État français, accusé d’avoir perpétré d’innombrables crimes contre l’humanité. Fin février, la Cour européenne des droits de l’homme a en effet déclaré recevable la plainte contre la France du Mouvement international pour les réparations (MIR), une association martiniquaise d’« Afro-descendants ».

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Depuis sa création en 2005, le MIR a pour objectif de tirer les conséquences sonnantes et trébuchantes de la loi Taubira de 2001 qui qualifiait l’esclavage et la traite négrière de crime contre l’humanité, mais était conçue comme simplement mémorielle. Comme l’écrivait son président Garcin Malsa le 9 mai 2017 dans une lettre à Emmanuel Macron : « La Réparation n’est pas un texte de loi inapplicable, par le fait du prince. […] Nous affirmons notre dû. Nous exigeons notre dû. »

Un devoir de mémoire apparemment indifférent aux traites interafricaine et arabe, tout aussi blâmables, mais moins objets de ressentiment que la traite transatlantique.

Les « trans » ont la cote

Qu’importe, après quinze ans de batailles perdues dans les tribunaux français, la CEDH autorise donc le MIR à réengager des procédures contre la France ; il se peut même que l’État soit condamné pour pratiques « discriminatoires » de la part de son système judiciaire. L’association pourra en outre exiger une « expertise […] pour déterminer l’ampleur des conséquences du crime qu’a été l’esclavage sur les Afro-descendants ».

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Mais par quel prodige les « Afro-descendants » français peuvent-ils se considérer victimes d’un préjudice alors que l’esclavage a été aboli en 1848 ? Maître Spinosi, autre avocat du MIR, prétend que les « agissements fautifs » de l’État français sont « à l’origine d’un préjudice personnel et transgénérationnel subi par les descendants d’esclavisés ». Décidément, les trans ont la cote…

Une fois le principe de la réparation pécuniaire acté, reste à en définir les bénéficiaires. Interrogée par le magazine gratuit Stylist, la politologue Audrey Célestine, ancienne membre du Comité national pour la mémoire et l’his- toire de l’esclavage, s’interroge : « Est-ce qu’on s’arrête aux descendant.e.s direct.e.s. ou est-ce qu’on élargit ? Barack Obama, par exemple, n’est pas un descendant d’esclave, mais il a pu souffrir du racisme construit aux États-Unis par la matrice esclavagiste. » Autrement dit, est-ce l’hérédité ou la construction sociale qui fait la victime ? En tout cas, tout le monde connaît le coupable.

Avril 2020 - Causeur #78

Article extrait du Magazine Causeur




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