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Un peu de Cioran à la sauce coronavirus

Le billet du vaurien


Un peu de Cioran à la sauce coronavirus
Coronavirus: finies les embrassades, on se salue avec les bras ou les pieds. Agnès Buzun en campagne à Paris le 13 mars 2020 © Tristan Reynaud/SIPA Numéro de reportage: 00949692_00000

Le billet du vaurien


Les religions me répugnent par leur acharnement à justifier à tout prix l’illégitime : l’aspiration à la vie. Le coronavirus n’a au moins pas cette prétention.

Il me semble évident que le vœu secret de tout homme soit la disparition de tous. Le destin latent de tout individu est de haïr ses semblables. Le coronavirus nous dispense de ces bisous ridicules à chaque rencontre.

Pour celui qui ne sait plus se réjouir naïvement d’une banalité, la vie perd toute saveur. Le coronavirus nous sauve de l’illusion que seraient censés provoquer les voyages, cette fuite hors de soi.

Rien n’effraye plus l’homme que le temps pur. Le coronavirus lui donne l’occasion de l’expérimenter.

Le coronavirus est la négation même du Progrès et de ses chimères, notamment de la globalisation et de cette arnaque qu’on nous vend comme le vivre-ensemble.

Une chose est sûre : la vie n’a aucun sens. Mais une autre l’est plus encore : nous vivons comme si elle en avait un. Le coronavirus nous permet de revenir à l’essentiel.

Le coronavirus nous astreint à nous tenir dans le temps, plus oisif que Dieu avant la Création en imaginant et parfois en atteignant la limite absolue de l’inutilité.

Dans les villes, nous rencontrons la mort dans les yeux des passants. Ils semblent ignorer que la vie et la mort sont dans le fond aussi insupportables l’une que l’autre et qu’il n’y a aucune raison de privilégier la première et de désavouer la seconde. Le coronavirus nous enseigne à accepter notre fin par surprise. Il est triste que l’homme n’ait qu’un seul espoir : retrouver l’espoir. Son châtiment sera d’autant plus atroce.

Sur ces bonnes paroles, n’oubliez pas de vous laver les mains !

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