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Poisons d’avril


On aurait pu croire à un poisson d’avril, et auquel cas il eût été excellent. Malheureusement, le temps passe et le démenti ne tombe pas. Il faut croire que Mickael Korvin ne plaisante pas et que sa proposition de simplifier le français se veut on ne peut plus sérieuse. L’auteur du Journal d’une cause perdue milite, entre autres, pour la suppression des accents et de la ponctuation de la langue française. Il a même postulé par courrier à l’Académie française au fauteuil de … Jean Dutourd !

Pour réussir son coup médiatique, Mickael s’est adjoint les services du rappeur Morsay, amoureux éconduit de la langue française. Dans une courte vidéo, les deux compères s’attaquent violemment à l’académicien Erik Orsenna, l’accusant de « tuer le français en l’enfermant dans des barrières ». Le style y est d’ailleurs aisé et coulant : « tu vas cliquer petite pute petite salope, on en a rien à foutre de ton livre tout pourri, grosse chienne, on va te violer ». Une certaine frange de la population bourgeoise bohême y verra certainement une admirable provocation dadaïste et, à défaut de pouvoir s’exprimer, Franck Ribery l’ applaudira des deux mains.

Autre gros poisson, la déclaration d’intention du père de Mohammed Merah de porter plainte contre le Raid, qu’il accuse tout bonnement d’avoir liquidé son fils. Pauvre Mohamed… Il est vrai qu’après l’assassinat de sept personnes, dont des enfants, et son retranchement dans son appartement de Toulouse avec un arsenal de guerre, il était inapproprié de penser à riposter alors que tout laissait à penser qu’il était innocent et disposé à collaborer pacifiquement.

Pas d’amalgame a hurlé Jamel Debbouze dont le métier est de sortir un poisson d’avril par jour. Ulcéré, le comédien explique : « Je les connais les Mohamed Merah, il y en a plein des Mohamed Merah […] C’est con d’instrumentaliser un truc qui peut avoir des conséquences aussi dramatiques. Ils [les gens] ne s’en rendent pas compte car ils ne connaissent pas la banlieue, ils ne savent pas dans quel marasme sont ces gens-là qui vivent des frustrations permanentes. N’importe quel frustré est un malade potentiel. » Sans commentaire.

Dernier poisson d’avril pour la route, Stéphane Hessel promet un nouveau manifeste. Le pourfendeur de la guerre et le troubadour amoureux de la paix souhaite publier ses échanges avec le Dalaï-lama. A n’en point douter, ce livre offrira une nouvelle fois une réflexion décalée et aux antipodes des convenances intellectuelles de notre temps.

Joyeux mois d’avril !



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