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Gros mot compte triple


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Image d'illustration Hans Braxmeier / Pixabay

L’Association nord-américaine des joueurs de Scrabble envisage de bannir 225 mots sexistes ou racistes


« L’Association nord-américaine des joueurs de Scrabble envisage de bannir 225 mots sexistes ou racistes », nous apprend Le Monde. À commencer par le « n word », périphrase qui désigne le mot « nigger » (nègre), désormais imprononçable dans la bonne société américaine. Le président de l’association John Chew a tiré les leçons du 1984 d’Orwell : c’est en réduisant le langage que l’on inhibe les mauvaises pensées.

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Avec les meilleures intentions du monde, ce joueur a justifié la censure dans les colonnes du New York Times :

« Quand des gens meurent dans les rues dans un contexte de tensions raciales et que ce mot [N word] a encore tant de pouvoir, il faut se dire que nous jouons à un simple jeu et que nous devons faire ce que nous pouvons pour aider, à notre façon. » Des mots aux coups puis aux morts, il n’y aurait qu’un pas. Le Monde précise que « salope », « ritale » ou « enculé » sont jusqu’à aujourd’hui admis dans le dictionnaire qui fait autorité sur le jeu. De quoi encourager féminicides, pogroms anti-italiens et homophobes ? Un génie africain du Scrabble n’est pas de cet avis. Cité par Le Monde, le Nigérian Wellington Jighere, champion du monde 2015 de la discipline, sépare les mots des choses : « C’est juste un mot. Le simple fait de le jouer sur un plateau de Scrabble ne veut pas dire que le joueur entend être offensant. » Ouf, on respire !

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Au début des années 90, dans son sketch hilarant sur le Scrabble, Pierre Palmade avait notamment imaginé une mère de famille qui inventait des mots, dont son mari dit qu’elle « parle beaucoup mieux sénégalais que français » et un ado prépubère atteint du syndrome de la Tourette qui multiplie les insanités en mot compte triple. Quitte à oublier le r de sucre. Ce mauvais esprit n’a pas pris une ride. Mais sera-t-il bientôt rendu obsolète par l’épuration langagière en cours ? Brassens nous avait prévenus : « Ils ont vécu de profundis, les joyeux jurons de jadis… »



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