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Rock’n’roll béatitudes


Rock’n’roll béatitudes

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Edwy avait raison !
Samedi 23 mars. Un lecteur attentif me le fait observer : au vu des récents développements de l’actualité, n’ai-je pas parlé un peu vite, le mois dernier, de « roman » à propos d’Edwy Plenel et de sa Mediapart de vérité ? Les aveux de Cahuzac n’ont-t-ils pas validé les résultats de son enquête ?
Sauf que je ne parlais pas de celle-là. Faute d’avoir été un proche de l’ex-ministre du Budget, ni même un collègue ou un supérieur, je n’ai jamais eu de lumières particulières sur le dossier. Mon sujet à moi, c’était l’ « article » consacré par ce site à Frigide et ma pomme : un tombereau de ragots diffamatoires recopiés de traviole sur un blog anonyme.
Je persiste et je signe, avec quand même une petite pointe de jalousie en prime : il semble bien que le commissaire Plenel ait mis tous ses hommes sur l’affaire Cahuzac, abandonnant la nôtre à un vulgaire moine-copiste.
« Les jeunes d’aujourd’hui sont les vieux de demain ! »
Dimanche 24 mars. Ce slogan fondateur de Jalons, nous l’avions scandé pour la première fois, dans les années 1980 et l’incompréhension générale, au milieu d’un cortège d’étudiants protestant contre je ne sais quelle loi forcément « scélérate ».
Trente ans plus tard, mais pas plus tard que cet après-midi, nous l’avons repris en chœur lors de la mini-manif spontanément organisée, en marge du bousin géant de Barjot, par Jalons Junior sur le thème : « Des parents, si je veux, quand je veux ! »
Mais revenons à notre aphorisme vintage. Une fois de plus, Jalons avait raison ! Jamais cette tautologie n’aura été aussi utile à rappeler qu’aujourd’hui : la jeunesse, comme la santé selon le bon Dr Knock, est un état précaire qui ne présage rien de bon.[access capability= »lire_inedits »]
Que les vrais jeunes, ceux qui n’ont jamais été autre chose, s’imaginent le contraire, passe encore : après tout, pourquoi leur état actuel ne serait-il pas éternel ?
Le problème c’est que trop souvent, cette charmante inconscience se change, les années aidant, en vaine obstination. Vous me direz : refuser de vieillir, après tout, pourquoi pas ? Et vous aurez mille fois raison – sauf que ça n’a pas le sens commun. À en croire mon ami le Pr Aldo Prisu – le « Monsieur Science » de Jalons − la destruction de nos cellules commencerait dès la naissance… Alors après, je ne vous raconte pas !
Mais il n’est pas interdit non plus de rêver : qui sait si, un de ces jours, nous ne pourrons pas régénérer nos cellules comme on recharge un iPad ?
Au-delà même de l’âge, avec les progrès de la recherche, une ambitieuse perspective s’offre désormais à l’humanité : s’émanciper de sa nature au nom de la culture. Encore faut-il bien sûr que celle-ci soit entre de bonnes mains, pour éviter les pénibles dérives du passé − genre Lebensborn ou tentatives d’hybridation homme-singe.
Au reste, il suffira d’un peu de volontarisme ! Que les avancées du génie génétique soient mises résolument au service de l’idéologie du Progrès ; et que celle-ci, quand même, se montre un peu moins timorée en matière d’homme que de maïs.
Un peu froide en entrant…
Lundi de Pâques, 1er avril. Quoi de mieux, en cette journée religieuse et festive, qu’une bonne blague antichrétienne mais pas trop, comme je les aime ?
Donc ce jour-là, comme à son habitude, Jésus marche sur les eaux du lac de Tibériade. L’apercevant, ses apôtres le rejoignent à la nage en criant : « Viens, t’es con, elle est bonne ! »
« I don’t want to grow up ! »
Samedi 6 avril. « When I see the price that you pay, I don’t want to grow up…» Vous, je ne sais pas, mais moi, chaque fois que j’entends ce refrain des Ramones − lui-même  repris de Tom Waits − ça me fait penser à James Matthew Barrie.
Mais si, voyons : l’auteur à succès, en 1904, d’une « autofiction », comme on ne disait pas encore, intitulée Peter Pan ou le garçon qui ne voulait pas grandir.
Autant le refus de vieillir, évoqué plus haut, est ontologiquement crétin, puisqu’il consiste à s’accrocher à ce qui se passe, autant le refus de grandir peut être une élégante manière de sauver l’essentiel.
S’il est un âge difficile dans la vie, nous dit René Girard, c’est bien l’âge adulte, confronté tout ensemble à ce qu’il appelle la « comédie sociale » et la « tragédie sexuelle » − auxquelles échappent ordinairement l’enfance et la vieillesse. Refuser de grandir, c’est éviter ces deux pièges en forme de « divertissements ». C’est enjamber l’abîme, en tâchant d’être sage avant l’âge et de conserver au-delà du raisonnable son âme d’enfant.
Avant même Girard, ce refus de grandir n’avait-il pas été prôné par les plus grands ? Prenez Jésus, au hasard : « Vous n’entrerez pas dans le Royaume des Cieux si vous ne redevenez pas des enfants », disait-il selon Matthieu (mais faut-il croire tout ce que raconte Matthieu ? C’est un autre débat, à régler entre exégètes protestants).
Quant à l’ami Barrie, sans être lui-même tout à fait catholique (ce qui se conçoit, vu son île et son époque), il va suivre à sa façon brindezingue la recommandation du Christ. Au tournant de la cinquantaine, après une tentative ratée de vie adulte, le voilà qui retombe en enfance… Mais pas n’importe laquelle : celle de son alter ego Peter Pan, celle aussi qui lui fait écrire : « Chaque fois qu’un enfant dit : « Je ne crois pas aux fées », il y a quelque part une petite fée qui meurt. »
Certes, son « Royaume des Cieux » à lui ressemble plutôt au Royaume des Elfes – mais il n’y a rien de plus proche, demandez à Chesterton ! Alors, j’entends d’ici Élisabeth : « Décidément ce Chesterton, Basile nous le sert à toutes les sauces ! Il n’a rien d’autre en magasin ? » Mille pardons, boss, mais est-ce ma faute, à moi, si Gilbert Keith et James Matthew étaient potes dans la vie ?
Chesterton, donc, est le mieux placé pour nous l’expliquer : seuls le féérique et le surnaturel donnent les clés du réel ! « Les contes de fées n’apprennent pas aux enfants que les dragons existent. Les enfants le savent déjà. Les contes de fées apprennent aux enfants que les dragons peuvent être tués. »
Faudrait pas que ça grandisse… 
Vendredi 12 avril. À propos d’enfants, les nôtres sont déjà un peu blets (15 et 12 ans) mais, miracle du post-it, j’ai retrouvé trace du temps où ils vivaient dans le Neverland de J.-M. Barrie.
Les souffrances du jeune Bastien (2000)
–          Aïe, aïe, aïe !
–          Où est-ce que tu as mal ?
–          Là ! (Il montre l’autre bout de la pièce).

La piété grand-filiale selon Constance (2003)
–          On va appeler grand-mère Annick, d’accord ?
–          Oui, et aussi grand-père Guy !
–          Ah mais, il est mort ma chérie…
–          Ben c’est pas grave, on laisse un message sur son répondeur : « Grand-père Guy, je voudrais que tu ne sois pas mort. »
L’implacable logique de Bastien (2004)
–          Papa, on peut regarder Battle Royale ?
–          C’est interdit aux moins de 12 ans…
–          Oui, mais pas aux moins de 6 ans !
La troublante métaphysique de Constance (2006)
–          Est-ce qu’à l’intérieur de la tête, il y a aussi des yeux ?
À ces âges, on vit dans un monde sans limite – avant qu’il ne rapetisse sous l’influence des grands. C’est tout l’art de l’éducation que de freiner, autant que possible, cette morbide involution.
COMPTAGE
Mardi 16 avril. Tombé, en triant mes journaux au lieu de travailler, sur cette déclaration de Manuel Valls : « Il y a une centaine de Mohamed Merah en France… » OK, mais maintenant qu’on connaît les chiffres de la police, est-ce qu’on pourrait avoir ceux des organisateurs ?
Le speed, c’est cool !
Samedi 20 avril. Excellent « rockumentaire » consacré par Arte à Lemmy Kilmister, le chanteur destroy de Motörhead. À retenir notamment, entre mille images et anecdotes, ce souvenir d’adolescence raconté par Paul Kilmister, fils du père de la fusion punk-métal : un pur moment d’éducation rock’n roll ! « Le jour de mes seize ans, mon père m’a convoqué et il m’a dit solennellement : « Fils, jure-moi de ne jamais toucher à l’héro ou à la coke ! J’ai trop d’amis qui en sont morts… Et puis les amphèts, c’est vachement meilleur ! » »
Barjot et les crapauds 
Mardi 23 avril. À la sortie de l’Assemblée nationale, où elle assistait au vote final de la loi dite « Mariage pour tous », Frigide est violement bousculée et prise à parti par des militants LGBT : « Salope ! », « Facho ! », « Homophobe ! » Ils ont gagné et ils ont toujours la haine, ces partisans de l’amour.
Je ne sais vraiment pas comment Barjot fait pour supporter depuis si longtemps les torrents de boue déversés sur elle de tous les azimuts, y compris des plus proches.
« Pour faire de la politique, disait Clemenceau, il faut avoir le goût d’avaler un bol de crapauds vivants tous les matins ». Mais Frigide n’est qu’une néophyte, si tant est qu’elle veuille vraiment s’engager plus bas que la « poléthique » dont elle se réclame poétiquement.
Alors bien sûr, elle a eu tort de déclarer : « Hollande veut du sang, il en aura ! » C’était le 12 avril, sous le coup de l’émotion, en apprenant que la navette Taubira s’était brusquement changée en TGV. Ça n’en reste pas moins une grosse connerie, surtout de la part de quelqu’un qui passe son temps à dénoncer les provocateurs…
Cela dit, moi, à sa place, j’aurais sans doute pété les plombs bien avant et dit des horreurs bien pires – et vous aussi.[/access]

*Photo: Wikipedia commons.

Mai 2013 #2

Article extrait du Magazine Causeur



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