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Paul de Saint Sernin, un nouveau spécimen d’humoriste

Ce rebellocrate fait presque autant rire Léa Salamé que Christophe Dechavanne!


Paul de Saint Sernin, un nouveau spécimen d’humoriste
Paul de Saint Sernin, Léa Salame et Laurent Luyat, conférence de presse de France télévisions pour les JO, Paris, 11 juin 2024 © JP PARIENTE/SIPA

Didier Desrimais se penche sur cet intéressant cas


Paul de Saint Sernin est un humoriste officiant sur France 2. Comme beaucoup de ses compères du service public, il n’est pas drôle. Son but n’est d’ailleurs pas de faire rire mais de ricaner et de faire ricaner – dans ce cas, rien de mieux que l’entre-soi d’une émission de la télévision publique animée par une dame patronnesse de la bonne gauche culturelle ayant pour invités des sportifs qui ont fait barrage contre qui vous savez. 

À l’antenne chaque soir pendant les JO et la canicule, il fait le plus souvent le choix de la facilité

Dans l’émission “Quels Jeux !” du 27 juillet animée par Léa Salamé, Paul de Saint Sernin s’est attaqué à Marion Maréchal devant une Marie-José Perec resplendissante de bêtise et des rugbymen de l’équipe de France de rugby à VII conformes à l’idée qu’on peut se faire de certains sportifs dès qu’ils sortent de leur domaine de compétence et se prennent pour des redresseurs de conscience politique. Photo à l’appui, l’humoriste a donc imaginé Marion Maréchal devant son écran, le soir de la retransmission de la cérémonie d’ouverture des JO : au fur et à mesure que défilent les vidéos montrant « deux Arabes » (Jamel Debbouze et Zinedine Zidane), des drag-queens se balançant sur des perches ou les « deux Noirs » (Marie-José Pérec et Teddy Riner) allumant la vasque olympique, le visage de Marion Maréchal est déformé, la jolie coquetterie dans l’œil devient un affreux strabisme, du sang coule de son nez. « J’ai des images exclusives de Marion Maréchal après la cérémonie », avertit alors le boute-en-train : un cercueil bringuebalé sur les épaules de danseurs noirs remplit l’écran. Antoine Dupont ricane. Léa Salamé est aux anges. Le public applaudit mécaniquement. Le comique se bave dessus de contentement. Fin du gag pourri. 

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Gag pourri reposant d’ailleurs sur un présupposé erroné : Marion Maréchal serait raciste et n’aurait pas apprécié cette cérémonie parce qu’il y avait des « Arabes » et des « Noirs ».  Or, contrairement au bouffon télévisuel visiblement influencé par l’idéologie racialiste et décolonialiste, à aucun moment l’eurodéputée n’a fait allusion à l’origine ou à la couleur de peau des artistes ou sportifs français ayant participé à cette calamité qu’elle juge surtout être « une propagande woke grossière ». Elle précise sur X : « Difficile d’apprécier les rares tableaux réussis entre Marie-Antoinette décapitée, le trouple qui s’embrasse, des drag-queens, l’humiliation de la Garde républicaine obligée de danser sur du Aya Nakamura, la laideur générale des costumes et des chorégraphies. » De nombreuses personnalités ont partagé cet avis ; se moquer d’elles aurait demandé un réel talent comique et un peu de travail – Saint Sernin a préféré la facilité en ciblant Marion Maréchal, laquelle bénéficie d’un traitement de faveur, appelons ça comme ça, sur l’audiovisuel public. Ceci étant dit, imaginons un instant ce qui se serait passé si, sur n’importe quel autre sujet, le même genre de saynète – mais avec, par exemple, les portraits violemment déformés de Marine Tondelier, Sandrine Rousseau ou Danièle Obono, et un texte aussi fielleux et haineux sur ces dames que celui du trublion de France 2 sur Marion Maréchal – avait été diffusé sur CNews ou C8. Pas besoin de faire un dessin ! Les féministes gauchisantes les plus en vue auraient demandé à la Justice, à l’Arcom, au Conseil d’État de s’en mêler et auraient vraisemblablement obtenu gain de cause. Notons au passage que ces mêmes féministes n’ont pas cru bon de relever la présence inopportune et envahissante de JoeyStarr lors de l’entretien en duplex de la judokate Clarisse Agbegnenou par Léa Salamé – le rappeur a pourtant une solide réputation en matière d’agressions sur les femmes, en plus de quelques autres faits violents sur des inconnus ou des animaux. Mais la gauche « anti-bourgeoise » et rebellocrate a toujours été fascinée par les voyous.  

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Paul de Saint Sernin n’est pas un voyou. Ni un humoriste. Mais il s’imagine être drôle et subversif parce qu’il dézingue Marion Maréchal devant un parterre de castors. Pourtant, j’aime trop la liberté d’expression pour me joindre à ceux qui, trouvant « nullissime » ou « consternant » ce triste sire, réclament son renvoi. Je regrette bien sûr que ce fantoche soit rémunéré avec une partie de mes impôts. Je me console en me disant que c’est le prix à payer pour voir jusqu’où sont capables d’aller patauger certains amuseurs publics. Charline Vanhoenacker nous en avait déjà donné une petite idée ; elle va d’ailleurs continuer à barboter sur la radio publique – la direction de France Inter, pas rancunière, a en effet renouvelé son contrat pour la rentrée. Paul de Saint Sernin semble très prometteur. Je devine un plongeur de compétition, capable d’aller remuer la crasse dans des profondeurs de caniveau encore inconnues et d’en extirper quelques idées charognardes pouvant servir de prétextes à des sketchs fastidieux, médiocres et insipides. En plus de France 2, cet athlète du rire faisandé a déjà fait quelques piges sur France Inter. Bref, il fait partie de la grande famille des comiques subventionnés. Dès que j’aurai un peu de temps, je me consacrerai d’ailleurs à l’étude de cette caste – un travail ethnologique s’impose : j’étudierai par conséquent ses mœurs médiatiques, ses coutumes tribales, ses croyances, son influence sur les milieux culturels et politiques, et même son rôle dans l’amélioration du jeu théâtral de Léa Salamé, en particulier lorsqu’elle fait semblant d’être offusquée par certains propos scabreux ou carrément dégueulasses. 

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Je prévois d’ores et déjà d’extraire de ce fastidieux travail des généralités concernant son incapacité à faire rire de bon cœur, sa tendance à militer grossièrement à gauche et à prendre systématiquement les gens de droite pour des abrutis ou des fachos, sa connivence avec la presse bien-pensante, sa prétention à donner des leçons à la terre entière, son allégeance aux idéologies à la mode, son conformisme rebellocratique, etc. Relisant ces lignes, je m’aperçois que le travail est déjà à moitié fait. Que dire de plus ? Sinon que derrière cet humour préfabriqué, c’est bien un esprit de sérieux – le pire, celui qui relève du dogme établi – qui anime cette caste à genoux devant le pouvoir, quel qu’il soit. Saint Sernin sait ce qu’il fait lorsqu’il éreinte Marion Maréchal de la manière la plus avilissante qui soit – la mine réjouie de Léa Salamé, le sourire imbécile de Marie-José Perec, les ricanements des invités sur le plateau lui ont montré qu’il était sur la bonne voie si son ambition est de perdurer dans les médias publics, au service de la rebellocratie institutionnelle. 

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Amateur de livres et de musique. Dernier ouvrage paru : Les Gobeurs ne se reposent jamais (éditions Ovadia, avril 2022).

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